L’image est éloquente : celle du cardinal Bergoglio photographié dans le métro de Buenos Aires en 2009, comme un simple passager anonyme. Ses 21 ans d’épiscopat à Buenos Aires, en comptant sa charge d'auxiliaire, seront marqués par sa profonde attention aux pauvres et par un souci de dépouillement radical. Attaché à demeurer un simple prêtre parmi ses prêtres, le cardinal Bergoglio rejette tout le faste traditionnellement attaché à sa fonction, et délaisse le palais épiscopal au profit d’un simple appartement dans lequel il cuisine lui-même. Soucieux d’économies, il voyage très peu et sera ainsi absent du dernier consistoire convoqué par Benoît XVI, en 2012.
C’est en 1992 que le père Bergoglio, en disgrâce depuis 13 ans, est ordonné évêque auxiliaire de Buenos Aires, à la surprise générale. Le cardinal Antonio Quarracino, alors archevêque de la capitale, se rend à Rome pour convaincre Jean Paul II de nommer à ses côtés ce jésuite atypique, dont il avait apprécié l’humanité et les qualités de prédication à l’occasion d’une retraite. Devenu archevêque coadjuteur de Buenos Aires en 1997 puis archevêque de plein droit en 1998 après le décès de son prédécesseur, Mgr Bergoglio est promu cardinal par Jean Paul II en 2001. Surnommé "l’homme qui ne sourit jamais", le cardinal argentin assume dans son épiscopat une certaine gravité, se montrant proche des plus modestes mais sévère avec la classe politique.
Fermeté politique et tact humain
La fermeté politique et le tact humain du cardinal Bergoglio seront particulièrement remarqués lors de la grave crise politique et économique de 2001-2002. Tenant fermement la barre de son diocèse malgré le chaos régnant dans la capitale argentine, il prouve que l’Église catholique est capable d’assurer une certaine stabilité institutionnelle, par ses œuvres de charité et sa volonté de tracer des perspectives pour l'avenir malgré la dégradation des conditions de vie de la population.