Premiers jurons qui surprennent ou amusent, ou réparties bien senties lancées par des adolescents, quel est le poids des mots dans l'éducation ? Entre autorité affectueuse, exemple parental et écoute bienveillante, comment aider l’enfant à trouver sa voie… et sa voix.PAPE LÉON XIV
Inscrivez-vous gratuitement à notre newsletter quotidienne.
Je m'inscris
Carine, mère de quatre enfants aujourd'hui âgés entre 15 et 23 ans, se souvient comme si c'était hier : "A deux ans, ma benjamine tombe et s'exclame "Oh put***" et se relève tranquillement... J'ai réalisé en un instant à quel point les parents sont un exemple pour leurs enfants !" Des premiers babillements aux conversations entre jeunes, l'environnement a son importance. Le langage est-il fleuri lors des trajets en voiture ? Quelle est la qualité du registre lexical utilisé dans les séries, films ou jeux auxquels l'enfant est exposé ? Caroline se souvient de son adolescence et des conversations imagées qu'elle pouvait avoir avec ses deux aînées. "Quand nos mots devenaient trop cavaliers, nous entendions Papa nous rappeler à l'ordre. "Châtiez votre langage, mes enfants" disait-il. Quand nous descendions d'un cran dans le choix des mots, lui au contraire montait d'un cran : ce décalage nous faisait rire, et ce ton affectueusement autoritaire avait un effet immédiat !", se rappelle la jeune femme.
Un travail d'équipe
Catherine Gueguen, pédiatre formée en communication non violente, explique dans son ouvrage Pour une enfance heureuse (Éditions Poche) que les enfants élevés dans un climat de bienveillance développent des compétences sociales et émotionnelles plus riches. Ainsi, quand les insultes fusent, maintenir des règles claires et opter pour un travail d'équipe peut permettre de sortir de l'impasse. Un couple de cadres quarantenaires, parents de quatre enfants adolescents et préadolescents, partage sa tactique : "Quand cela dérape, c'est l'autre conjoint qui met un terme à l'échange. Un "Je ne veux pas que tu parles à Papa sur ce ton" ou "Respecte ta Maman" prononcé par l'autre parent permet une triangulation qui met un terme à la confrontation directe."
Cette attitude permet de protéger les interlocuteurs d'une surenchère stérile. Ensuite, il est bon d'essayer de comprendre. Parents et enfants pourront échanger, une fois le calme revenu, du pourquoi des choses. Les insultes étaient-elles une soupape pour faire sortir des émotions ? Une façon maladroite de pousser les adultes à réagir à une situation ? L'indice d'une souffrance intérieure ? Une façon de s'affirmer ? Chaque famille discernera où mettre le curseur en termes de qualité de langage, tout en gardant à l'esprit l'enseignement de saint Pierre dans sa première épître : "Ne rendez pas le mal pour le mal, ni l’insulte pour l’insulte ; au contraire, invoquez sur les autres la bénédiction, car c’est à cela que vous avez été appelés, afin de recevoir en héritage cette bénédiction." (1P 3,9)