"C’était juste pour essayer, pour voir ce que ça faisait !", s’est défendu le fils d’Angèle lorsque sa mère a appris que son adolescent de 15 ans avait fumé du cannabis lors d’une soirée entre amis. Le choc a été brutal pour cette mère de famille qui était "à dix mille lieues d’imaginer que son fils puisse toucher à la drogue" : "Je n'y croyais pas quand sa sœur m’en a parlé mais il a tout de suite avoué en minimisant la chose", confie Angèle. S’il y a certes une différence entre une consommation régulière et une expérience unique, ou occasionnelle, les deux cas demandent une extrême vigilance de la part des parents. Une expérience unique peut se transformer en consommation régulière, et il n’y a qu’un pas entre une consommation régulière et une addiction.
À l’instar de l’alcool et du tabac, la consommation de cannabis chez les jeunes a tendance à baisser depuis une dizaine d’années. Selon la vaste enquête 2023 de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) menée auprès de 23.700 filles et garçons âgés de 17 ans en moyenne, 30% des jeunes de 17 ans ont déjà fumé du cannabis en 2022, contre 39% en 2017. En 2022, 3,8% ont un usage régulier, contre 7,2 %en 2017. Si les données confirment un recul de la consommation, les indicateurs d’usage du cannabis demeurent toutefois très élevés et se conjuguent à une banalisation du produit. "Tout se passe comme si les représentations négatives du tabac contribuaient à la normalisation du cannabis, qui semble bénéficier de ce discrédit", analyse une note de la MILDECA (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives) à la suite des résultats de l’enquête. En moyenne, l’âge d’expérimentation du cannabis est 15 ans (enquête ESCAPAD 2017, OFDT). En outre, le cannabis mis sur le marché et fumé aujourd’hui par les jeunes est bien plus fortement dosé en THC (tétrahydrocannabinol) que celui des générations précédentes. La résine de cannabis est ainsi en moyenne quatre fois plus concentrée en THC en 2018 qu’il y a 20 ans.
Autre élément inquiétant démontré par une étude Ifop x La Macif de 2021, le cannabis est loin d’être la seule drogue plébiscitée par les jeunes. Les drogues dures sont certes minoritaires mais les chiffres demeurent alarmants au regard des risques établis pour la santé : 14% des jeunes âgés de 16 à 30 ans déclarent consommer ou avoir essayé l’ecstasy, la MDMA, le GHB, le poppers, le protoxyde d’azote ou le LSD. Un jeune sur dix déclare consommer ou avoir essayé la cocaïne ou le crack (11%). Un peu moins d’un jeune sur dix déclare consommer ou avoir essayé l’héroïne (8%).
Un comportement qui cache un mal-être
La consommation de drogue, quelle qu’elle soit, n’est pas anodine. Si la consommation est régulière, et dépasse le besoin "d’essayer" ou de "faire comme tout le monde en soirée", il est bon de s’interroger sur les causes profondes qui poussent un enfant à consommer des substances psychotropes. "Généralement, la cause réside dans une carence affective, un défaut de lien parental qui empêche l’enfant ou l’adolescent de réguler ses émotions et de construire une identité solide, une bonne image de sa personne", souligne Rita de Roucy, psychologue clinicienne. Il s’agit souvent d’enfants vulnérables, ayant une très grande fragilité narcissique, et ayant des difficultés à entrer en contact avec leurs pairs sans l’aide de la drogue.
La dépendance naît lorsque le consommateur fait l’expérience d’une sensation de plaisir et de bien-être générée par la drogue, et la recherche. "Ces processus activent le système de récompense du cerveau, libèrent de la dopamine, une substance chimique associée au plaisir", explique Rita de Roucy. De nombreuses drogues agissent sur ce système de récompense provoquant une libération excessive de dopamine, entraînant une sensation de plaisir intense. "Cela peut entraîner des comportements de dépendance car le cerveau recherche ces sensations de bien-être et de confiance en soi, notamment pour interagir avec les autres", alerte la psychologue.
Que faire ?
Une fois passé le choc de la nouvelle, il est temps de laisser place au dialogue et à l’accompagnement. Rita de Roucy invite à ouvrir ainsi la discussion : "Je comprends que si tu as besoin de recourir à cette substance pour obtenir un bien-être, c’est que tu ressens un mal-être. Quelque chose t’a probablement manqué quand tu étais petit, nous n’avons pas su te transmettre ce dont tu avais besoin en fonction de ta sensibilité, donc notre responsabilité aujourd’hui, c’est de t’aider à obtenir un bien-être autrement que par la drogue".
Une telle attitude d’écoute est déjà constructive et sécurisante pour l’enfant. En consommant de la drogue, l’adolescent lance un appel au secours. Réagir avec bienveillance et fermeté est une manière de montrer que son appel a été entendu. Il reste désormais à agir : trouver un médecin ou un centre spécialisé, et accompagner son enfant. Vous pouvez consulter en premier lieu votre médecin traitant qui vous orientera ou vous rendre directement dans l’un des Centres de soins d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) présents dans la quasi-totalité des départements français. Les parents peuvent également être reçus sans le jeune concerné. Le gouvernement met à disposition une ligne téléphonique ouverte tous les jours de 8 heures à 2 heures au 0 800 23 13 13. L’association Oppelia a pour objet d’apporter aide et solidarité aux enfants, adolescents et adultes, ainsi qu’à leur entourage, qui rencontrent des difficultés liées à l’usage de substances psychotropes.
Prière pour confier un enfant qui se drogue
Dieu peut changer les cœurs. En tant que chrétiens, des parents peuvent aussi confier au Seigneur, par la prière, un enfant qui se drogue afin qu’il le guérisse de ses blessures et lui donne le courage de lutter contre l’addiction.
Seigneur Jésus,
Je te confie toutes les personnes qui sont sous l’emprise d’une addiction, en particulier N…, dépendant à… (dire l’objet de la dépendance).
Par ta mort et ta résurrection, tu es venu offrir le salut à tous les hommes.
Viens briser les chaînes qui nous entravent,
viens guérir les blessures qui nous immobilisent,
pose sur nous ton regard d’amour, qui restaure et redonne vie.Pour la gloire de Dieu le Père et par l’Esprit Saint qui nous renouvelle,
délivre N…,
met sur son chemin les personnes qui pourront l’aider et l’accompagner,
et permets-lui de retrouver pleinement la liberté des enfants de Dieu.
Amen.