Le cardinal Nichols, “rouge” de bonheur

À la fin de la journée de dimanche, une centaine de cardinaux se sont retrouvés dans la basilique Sainte-Marie-Majeure pour participer aux Vêpres et se recueillir sur la tombe du pape François. Nombre de cardinaux n’ont cependant pas fait le déplacement - qui n’était pas obligatoire. Parmi ces absents, le cardinal Vincent Nichols, archevêque de Westminster. Le Britannique, en effet, était alors devant son poste de télévision pour regarder l’affiche qui opposait le club de Liverpool à celui de Tottenham, club du nord de Londres. Bien qu’évêque de la capitale anglaise, le cardinal Nichols, originaire de Liverpool, supportait bien les célèbres "Reds" dans ce match décisif pour le titre. Et grâce à une victoire 5-1 contre les "Spurs", il a pu assister au sacre des siens dans leur stade d’Anfield. Et c’est avec un grand sourire que le cardinal est arrivé aux congrégations dans la matinée : "C’est vraiment très bien pour Liverpool", s’est-il réjoui.

Cette passion du cardinal Nichols pour le football, en soi, constitue un bel hommage au pape François, lui-même grand amateur de football et attaché à son club familial de San Lorenzo : l’amour du ballon rond a d’ailleurs parfois rythmé les conversations entre le pontife défunt et l'archevêque de Westminster. Mais elle s’ancre dans une réalité spirituelle encore plus profonde, puisque dans sa jeunesse, la vocation du cardinal a mûri dans les travées du stade d’Anfield. Dans un témoignage publié en 2018 sur le site de son diocèse, le Britannique racontait avoir un jour commencé à se sentir appelé, une sensation "inconfortable" auquel il a résisté en se rendant au stade pour voir jouer son club favori. "Je me souviens d'avoir assisté à un match de football dans le Kop [la tribune où se regroupent les supporters les plus actifs d'un club, ndlr] et d'avoir voulu me fondre dans la foule. Je disais : ‘Seigneur, oublie-moi, s'il te plaît, laisse-moi être comme les autres, je ne veux pas de ça’, mais il y avait une sorte de persistance."

Petit à petit, le jeune Anglais s’est finalement ouvert à cet appel et finit par l’embrasser. Et sa vocation ne l’a jamais totalement éloigné de l’équipe d’Anfield Road, puisque même des années plus tard à Rome, à la veille d’un conclave, quelque chose de cette vieille passion populaire a rejailli dans le cœur de l’homme en rouge.