Il les aura bousculés pendant douze ans. Bousculés mais aussi accompagnés, interpellés et stimulés. "Chers jeunes, nous ne sommes pas venus au monde pour ‘‘végéter’’, pour vivre dans la facilité, pour faire de la vie un canapé qui nous endorme ; au contraire, nous sommes venus pour autre chose, pour laisser une empreinte." Lors des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) de Cracovie en 2016, le pape François n’avait pas mâché ses mots. Des mots invitant à agir, à sortir, et à se mettre au service de son prochain qu’il n’aura cessé de répéter tout au long de son pontificat. Pendant douze ans, son enseignement aura fait grandir de nombreux fidèles qui ont décidé de venir dire adieu à leur pape ce 26 avril au matin lors de sa messe de funérailles. "Pour nous les jeunes, le pape François était un grand homme", assure sans détour Sofia, jeune lycéenne venue avec 20 jeunes du diocèse de Milan. "Il était très à l'écoute du monde des jeunes, de nos préoccupations."

Venu pour le Jubilé des adolescents, elle ne s’imaginait pas du tout participer à l'enterrement du Pape. Mais ce n’est pas la tristesse qui domine son cœur. "On voit ici beaucoup de joie et beaucoup d'unité. Tout le monde est très uni." Marco, 30 ans, était lui aussi initialement venu à Rome pour accompagner quelque 300 adolescents du diocèse de Tortona, au nord de l'Italie. "J’avais 18 ans au début de son pontificat, c'est aussi une façon de le remercier pour tout ce qu'il a fait pour nous, les jeunes. Je suis allé aux JMJ de Cracovie et de Lisbonne et je n'oublierai jamais ce qu'il a fait pour nous".

Jeanne, 22 ans, et sa sœur Gianna, 18 ans, sont venues d'Atlanta, aux États-Unis. "Nous avions prévu de venir à Rome pour la canonisation de Carlo Acutis, mais finalement nous sommes là pour les funérailles du Pape, et c'est une occasion incroyable pour nous ! », lancent-elles. « François est le pape avec lequel j'ai grandi. J'étais petite en 2013 mais je me souviens que j'avais suivi son élection à la télévision et je m'étais dit "Waow" !!! Nous avons eu beaucoup de chance que Dieu nous ait donné un tel pape, rempli d'humilité et de joie. C'était le pape dont le monde avait besoin pour notre temps." Un pape dont avait aussi besoin Carmen, 28 ans, Bolivienne vivant actuellement à Londres. "Avec François j'ai fini par comprendre que la seule chose qui compte vraiment, c'est d'aider les autres. La foi catholique, c'est cela." "François était un excellent pape, et il avait donné sa vie au Christ! Donc aujourd'hui ce n'est pas un jour triste, au contraire, c'est un jour de joie, une célébration de la vie!", poursuit Sue, Américaine venue d'un village de l'Illinois, près de Chicago, pour assister initialement à la canonisation de Carlo Acutis.

Congolaise installée en Italie depuis dix ans, Noëlla a suivi "presque tout son pontificat". C’était important pour elle d’être là afin "de le remercier". "Nous sommes surtout très reconnaissants pour tout ce qu'il a fait pour mon pays, la République démocratique du Congo, qu'il a visité il y a deux ans", poursuit-elle. "Ses appels pour la paix et contre les trafiquants ont porté des fruits importants pour l'Église catholique et pour tous les Congolais." Le combat inlassable du pape François pour la paix, c’est aussi ce que retient sœur Virginia, religieuse du Timor-Oriental : "Je suis venue rendre hommage au pape François car sa visite du 9 au 11 septembre 2024 dans mon pays avait été très importante", raconte-t-elle. "Tout le peuple était rassemblé autour de lui car nous sommes catholiques à 98% ! Il est venu demander la paix pour mon peuple et nous lui en sommes très reconnaissants. C'était vraiment un homme de cœur, très attentif aux pauvres."

La République démocratique du Congo, le Timor-Oriental…Pape voyageur, François a visité près de 50 pays tout au long de son pontificat dont le Paraguay. "Je suis venue dire merci au pape François qui avait visité mon pays il y a dix ans », confie ainsi sœur Laura, religieuse salésienne du Paraguay. « Il avait alors déclaré que 'la femme paraguayenne est la plus courageuse de l'Amérique latine", car c'est grâce aux femmes que notre pays a pu aller de l'avant après les guerres du XIXe et du XXe siècles. Mais François a été important pour toute l'Amérique latine! Et c'est merveilleux de voir ici aujourd'hui tellement de monde, surtout des jeunes, et tellement de joie!"

Des jeunes mais aussi de nombreux religieux étaient présents place Saint-Pierre, conscients de la place que François a occupé dans leur vocation. "Il a ouvert de nombreuses portes dans l'Église", reconnaît volontiers frère Miroslav, religieux carme de Croatie. « Au début, je ne comprenais pas toujours bien ce qu'il voulait. Mais il fallait lui faire confiance, avec beaucoup de patience. Il savait mieux que nous où il voulait nous conduire, à Jésus. Et surtout, il nous a fait comprendre que nous sommes tous frères, au-delà de nos appartenances religieuses."

Religieux infirmier philippin de l'ordre des Fatebene fratelli, frère Raffaele raconte comment François "avec sa simplicité, nous a beaucoup inspirés dans notre vie religieuse". "Et il a toujours apporté une grande attention aux professionnels du monde de la santé, et donc aussi à nous, et aux personnes malades." Avant de conclure : "Dans sa propre faiblesse et dans sa maladie, il a montré le chemin de l'humilité. Il a été inspirant aussi dans cette dernière partie de son pontificat." Un témoignage jusqu’au bout qui a aussi bouleversé sœur Voneta, religieuse tanzanienne de la congrégation des sœurs du Saint-Sacrement de Valence. "Le pape François a donné sa vie jusqu'au bout, jusqu'à son dernier salut à Pâques", glisse-t-elle. "Je retiens surtout son enthousiasme avec les jeunes aux JMJ de Lisbonne. Il appelait à vivre, à aimer, à ne jamais désespérer ! Il a donné sa vie à tous, les plus petits comme les plus anciens."

Ilaria Rigotti, maire de la commune de San Lorenzo Dorsino, une commune de 1.600 habitants située au pied des Dolomites, au nord de l'Italie, a voyagé toute la nuit en bus avec un groupe de notre commune pour être présente ce matin. "Pour nous, les Italiens, François était l'un des nôtres, il avait du sang italien et il avait choisi le nom de François d'Assise, le saint patron de l'Italie !", soutient-elle. "C'était le pape des pauvres, le pape des derniers."