Alors que 133 cardinaux de moins de 80 ans doivent entrer en conclave ce mercredi 7 mai dans l'après-midi, plusieurs noms de favoris apparaissent dans la presse. Cependant, si les cardinaux enfermés à clefs dans la Chapelle Sixtine avaient du mal à se décider, ils ne seraient pas contraints de choisir le nouveau pape parmi eux. Même si cela reste peu probable, ils pourraient opter pour un cardinal absent, un évêque, voire un simple prêtre.
Le texte liturgique qui règle le déroulement de l’élection du successeur de Pierre, l’Ordo rituum conclavis, prévoit en effet ces circonstances exceptionnelles. L’article 62 du texte souligne qu’un "cardinal ou un évêque" peut être élu sans être "présent au conclave". Dans ce cas, le substitut de la Secrétairerie d’État, Mgr Edgar Peña Parra, devra se charger de prévenir personnellement l’élu avec "prudence et circonspection" afin qu’il "rejoigne au plus tôt Rome" et en évitant les journalistes pour ne pas "violer le secret du conclave". Une fois arrivé, l’élu devra accepter ou refuser de devenir évêque de Rome. Le conclave pourrait ainsi élire un cardinal qui, pour une raison ou pour une autre, n’est pas présent lors du vote. La presse émet ces jours-ci l’hypothèse, toutefois peu probable, que le choix des électeurs tombe sur un cardinal de plus de 80 ans.
Un évêque ou un prêtre
Mais en dehors des cardinaux, on se plaît parfois à évoquer d’autres noms. En avril 2005 certains évoquaient la figure de Mgr Angelo Comastri, un proche de Jean Paul II qui n’était pas encore cardinal. En 2013, c’était celui de Mgr Francesco Moraglia, 59 ans, nommé patriarche de Venise un an avant… et qui n’est jamais devenu cardinal. Une autre hypothèse, très improbable mais pas impossible, est laissée aux cardinaux : l’élection d’un homme qui ne soit pas encore évêque. Dans ce cas, peut-on lire dans l’article 64 de l’Ordo, le nouvel élu, s’il accepte d’être pape, devrait être immédiatement consacré évêque dans l’enceinte du conclave par le doyen du Sacré collège. En l’absence du doyen et du vice-doyen, tous deux âgés de plus de 80 ans, cette tâche reviendrait au cardinal Pietro Parolin, qui présidera le conclave. Cette hypothèse est également évoquée dans la Constitution apostolique Universi dominici gregis, à l’article 88. Le dominicain anglais Timothy Radcliffe, aujourd’hui cardinal, avait été cité comme papabile en 2013 alors qu’il n’était pas évêque.
Dans les faits, la coutume a depuis longtemps conduit les cardinaux à désigner comme pape l’un de leurs pairs. Pourtant, l’histoire ne manque pas d’exemples de moines ou d’ermites élus souverain pontife. L’un des plus connus, Célestin V (1294), est aussi connu pour avoir renoncé à sa charge après six mois de règne ! Plus proche de nous, en 1958, les cardinaux réunis pour élire un successeur à Pie XII auraient été tentés par Mgr Montini, le futur Paul VI. Mais l’archevêque de Milan n’était pas encore cardinal et le conclave n’avait pas alors osé élire un pape en dehors du sacré collège.