Que va-t-il se passer dans les prochains jours au Vatican ?

Après la constatation de la mort du Pape, le siège de Pierre est officiellement vacant. Dans cette situation exceptionnelle, plusieurs signes de deuil sont visibles au Vatican. Sur les palais et le siège des représentations diplomatiques, les drapeaux sont mis en berne, alors que l’un des battants de la Porte de bronze est tenu fermé pendant toute la durée de la vacance du pouvoir.

Avec la mort du Pape, les cardinaux du collège reçoivent de la part des gardes suisses les mêmes honneurs que le Pape recevait de son vivant. Les gardes suisses doivent protéger le collège cardinalice durant toute la vacance.

En raison de la fête de Pâques, la Curie romaine - l’administration vaticane - était en vacances. Les employés du Vatican étaient censés rester en congés jusqu’à mercredi. "Mais le mercredi 23 avril étant la saint Georges, la fête onomastique du pape défunt, ce jour demeure théoriquement férié au Vatican", confie un prêtre travaillant dans un dicastère du Saint-Siège.

Avec la mort du Pape, tous les cardinaux doivent rejoindre Rome le plus tôt possible. Le cardinal polonais Konrad Krajewski, préfet du dicastère pour la Charité, a ainsi pris un avion cet après-midi depuis Varsovie pour gagner la Ville éternelle. Le cardinal Aveline, archevêque de Marseille, arrivera à Rome demain après-midi, a appris I.Media. De son côté, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque émérite de Lyon, a confirmé à I.Media se préparer à rejoindre Rome rapidement. Comme quatre autres cardinaux français, il participera au conclave qui élira le 267e pape. "Je me sens prêt mais je ne sais pas encore pour qui voter. Mes trois critères seront la capacité du futur pape à être à la fois un spirituel, un théologien et un pasteur", a-t-il confié.

La première "congrégation générale" des cardinaux aura lieu mardi matin, même si tous les cardinaux ne sont pas encore réunis. Ces congrégations regroupent les membres du Collège cardinalice – qui sont actuellement 252, dont 135 électeurs –, avec le pouvoir de traiter les questions courantes et urgentes liées à la vie de l’Église catholique. Ils fixent notamment la date et les horaires des obsèques du pontife défunt, et préparent également l’élection du nouveau souverain pontife. Les cardinaux de tous âges peuvent librement prendre la parole.

En tant que doyen du collège cardinalice, c’est le cardinal italien Giovanni Battista Re qui présidera ces réunions à huis clos. À 91 ans, ce très bon connaisseur de la Curie romaine a été une figure importante du pontificat de Jean Paul II, ayant été substitut de la secrétairerie d’État de 1989 à 2000 – le poste correspond, en langage profane, à ceux, cumulés, d’un chef de cabinet et ministre de l’Intérieur du Pape. De 2000 à 2010, il a exercé la charge de préfet de la congrégation pour les Évêques.

Probablement mercredi, le corps du pape François placé dans son cercueil sera transporté en procession à la basilique Saint-Pierre de Rome. Il sera placé près de l’autel majeur, aspergé d’eau bénite et encensé. Les fidèles pourront alors venir lui rendre hommage. Pour Benoît XVI, décédé le 31 décembre 2022, quelque 200.000 fidèles étaient venus prier devant le catafalque du pontife allemand durant trois jours. En 2005, pour la mort de Jean-Paul II, plus de deux millions de fidèles avaient défilé pour se recueillir devant le pape polonais. Certains avaient attendu jusqu’à 24 heures avant d’entrer dans la basilique Saint-Pierre. 

La date des funérailles est encore inconnue mais elles pourraient avoir lieu samedi prochain. La date sera déterminée lors des congrégations générales qui débutent demain. Des dizaines de chefs d'État sont attendus à Rome.

Pour Jean Paul II, décédé le 2 avril 2005 à 21h37, les funérailles avaient eu lieu le 8 avril place Saint-Pierre. Quelque 200 dirigeants internationaux s’étaient rendus à Rome pour les obsèques célébrées par le cardinal Joseph Ratzinger, futur Benoît XVI. Le président français Jacques Chirac, le Polonais Alexander Kwasniewski et son prédécesseur Lech Walesa, ou encore l’Américain George W. Bush, accompagné par ses prédécesseurs Bill Clinton et George Bush père étaient notamment présents. Plus d’un million de fidèles avaient assisté à cette cérémonie.

Pour Benoît XVI, 50.000 personnes avaient assisté à son enterrement place Saint-Pierre. Le pape allemand, qui avait renoncé au siège de Pierre dix ans plus tôt, avait été enterré le 5 janvier 2023.

Contrairement à ses prédécesseurs contemporains, le pape François a souhaité être enterré à la basilique Sainte-Marie-Majeure. C’est le bureau des célébrations liturgiques pontificales qui précisera alors les modalités et la liste des personnes qui l’accompagneront. 

Le pape François a une affection particulière pour cette basilique située au cœur de Rome. Il s’y est rendu plus de 120 fois depuis son élection en 2013. À sa sortie de l’hôpital, il y a un mois, il avait tenu à faire un détour par Sainte-Marie Majeure pour y faire déposer un bouquet de fleurs jaunes qu’une fidèle lui avait apporté au Gemelli de Rome. Le 12 avril dernier, il s’y est rendu sans préavis pour y prier de nouveau devant l’icône de la Vierge ‘Salus Populi Romani’. 

Le pape François ne sera pas le premier à être enterré dans cette église chère aux Romains. Sept autres papes l’ont été avant lui. Le dernier est Clément IX (1667-1669).