Le premier vrai pèlerinage organisé pour saint Michel

"Saint Michel Archange, défendez-nous dans le combat ; soyez notre secours contre la malice et les embûches du démon..." Cette prière, beaucoup la connaissent et la récitent afin d'invoquer sur eux la protection de celui que l'on nomme "prince des milices célestes". Pour les catholiques, l'archange vainqueur du mal occupe une place privilégiée. Saint Michel valait donc bien un pèlerinage ! Pour la première fois depuis des siècles, un pèlerinage d'ampleur nationale en l'honneur de l'archange sera organisé en 2025. Du 8 au 11 mai, des pèlerins venus de la France entière sont invités à rejoindre les routes qui relient Saint-Malo au Mont-Saint-Michel, lieu par excellence de la dévotion à l'archange.

Derrière cette initiative, une association de jeunes laïcs portée notamment par Brieuc Clerc, son président. "Il y a des initiatives paroissiales ou individuelles qui proposent de marcher vers le Mont, mais nous avons constaté qu'il manquait un pèlerinage national annuel comme Lourdes ou Chartres, par exemple", explique à Aleteia le jeune homme. Plus exactement, l'association veut renouer avec une antique tradition puisqu'un pèlerinage de ce genre existait déjà au XIXe siècle, avant de disparaître. La dévotion à saint Michel ne date en effet pas d'hier : avant que la sainte Vierge ne le détrône sous le règne de Louis XIII en devenant patronne de la France, secondée par Jeanne d'Arc et Thérèse de l'Enfant Jésus, saint Michel était considéré comme le protecteur du royaume. C'est justement l'archange qui est apparu à la pucelle d'Orléans à Domrémy, avant que la sainte ne délivre le royaume du joug des Anglais le... 8 mai, date autrefois consacrée à la fête de saint Michel. "C'est aussi le 8 mai 1945 que la France est libérée de l'occupation allemande", fait remarquer Brieuc Clerc. Louis XI, successeur de Charles VII, fit plus tard créer l’Ordre de Saint Michel. Supprimé par la Révolution, il fut ensuite restauré par Louis XVIII, avant de disparaitre pour de bon en 1830.

Pour se joindre aux marcheurs, mieux vaut tout de même être sportif. Au programme, 20 kilomètres de marche par jour et bivouac. Environ 500 personnes se sont inscrites, une belle affluence pour une première édition, estime Brieuc. "Nous prierons spécialement pour le conclave, en priant saint Michel à qui le pape François avait consacré le Vatican", rappelle le président de l'association. À l'issue de ce parcours, les "miquelots" - nom donné aux pèlerins marchant vers le Mont Saint-Michel - formeront une procession aux flambeaux reliant le Prieuré d'Ardevon à l'église abbatiale du Mont. Ils y recevront un plomb forgé par un artisan, représentant saint Michel à l'épée. La messe de clôture sera célébrée par Mgr Grégoire Cador, évêque de Coutances et Avranches. Tous les jours, la messe sera célébrée et des enseignements délivrés sur le thème du combat spirituel. Un thème essentiel à la vie du chrétien, rappelle Don Pierre Doat, recteur du sanctuaire et aumônier du pèlerinage. "Le combat spirituel, comme le disaient les pères du désert, est l'expérience de la croix dans notre vie", explique le prêtre. "C'est la tension qui se créé dans notre cœur lorsque nous devons choisir entre le bien et le mal. Tout chrétien vit le combat spirituel. Il prend des formes plus ou moins âpres, mais il existe tout le temps, nous vivons avec. Si on ne ressent pas le combat contre le mal ou pour le bien, cela veut en quelque sorte dire que notre âme est éteinte."

Pourquoi, dans ce cas, implorer particulièrement l'aide de saint Michel ? "Saint Michel est le protecteur de la France, mais il joue un rôle d'envergure pour toute l'humanité ! Avec lui, le chrétien n'est pas seul ni désarmé face au démon", développe Don Pierre Doat, également auteur d'un roman sur la spiritualité des anges. "Ce pèlerinage, c'est donc aussi un moyen de se souvenir de la dimension surnaturelle de la vie du chrétien. La dévotion aux anges, spécialement ici à Michel, rappelle la proximité de ce monde invisible à nos yeux et son action effective dans nos vies. Les anges, contrairement aux saints, peuvent agir directement et physiquement pour nous. C'est la preuve ultime que nous sommes faits pour quelque chose de très grand, et qu'il faut s'y préparer dès maintenant."