Ce petit mot qui éclaire soudain tous les grands textes de François

"Dilexit nos, Il nous a aimés" : ce sont par ces mots que commence l'ultime encyclique du pape François sur le Cœur de Jésus. J'avais partagé avec vous ma surprise et mon regret que, ce qui, pour moi, était son testament spirituel, ait si peu d'écho dans l'Église. Ce texte donne sens à tout le pontificat de François. Celui-ci avait commencé avec un autre mot : "miséricorde" dont la racine vient du latin cor, c'est-à-dire "cœur" avec l'idée de compassion. Lorsque nous regardons les grands documents que le pape François nous a donnés, c'est bien le mot "cœur" qui leur donne tout leur sens. Marqué par la théologie du peuple, en prenant le nom de François, celui-ci n'a cessé de rappeler l'urgence pour toute l'Église d'avoir le souci des plus pauvres. De plus son pontificat n'a-t-il pas commencé par une année de la miséricorde : "Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux !" (Lc 6,36) ?

En s'appuyant sur la spiritualité de saint François, à l'opposé d'une écologie qui ne voit dans l'être humain qu'un pollueur, il n'a cessé de rappeler que l'écologie intégrale mettait l'humain au centre de la création en parlant de la terre comme d'une maison commune. Et cette écologie intégrale ne pouvait que déboucher sur son encyclique Fratelli tutti sur la fraternité universelle qui, là encore, nous appelle à avoir du cœur. C'est sans doute ce manque de cœur qui a fait accueillir sa magnifique lettre sur la liturgie que de façon polémique. "J'ai désiré d'un grand désir partager cette Pâque avec vous". Ce titre nous invitait pourtant à vivre autrement l'Eucharistie au-delà des polémiques stériles et mortifères. Toute la première partie de cette lettre est d'une richesse spirituelle étonnante. Ceux qui se sont mis dans la tête que le pape n'aimait pas la France devraient lire cette encyclique dans laquelle il appelle à la barre un grand nombre de saints français. Et c'est bien son testament : "Ayez du cœur et soyez en union avec le Cœur de Jésus".