Le château de Pont-Calleck : mémoire d’une histoire bretonne tourmentée

Au cœur de la Bretagne, le domaine de Pont-Calleck témoigne d’un passé riche, marqué par les luttes féodales, les soulèvements nobiliaires et les transformations successives de son château. De l’édifice originel, construit en 1332, il ne reste aujourd’hui que des traces dans les archives. Le manoir médiéval a disparu, ne subsistant que par les documents qui attestent son existence.

En 1591, durant les guerres de la Ligue, des fortifications furent édifiées, signalant l’importance stratégique de Pont-Calleck. Le château connut alors une période agitée, changeant plusieurs fois de propriétaires à la fin du XVIe siècle. Il passa notamment entre les mains de grandes familles bretonnes telles que les Malestroit ou les Guer. En 1657, la seigneurie fut érigée en marquisat, et un nouveau château fut bâti. De cette construction subsistent quelques vestiges : une tour d’escalier, deux portes en plein cintre et un imposant mur de pierres, témoins silencieux d’un passé désormais révolu.

Le domaine gagna en notoriété au XVIIIe siècle, lors de la Conspiration de Cellamare. À cette époque, la noblesse bretonne tenta de s’opposer au pouvoir royal qu’elle jugeait oppressif. Ce soulèvement se solda par un échec retentissant. Le Marquis de Pont-Calleck, figure emblématique de cette révolte, fut arrêté avec ses compagnons — du Couëdic, de Montlouis et de Talhouët — puis exécuté à Nantes en 1720. Une gwerz, complainte traditionnelle bretonne, en parle encore.

En 1791, dans un contexte révolutionnaire tendu, le château fut incendié par les gardes nationaux de Guémené et du Faouët. Il fallut attendre 1833 pour qu’il renaisse de ses cendres, racheté par le Comte de Brissac. Ce dernier entreprit sa reconstruction en 1882, lui donnant son allure actuelle : un corps central flanqué de deux ailes aux toitures élevées, agrémenté d’un avant-corps à arcades. Dans les années 1960, un cloître y fut ajouté, édifié avec les pierres récupérées de la chapelle Sainte Christine de Locmalo, alors laissée à l’abandon.

Aujourd’hui, le château abrite une communauté religieuse et une institution scolaire pour les jeunes filles. En 1955, les Dominicaines du Saint-Esprit acquièrent en effet le domaine, alors vendu par le Comte de Cossé-Brissac, ruiné. Elles créent alors un foyer pour des jeunes garçons puis de jeunes filles.

À la lisière du parc, la chapelle Sainte-Anne des Bois complète ce patrimoine. Construite en 1865 par la Comtesse de Cossé-Brissac à la naissance de sa fille, elle fut érigée en hommage à Sainte Anne. D’architecture modeste, elle se distingue par sa façade dotée d’une porte surmontée d’un vitrail en rosace, et d’un clocheton à balcon en granit. Destinée à l’origine à l’usage exclusif des châtelains, elle demeure aujourd’hui un lieu de recueillement discret et chargé d’histoire.

C’est également par cette chapelle et ce château qu'est récemment passée la Troménie de Sainte-Anne, donnant du sens à cet événement dans un ancrage local du culte à la grand-mère de Jésus.