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“Le conclave n’a rien à voir avec le congrès d’un parti politique”

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Agnès Pinard Legry - publié le 30/04/25
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Le conclave qui doit s’ouvrir au Vatican le 7 mai pour élire le nouveau pape donne lieu à de nombreux fantasmes. "À chaque conclave, une forme de fascination persiste. Le monde retient son souffle", reconnaît volontiers auprès d’Aleteia Bernard Lecomte, journaliste spécialiste du Vatican.

PAPE LÉON XIV

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Alors que les regards du monde entier sont braqués sur Rome dans la perspective du conclave, qui s’ouvre le 7 mai, et dont sortira le prochain pape, comment expliquer un tel engouement ? "Le conclave est une procédure unique au monde et un événement qui perdure depuis des siècles. C’est ce qui en fait toute l’originalité", détaille auprès d’Aleteia Bernard Lecomte, journaliste spécialiste du Vatican et auteur de l’ouvrage France-Vatican, deux siècles de guerre secrète. "Le conclave fascine, notamment les responsables, dirigeants et militants, habitués à d’autres méthodes d’élection."

Aleteia : Le conclave nourrit de nombreux fantasmes… Pourquoi ?
Bernard Lecomte : À chaque conclave, une forme de fascination persiste. Le monde retient son souffle. On aimerait tant savoir ce qui se dit, ce qui se trame ! Et il y a de quoi : le conclave est une procédure unique au monde et un événement qui perdure depuis des siècles. C’est ce qui en fait toute l’originalité. Le conclave fascine, notamment les responsables, dirigeants et militants, habitués à d’autres méthodes d’élection. Le conclave n’a absolument rien à voir avec une élection classique ou le congrès d’un parti politique. Des hommes tout simples — les cardinaux — se retrouvent enfermés dans un secret total, c’est-à-dire sans aucune influence extérieure de la part de partis, de groupes ou de lobbies et élisent, dans le secret de la prière, le chef de l’Église. Habituellement, tout choix de chef est soumis à des pressions. Ici, on ferme la porte à clé, les cardinaux électeurs déposent leur iPhone, coupent tout contact avec l’extérieur. Personne ne peut souffler un nom. Ils se retrouvent seuls, face au Jugement dernier, dans la chapelle Sixtine. Ils sont face à eux-mêmes, face à Dieu. Les cardinaux vont choisir l’un d’entre eux, qui ne retournera pas dans son diocèse mais restera à Rome pour diriger l’Église. On comprend pourquoi le conclave a tant inspiré les cinéastes…

Chaque conclave a permis l’élection d’un homme qui s’est retrouvé à la tête de l’Église, différent de son prédécesseur mais toujours dans une logique de continuité.

Le système est-il vraiment efficace ?
Une Église qui a plus de 2.000 ans montre qu’elle a plutôt bien réussi son évolution. Même si cela peut paraître archaïque, voire médiéval, la tradition du conclave a su fonctionner et fonctionne encore aujourd’hui. Bien sûr, dans l’histoire des conclaves il y a eu des péripéties, certains ont été particulièrement agités, d’autres beaucoup plus calmes. Mais à chaque fois, ces hommes ont accompli leur tâche avec sérieux. Et n’oublions pas l’action du Saint-Esprit ! Chaque conclave a permis l’élection d’un homme qui s’est retrouvé à la tête de l’Église, différent de son prédécesseur mais toujours dans une logique de continuité : Léon XIII, Pie X, Pie XI, Pie XII, Jean Paul II, Benoît XVI… Tous ont dirigé la même Église et l’ont mené à ce qu’elle est aujourd’hui. Plutôt efficace non ?

À quel moment se joue vraiment l’élection d’un nouveau pape ?
L’élection d’un nouveau pape à proprement parler se joue lors des différents scrutins durant le conclave. Mais les congrégations générales qui précèdent l’ouverture du conclave sont tout aussi capitales. Il faut bien avoir en tête que les cardinaux ne se connaissent pas forcément. Ce sont des évêques ou archevêques venus du monde entier, chacun dans son diocèse. À part ceux de la Curie qui en connaissent quelques-uns, la majorité ne se connaît pas. Il est donc essentiel qu’ils se parlent, qu’ils se découvrent. Certains sont des tribuns, d’autres sont timides, d’autres encore très discrets. Historiquement, ces congrégations générales ont été instaurées en 1903. À l’époque, il n’y avait pas ces deux semaines de rencontre. Les cardinaux américains étaient arrivés trop tard, et à leur arrivée, le pape avait déjà été élu. Depuis, ce délai est prévu pour permettre aux cardinaux de mieux se connaître. C’est au cours de ces congrégations que Jean Paul II a par exemple été repéré. Après la mort de Paul VI, les cardinaux se retrouvent, évoquent les papabile. Et c’est à ce moment-là que l’archevêque de Vienne, Mgr Franz König, a commencé à faire la "publicité" du jeune cardinal de Cracovie auprès des cardinaux nord-américains et allemands. Il savait qu’il avait plus de chances de les convaincre que les cardinaux italiens. En 2013, c’est aussi durant ces congrégations qu’un certain cardinal Bergoglio venu du Buenos Aires a pris la parole et raconté l’évangélisation à la manière de l’Amérique latine. Les cardinaux présents ont été très intéressés par son témoignage et il est alors apparu comme un candidat possible. Ces congrégations générales sont un moment de parole libre, détendue. Les échanges peuvent même se poursuivre à la trattoria du coin, autour d’une pizza. Il y a une réelle liberté de ton.

Des critères sont-ils – implicitement – à remplir ?
Officiellement, l’Eglise ne prévoit que quatre critères pour être élu pape : être un homme, baptisé, avoir plus de 18 ans et obtenir les deux tiers des votes lors du conclave. Des critères implicitent peuvent néanmoins être avancés. On entend souvent dire qu'il vaut mieux qu’un pape parle bien l’italien, par exemple. Naguère, on disait qu'il fallait que le Pape parle le français, car c’était la langue diplomatique. Peu avant le début du conclave en 1903 le cardinal Sarto, alors patriarche de Venise confia à un journaliste : "Je suis tranquille, je ne parle pas français !" Et pourtant… c’est lui, qui choisira le nom de Pie V, que les cardinaux choisiront comme pape. On entend aussi beaucoup le critère de l’âge. Il faudrait un pape ni trop jeune, ni trop vieux. Et pourtant en 1978 le cardinal Wojtyla – futur Jean Paul II – sera élu à l’âge de 58 ans ! En avril 2005, le cardinal Ratzinger avait quant à lui déjà 78 ans quand il devint Benoît XVI… On peut lister des critères mais c’est sans compter l’action de l’Esprit saint qui souffle décidément bien où il veut !

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