Le pape François, ou le courage d’un voyageur

Dimanche 7 mars 2021, alors qu’une partie du monde est encore calfeutrée en raison de la pandémie, le pape François se trouve à plus de 3.000 kilomètres de Rome, au cœur d’une ville devenue en quelques années le symbole de la haine et de la violence. C'est à Mossoul, ancienne capitale de Daech en Irak, que le Pape a tenu à prier au beau milieu des décombres, quitte à donner des sueurs froides aux services de sécurité. Accomplissant le rêve de Jean Paul II de poser le pied en terre d’Abraham, François vient alors en messager de paix dans un pays déchiré par des décennies de violences. Durant son périple, il prend soin de rencontrer l'ayatollah Ali al-Sistani, une des plus hautes autorités de l'islam chiite. Ainsi, l'auteur de Fratelli tutti entend poursuivre le dialogue avec les responsables musulmans, lui qui rencontrera en Égypte mais aussi aux Émirats-arabes unis ou bien à Bahreïn son "frère" le sunnite Ahmad Al-Tayyeb, le grand imam d'Al-Azhar. 

Globe-trotter à la manière d'un Jean Paul II, le pontife argentin aura visité une soixantaine de pays, avec toujours à l'esprit cette option préférentielle pour les périphéries, délaissant d'ailleurs les grands pays catholiques européens. Premier pape à se rendre au Soudan du Sud, en Birmanie ou bien en Mongolie, il s'est évertué à apporter la miséricorde de Dieu auprès des plus misérables, comme à ces femmes congolaises victimes des pires sévices venues déposer leur fardeau devant lui lors d'un voyage à Kinshasa, début 2023. Courageux, il ose s'enfoncer dans un quartier de Bangui où le bruit des armes tonnait encore quelques jours avant son arrivée en Centrafrique, à l'automne 2015. 

François n'hésite pas non plus à voyager pour faire bouger des lignes. L'une des grandes images du pontificat restera sa rencontre avec le patriarche Kirill, dans un aéroport de Cuba, en 2016. Près de mille ans après le grand schisme de 1054, un chef de l’Église catholique retrouvait un patriarche orthodoxe de Moscou. Un grand pas pour l'œcuménisme.