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“J’ai encore oublié !” Face aux trous de mémoire, le bon conseil d’un Père du Désert

KOBIETA COŚ ZAPOMNIAŁA
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Sophie Baron - publié le 28/04/25
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Que nous disent les Pères du Désert pour guider notre vie spirituelle, dans les circonstances très concrètes de notre vie ? Les trous de mémoire spirituelle à répétition, cela arrive, mais le vrai danger, c’est la perte de confiance. Pour se sortir de cette faiblesse humiliante, surtout quand elle semble inguérissable, voici le conseil de Abba Jean Colobos, l’un des plus célèbres pères du désert égyptien du IVe siècle, connu dans le désert de Scété comme un maître d’humilité. 

C’est une lourde infirmité que d’être tête en l’air et de ne pas retenir une parole, un conseil, un avertissement qui pourrait sans doute nous être très utile. On est ennuyé et humilié de devoir avouer qu’on n’a pas retenu quelque chose et de le faire répéter. Prenons un exemple que je ne suis sans doute pas seule à connaître. À qui d’entre nous n’est-il pas arrivé d’oublier la pénitence que le confesseur venait de lui fixer ?

« J’ai encore oublié »

C’est quelque chose de ce genre qu’éprouve le moine dont nous parle Abba Jean Colobos, avec une circonstance supplémentaire qui ne manque pas de piquant… Lisez plutôt :

"Il y avait à Scété un vieillard fort adonné aux labeurs corporels, mais pas très fin pour ce qui est des pensées. Il s'en vint trouver l'abbé Jean pour l'interroger au sujet de l'oubli. Ayant reçu de lui une parole, il rentra dans sa cellule et oublia ce que lui avait dit l'abbé Jean. Il alla donc de nouveau l'interroger et, ayant reçu de lui la même réponse, il s'en retourna. Comme il arrivait à sa cellule, il oublia de nouveau, et ainsi de suite, un grand nombre de fois, il allait et, au retour, il succombait à l'oubli. Plus tard, rencontrant le vieillard, il lui dit : "Tu sais, abbé, j'ai encore oublié ce que tu m'as dit ; mais par crainte de t'accabler, je ne suis pas venu.""

Ainsi le moine demande des conseils pour l’aider à surmonter… ses trous de mémoire, et voilà qu’il oublie la réponse ! Ce n’est vraiment pas de chance !

L'abbé Jean lui dit : "Va, allume une lampe." Il l'alluma. Il lui dit à nouveau : "Apporte d'autres lampes et allume-les à celle-là." Il le fit. Alors l'abbé Jean lui dit : "Est-ce que la lampe a subi quelque dommage du fait qu'on ait allumé sur elle les autres lampes ?" Il répondit : "Non." Le vieillard dit : "Eh bien ! il en est de même pour Jean : même si tout Scété venait à moi, cela ne m'enlèverait rien de la grâce du Christ. Donc, quand tu voudras, viens sans hésiter." Et ainsi, grâce à l’endurance de l'un et de l'autre, Dieu retira l'oubli au vieillard. Telle était l’œuvre des Scétiotes : donner de l'ardeur à ceux qui ont à combattre et se faire violence à soi-même pour se gagner les uns les autres au bien" (Jean Colobos, 18).

La tactique du diable

Ces oublis à répétition peuvent perturber toute une vie spirituelle, parce qu’on n’ose plus rien demander. Le pauvre moine, en plus de la honte de ses oublis, craint maintenant de déranger son maître en le sollicitant trop souvent. Il n’est pas rare que le démon suggère des scrupules de ce genre pour nous éloigner un peu plus de la source de salut que sont les sacrements... Alors Colobos essaie de mettre le moine oublieux à l’aise avec une très belle réponse : "Est-ce que la lampe a subi quelque dommage du fait qu’on ait allumé sur elle les autres lampes ?" Non, évidemment ! tu vois : le don ne coûte rien. Mais cela ne suffit pas toujours.

La tactique du diable consiste à nous immobiliser, en nous montrant l’inutilité de nos efforts. Il se sert comme d’une arme de choix la conclusion pessimiste que nous portons sur nous-même après des échecs répétés. Comme ces échecs ne sont pas forcément de notre fait et résultent souvent de circonstances qui nous échappent, nous n’avons pas non plus le moyen d’en venir à bout si facilement.

Le moyen d’en sortir

Dans cette impuissance que nous subissons, mais qui nous humilie, nous perdons tout goût d’avancer. Notre confiance en Dieu se relâche, nous espérance s’évapore. Nous nous plaignons de nous-mêmes, comme une façon de nous châtier de ce qui nous abaisse. Nous ne sommes pas loin d’écouter les suggestions de l’Ennemi qui nous propose de faire une grosse bêtise pour échapper à cette impuissance et nous donner le sentiment de diriger notre vie comme nous l’entendons.

Le moyen d’en sortir ? L’humilité. Ne pas nous en vouloir pour ce qui n’est pas notre faute, offrir notre échec sans honte comme si c’était une brûlure d’estomac ou une démangeaison dans la jambe, oser demander de l’aide, faire des petits pas en avant, surtout ne pas rester immobile.

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