Quelle grande joie de constater le nombre de nouveaux baptisés, en cette fête de Pâques 2025 ! J’ai aussi envie de relever la surprise de beaucoup d’entre nous, simples fidèles, catéchistes, prêtres, religieux ou évêques qui se rendent bien compte que cet afflux n’est pas né du fruit de leurs efforts. Second ressenti donc, une très grande gratitude et la nécessité de reconnaître avec humilité que le Seigneur a peut-être choisi de ramener Lui-même ses brebis vers le troupeau. J’ajouterai donc la remise en question et la pénitence à l’humilité dans la liste des choses à méditer.
Bien sûr des questions d’organisation, nécessaires à la bonne intégration de ces nouveaux baptisés au sein des communautés paroissiales, vont se poser, mais avant tout, je crois que chacun doit ici se laisser bousculer par cet esprit de conversion qui souffle jusqu’à nous. Ne nous est-il pas aussi destiné ?
Un appel à réchauffer les promesses de son baptême
Aux adolescents et aux adultes qui reçoivent le baptême est posée la question suivante : "Que demandes-tu à l’Église de Dieu ?" Leur réponse est "la foi". C’est la foi qui les mène à demander ce sacrement et qui précède leur entrée dans la famille catholique. Près de 50% des catéchumènes interrogés par Aleteia ont découvert la foi par eux-mêmes. L’Église a beaucoup de choses à recevoir d’eux avant de s’inquiéter de donner. Ils ont reçu l’essentiel : la foi. Une grande partie d’entre eux demandent le baptême suite à une expérience spirituelle, ou bien après avoir fréquenté la messe. Beaucoup d’entre eux, et en particulier les jeunes ont fait leur propre démarche pour se renseigner sur Celui qu’ils avaient rencontré ou qu’ils devinaient être le Christ. Ils se sont faits chercheurs de Dieu. Leur désir de Dieu est un cadeau qu’ils offrent à l’Église. Sachons le recevoir pour ce qu’il est : un appel à réchauffer notre propre désir au feu de leur foi toute neuve et fervente. Souvenons-nous de notre baptême !
Qui donne et qui reçoit ?
La conversion d’une personne est en elle-même missionnaire. Elle conduit à des changements et des ajustements visibles dans la vie de ceux qui ont rencontré le Christ. Cela interroge leur entourage et suscite l’intérêt et la curiosité. Une grande partie des baptisés de Pâques sont déjà dans une démarche de conversion. Leur arrivée dans nos paroisses est le fruit d’une démarche volontaire et personnelle. Et nous ? Afin de pouvoir les accompagner dans la poursuite de leur vie de chrétiens, sommes-nous aussi dans cette démarche ? À la question : les membres de l’église qui les accueillent ont-ils besoin d’être convertis ? La réponse est oui bien sûr. La conversion est une affaire quotidienne.
Dans l’Évangile de Marc, un scribe interroge Jésus : "Quel est le premier de tous les commandements ?" (Mc 12, 28-29.) Jésus répond en commençant sa phrase par "Écoute Israël". Le Seigneur s’adresse à son peuple, il s’adresse à son Église. L’écoute est une disposition indispensable pour recevoir. C’est exactement ce qui manque aux grands prêtres, aux pharisiens et à tous ceux qui condamnent le Christ. Ainsi le "Écoute Israël" s’oppose totalement au "nous savons" des juifs qui rejettent le Christ et le conduisent à la mort : "Nous savons qu’on ne guérit pas le jour du sabbat, nous savons qu’on doit se purifier et jeûner dans telles circonstances, nous savons d’où il vient celui-là alors que le Christ, personne ne sait d’où il vient, nous savons que cet homme n’est pas le Fils de Dieu…" Tout repose finalement sur la façon dont les uns et les autres, anciens et nouveaux-venus resteront bien conscients qu’ils sont à la fois ceux qui donnent et ceux qui reçoivent, mais que tout ce qu’ils ont entre les mains ou dans leurs cœurs leur vient de Dieu.
À l’écoute de ceux qui viennent au nom du Seigneur
Rappelons-nous la réponse complète du Christ au scribe qui l’interrogeait (Mc 12) : "Quel est le premier de tous les commandements ? Voici le premier : Écoute, Israël" C’est-à-dire, mettons-nous à l’écoute du Seigneur. À l’écoute de sa Parole bien sûr, mais soyons aussi attentifs aux signes qu’il nous donne et aux personnes qui viennent en son nom. "Écoute Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur." Souvenons-nous que nous sommes créatures devant leur Créateur. Il nous a donné la vie. Recevons donc tout de lui avec gratitude et confiance en son dessein. "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force" (v. 30). Honorons Dieu et nourrissons cette connaissance de lui dans la prière, dans la Sainte messe et dans les sacrements. Participons ainsi à bâtir son Église.
"Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là" (v. 31). Sachons reconnaître en l’autre quelqu’un d’aimé de Dieu. Sachons l’accueillir, voir en lui les talents dont le Seigneur l’a doté et n’ayons pas peur d’apprendre de lui la sagesse singulière et toute particulière qui le lie à Dieu. Enfin soyons l’instrument de la tendresse de Dieu dans le monde.
Marie plutôt que Marthe
Dans l’Évangile de Luc (Lc 10, 38-42), Jésus traverse un village dans lequel il est reçu par une femme appelée Marthe. Alors que celle-ci s’affaire pour recevoir comme il se doit cet invité, sa sœur Marie s’est assise aux pieds du Christ pour l’écouter. Marthe est agacée de faire seule le service et le fait remarquer. Mais Jésus lui rappelle que trop accaparée par sa tâche, elle passe à côté de son invité. En revanche Marie, assise à ses pieds à l’écouter, a choisi le nécessaire, la meilleure part, celle-ci ne lui sera pas enlevée. Nous organiser, mettre en place des process, créer des groupes de travail nous rassure. Mais nous asseoir tous ensemble, anciens et nouveaux aux pieds du Christ et l’écouter d’un même cœur nous unit.
Notre foi doit être au cœur de notre accueil, de nos vies paroissiales et plus largement de nos méthodes missionnaires car elle nous tourne vers le nécessaire : le Christ. C’est Lui qui nous rassemble, c’est lui qui nous élève et c’est lui la source qui rend possibles nos conversions quotidiennes. Nous tourner ensemble à l’écoute de celui qui donne tout peut sembler évident, mais le fait-on jamais assez ? Conscients de notre insuffisance, le faisons-nous avec suffisamment d’humilité, d’abandon et de confiance ? "Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN" (Jn 10,27-30).
