À trois jours de l’entrée en conclave, le cardinal français ‘papabile’, Jean-Marc Aveline a célébré la messe de ce dimanche 4 mai 2025 dans sa paroisse romaine Santa Maria ai Monti.
PAPE LÉON XIV
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Scruté par une nuée de journalistes, à trois jours de l’entrée en conclave, le cardinal français ‘papabile’, Jean-Marc Aveline a célébré la messe de ce dimanche 4 mai 2025 dans sa paroisse romaine Santa Maria ai Monti. À quelques pas de la basilique Sainte-Marie-Majeure – où est enterré le pape François –, l’archevêque de Marseille a donné une image de pasteur très disponible, se prêtant volontiers à la rencontre avec les paroissiens romains, et s’entretenant avec les enfants du catéchisme.
"Buongiorno". À peine arrivé sur le parvis, entouré de quelques prêtres français, le cardinal Jean-Marc Aveline est assailli d’une forêt de micros et de caméras pointées sur lui. Comme à son habitude, son sourire est courtois mais il décline poliment tout entretien avec la presse. Plus d’une vingtaine de journalistes, dont des médias français mais aussi des télévisions italiennes, sont là. Et pour cause : le cardinal de 66 ans est un ‘papabile’, pressenti par certains comme ayant des chances d’être élu lors du conclave qui va s’ouvrir le 7 mai.
"Je reviens ici avec joie", confie en italien le cardinal à l’assemblée en ouvrant la célébration. Dans cette paroisse dont il est le titulaire – un titre honorifique qui sert à rattacher les cardinaux du monde à des églises romaines –, le cardinal vient d’ordinaire assez peu, préférant célébrer à Saint-Louis-des-Français. Cette fois-ci, depuis son arrivée à Rome pour le conclave, il y a fait halte à deux reprises, puisqu’il est déjà venu dimanche dernier pour la messe.
D’ailleurs, le curé garde de sa dernière visite un souvenir en demi-teinte, car le cardinal Aveline s’y est fait voler son sac. Mais l’histoire se termine sur un air triomphant : "Nous l’avons retrouvé intact trois jours plus tard !", affirme le père Francesco Pesce, déclenchant les rires de l’assemblée en clamant au "miracle".
"Il parle assez bien italien finalement"
Au pupitre, coiffé de sa calotte rouge, le cardinal égrène les noms des enfants qu’il a rencontrés ici une semaine plus tôt dans le cadre de leur confirmation. Les fidèles s’émeuvent de son attitude paternelle et les journalistes italiens se consultent d’un air entendu. "Il parle assez bien italien finalement", murmure l’un d’eux. Car pour beaucoup, cette messe était un test pour la question qui est sur toutes les lèvres : le niveau d’italien du cardinal français est-il un obstacle à son élection ?
Autour de l’autel, une dizaine d’enfants de chœur et une demi-douzaine de prêtres entourent le prélat, tandis que l'église baroque s’est remplie de 250 personnes. Au premier rang, est discrètement présente l’ambassadrice de France près le Saint-Siège, Florence Mangin. Comme un clin d’œil, l’église abrite une relique du saint français Benoit-Joseph Labre, dans une chapelle latérale gauche.
Messe du cardinal Aveline, 4 mai 2025
AK / I.MEDIA
Par un hasard liturgique, l’Évangile du jour, où Jésus demande par trois fois à l’apôtre Pierre “M’aimes-tu ?”, résonne de façon particulière dans un contexte de conclave. "Pour suivre le Christ il suffit d’aimer", martèle le cardinal Aveline dans son homélie de sept minutes lue en italien. "M’aimes-tu ? C’est la seule question importante", répète-t-il à l’assemblée.
Fidèle à son style pastoral pédagogique, ses mots sont simples, abordables. Il cite le missionnaire Charles de Foucauld – un saint pour lequel il confie nourrir un attachement spécial –, invitant à "ne pas avoir peur de la vérité", et "ne pas avoir peur de ceux qui sont différents de nous". "Tout homme, toute femme est un frère, une sœur, pour lequel le Christ est mort", affirme avec conviction celui qui s’est engagé dans le dialogue interreligieux à Marseille en Méditerranée.
Au terme de la célébration, surfant sur l’atmosphère de pré-conclave manifeste, le curé, don Francesco Pesce, reprend le micro pour assurer qu’il choisirait le cardinal Aveline comme secrétaire d’État s’il venait lui-même à être élu.
45 minutes avec les enfants du catéchisme
À l'issue de la messe, la visite est loin d’être terminée. Le cardinal se montre disponible, serre la main des uns et des autres devant les battants des portes où s’écoule la petite foule des participants. Puis il suit le curé pour bénir une petite exposition sur le thème de la sainteté, dans une salle adjacente, avant de se dévêtir de son aube dans la sacristie, sous les objectifs photographiques qui suivent chacun de ses pas. Il s’engouffre enfin dans une cour ornée du drapeau de la Juventus – équipe de football très suivie en Italie –, échappant à l’assaut des journalistes insistants.
Dans une salle de complexe paroissial, le cardinal Aveline a en effet promis d’échanger avec les enfants de la communion. Il répondra pendant 45 minutes à des questions d’une cinquantaine d’enfants, a appris I.Media. Une source ayant assisté à la scène affirme que l'échange a eu lieu en partie en italien et en partie avec l’aide d’un traducteur.
À l’extérieur pendant ce temps, le curé se prête à un entretien avec la presse, confiant voir dans le ‘papabile’ un homme "serein" et un "pasteur". "Il est spontané, direct", souligne don Francesco Pesce, assurant que "les fidèles l’aiment bien" et que le cardinal a "un contact pastoral très évident".
Sur le parvis, les derniers mots du cardinal Aveline à la messe donnent aussi libre cours aux interprétations. "Si Dieu veut, et si le curé le permet, à dimanche prochain", a-t-il souhaité. Une prudence que certains déchiffrent comme une allusion à la durée encore inconnue du conclave… ou bien à l’issue des scrutins.