PAPE LÉON XIV
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"Suivez l’Église, luttez avec tendresse et courage, je ne suis qu’un passage." Jamais cette citation de François n’aura autant habité Romain, Paula et Pierre depuis le 21 avril, jour de la mort du Pape. Catholiques de plus ou moins longue date, ils ont en commun de s’être forgés, humainement et spirituellement, au fil du pontificat de François. Le décès du Pape en ce lundi de Pâques laisse en chacun une émotion non contenue. Romain (29 ans) le raconte de but en blanc : "Le pape François, c’est l’une des raisons principales pour lesquelles j’assume d’être chrétien aujourd'hui". La nouvelle est tombée comme un couperet, au beau milieu d’un temps de prière organisé par le collectif Lutte et Contemplation dont il fait partie. "J’ai pleuré un peu le matin, car je voyais que cela touchait tous mes camarades. Puis un peu l’après-midi, car sa mort est devenue une réalité politique difficile. Et puis enfin un peu le soir, quand j’ai compris tout ce que François avait représenté pour moi."
Paula (28 ans) a, elle, le sentiment de vivre le "deuil d’un être cher". Salariée au CERAS (le Centre de Recherche et d’Action Sociale), elle réalise : "Il y a, en fait, très peu de papes ou de théologiens dont j’ai autant fréquenté la pensée. François, c’est un symbole, quelqu’un avec qui je sentais une familiarité". Pierre (30 ans), quant à lui, avoue s’être pris "une sacrée claque" au moment de l’annonce, durant le déjeuner familial. Converti en 2015 via un ami protestant, il a construit sa foi aux côtés de ce pape "extrêmement joyeux, pastoral et entier", dont il admirait tant la personnalité que les actes.
"Ma gratitude est immense"
Avec la disparition de François s’efface ainsi le profil d’un père spirituel, qui a nourri et accompagné une génération de jeunes catholiques adeptes de changement. De changements environnementaux, d’abord : si Bergoglio n’a pas été le premier pontife à parler de la crise climatique, il s’y est engagé avec une persévérance qui a inspiré nombre d’entre eux. "Ce qui était incroyable avec François, c’est la manière qu’il avait de mettre en relation les enjeux de foi et de justice sociale et écologique", confirme ainsi Paula. "Ma gratitude est immense pour cela. Et je crois que nous n’avons pas fini de vivre toutes les implications de ses intuitions profondes, qui nous parlent d’une foi et d’une sagesse immenses."

Romain.
En remettant les plus vulnérables au centre de la réflexion et de l’action de l’Église, François a également aidé une partie de "sa" jeune génération à réconcilier sa foi et son action politique. "C’est sûr que cette vision politique m’a énormément touché", réfléchit Romain. "Le pape François a représenté, au niveau spirituel, tout ce en quoi je crois, la défense des plus faibles, des plus marginalisés, l’inclusion. Il nous a invités à ne pas être tourné vers nous-même, mais vers l’accueil de l’autre." Si Romain a d’ailleurs choisi de s’investir dans le collectif Lutte et Contemplation, c’est bien "pour vivre le message de l’Évangile de façon radicale, pour lutter par amour, à l’image du pape".
"Je crains que notre Église se replie"
Trois jours après le décès du Saint-Père, les contours d’une future Église post-François se dessinent. Ils suscitent chez la génération pape François des craintes mêlées. "J’ai peur que les catholiques rentrent dans des bagarres stériles de dogme, de morale ou de liturgie, en oubliant que le reste du monde existe", redoute ainsi Pierre. Il évoque également l’inquiétude d’une gestion partiale de la crise des abus sexuels et abus de pouvoir. "Cela m’inquiète beaucoup. On a vite tendance à vouloir tourner la page, alors que l’Église n’en est qu’au début sur ces questions." Il conclut : "Comme le dit François, ‘on ne peut pas enfermer le Christ dans une belle histoire à raconter !’ Il ne faudra pas que l’on s’enferme dans une forme d’insécurité qui nous empêche d’aborder les problèmes réels de notre monde." Romain, de la même manière, estime avoir peur "que notre Église se replie sur elle-même, qu’on légitime ou laisse faire toutes sortes de violences, en laissant place à des comportements oppressifs, par exemple".
Continuer de faire vivre l’appel de François

Paula.
Le pape François, homme de rupture et de passage, n’a en tout cas eu de cesse de répéter que son action s’inscrivait dans un processus long, "et cela me console", sourit Paula. "Croire en la lenteur de ce processus est un des conseils qu’il nous laisse. Nous avons besoin de continuer d’intégrer sa pensée, de la connaître, de la revisiter dans les années qui viennent." Elle ajoute : "François, c’est l’exemple d’un leader qui est resté libre et prophète de son temps. Nous devons continuer de faire vivre son appel !" Laissons donc à François ces derniers mots d’encouragement pour celles et ceux qui l’ont suivi : "L'Église ira de l’avant (...). Le vent de l’Esprit n’a pas cessé de souffler. Faites bon voyage, frères et sœurs."
![[DOCUMENT] Le testament du pape François](https://wp.fr.aleteia.org/wp-content/uploads/sites/6/2025/04/newspaper-LOsservatore-Romano-announcing-the-death-of-Pope-Francis-Antoine-Mekary-ALETEIA-AM_5362.jpg?resize=300,150&q=75)