Dans les prochaines heures, les cardinaux du monde entier vont se retrouver à Rome avant d’entrer en conclave pour élire le prochain Pape. Parmi eux, cinq Français. Découvrez qui ils sont.
PAPE LÉON XIV
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Depuis l’annonce de la mort du Pape en ce lundi de Pâques, les 135 cardinaux électeurs sont en train de modifier leurs agendas et de prendre leurs billets d’avion pour se rendre rapidement à Rome et participer aux congrégations générales qui commencent dès ce mardi 22 avril. Parmi eux cinq Français, créé cardinal ces dernières années et âgés de moins de 80 ans, condition nécessaire pour participer au Conclave. Les cinq Français qui participeront à l’élection du prochain Pape sont le cardinal François-Xavier Bustillo, 56 ans, le cardinal Jean-Marc Aveline, 66 ans, le cardinal Dominique Mamberti, 73 ans, le cardinal Philippe Barbarin, 74 ans, et le cardinal Christophe Pierre, 79 ans.
François-Xavier Bustillo
Mgr Bustillo, archevêque d'Ajaccio, a été créé cardinal le 30 septembre à Rome par le pape François.
Tiziana FABI / AFP
Évêque de Corse depuis 2021, le franciscain conventuel François-Xavier Bustilloa été nommé cardinal en 2023. Proche du cardinal Aveline, qui l'a ordonné évêque, ce basque espagnol a fait ses études à Padoue et à Toulouse. Il a été remarqué par le pape François, après que celui-ci ait lu son livre sur la vocation du prêtre; livre que le pontife a ensuite souhaité offrir à tous prêtres du diocèse de Rome. Passé par Narbonne, Mgr Bustillo a été provincial des franciscains conventuels en France et Belgique, puis gardien du couvent Saint-Maximilien-Kolbe, à Lourdes. Pendant ces années, il se voit confier d’autres responsabilités au sein de son diocèse, notamment celles concernant les abus entre 2018 et 2021. En Corse, il fait l'unanimité et est très proche à la fois de ses prêtres et des Corses, avec lesquels il affirme avoir noué une relation de confiance.
Concerné par l'unité de l'Église, le cardinal Bustillo s'est montré capable de conjuguer un style bergoglien - pauvreté, proximité, engagement - avec un certain respect des traditions, en encourageant les confréries en Corse. Il a également signé un livre en 2023, cette fois sur la vocation épiscopal, avec Mgr Peña Parra, le substitut de la secrétairerie d’État, dont la préface est signée par le pape François. Ce dernier, visiblement séduit par le dynamisme du diocèse insulaire du cardinal, a effectué, à la surprise générale, un voyage d’une journée à Ajaccio pour parler de la piété populaire en Méditerranée en décembre 2024. Un voyage qui restera dans l’histoire comme le tout dernier déplacement du pape François hors d’Italie.
Jean-Marc Aveline
Mgr Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille.
NICOLAS TUCAT / AFP
Dynamique et charismatique, l'archevêque de Marseille, et tout récemment élu Président de la Conférence des évêques de France, Jean-Marc Aveline, est devenu la figure majeure de l'Église en France durant le pontificat de François. Issu d'une famille de pieds-noirs, il a été forcé de quitter l'Algérie dès son plus jeune âge pour rejoindre Marseille.
Il a connu dans la cité phocéenne une enfance humble et a gardé une sensibilité importante pour les questions sociales et liées aux migrations. Spécialiste du dialogue interreligieux, notamment avec l'islam et le judaïsme, il a longtemps enseigné dans ce domaine avant de devenir vicaire général, puis évêque auxiliaire et enfin archevêque de Marseille. Bergoglien dans le style et dans les thématiques qu'il porte, il a réussi son pari de faire venir le pape à Marseille en septembre 2023, à l’occasion des rencontres méditerranéennes.
À Rome, où il vient deux fois par mois, le Français devenu cardinal en 2022 siège notamment au dicastère pour les Évêques. Il a pu mettre en avant ses qualités de synthèse et de prudence lors du Synode sur la synodalité. Apprécié des médias, Jean-Marc Aveline est parfois cité parmi les cardinaux qui compteront dans le gouvernement de l'Église universelle même s'il maîtrise encore mal la langue italienne.
Dominique Mamberti
Le cardinal Mamberti célèbre une messe pour la France à la basilique Saint-Pierre, le 30 mai 2023.
Le cardinal Dominique Mamberti est sans doute le moins connu des cinq Français qui participeront au conclave. Né en 1952, il vit et travaille à Rome depuis de nombreuses années comme diplomate. Depuis 2014, il dirige le Tribunal suprême de la Signature apostolique, la plus haute cour de justice du Vatican. Originaire du petit village de Vico dans les montagnes corses, Dominique Mamberti a fait des études de droit à Strasbourg avant de rejoindre le séminaire français de Rome et l’Université pontificale grégorienne. Il choisit cependant d’être incardiné à Ajaccio et y est ordonné en 1981. Néanmoins, après trois ans, il rejoint l’Académie ecclésiastique pontificale où il devient diplomate du Saint-Siège. Parmi ses affectations, l’Algérie où, en 1996, il vivra en direct l’enlèvement des moines de Tibhirine, un épisode qui le marquera fortement.
En 2006, Benoît XVI et son secrétaire d’État, le cardinal Tarcisio Bertone, le choisissent pour occuper un des postes les plus importants de la Curie, celui de secrétaire pour les relations avec les États de la secrétairerie d’État, soit le ‘ministre des affaires étrangères’ du Vatican. Mgr Mamberti occupera cette fonction jusqu’en 2014, date à laquelle le pape François décide d’en faire le préfet de la plus importante instance juridique du Vatican, le Tribunal suprême de la Signature apostolique. Si certains le décrivent comme un « pilier » de la présence française au Vatican, d’autres considèrent qu’après près de 40 ans passés au service du Saint-Siège, il est désormais plus ’Vaticanais’ que Français. Reste qu’il fait partie du petit cercle qui renseignait le pape François sur l’Hexagone. Homme de l’ombre et discret comme doit l’être un diplomate, il ne s’est que très rarement confié à la presse. A peine a-t-il été aperçu sur son île natale, lors du voyage du pape en Corse en 2024, auquel il a participé.
Philippe Barbarin
24 juillet 2017, Mgr Philippe Barbarin prend un temps de prière dans l'église Al-Tahera (Notre-Dame de l'Immaculée Conception) de Qaraqosh, où il vient de célébrer une messe.
Jean-Matthieu GAUTIER/CIRIC
Figure importante de l'Église en France de ces vingt dernières années, Philippe Barbarin est né au Maroc en 1950. Nommé à seulement 51 ans archevêque de Lyon et créé cardinal dans la foulée, il a déjà participé à deux conclaves. Surnommé un temps "Mgr 100.000 Volts" pour son énergie et ses innovations, il est considéré comme conservateur sur la doctrine de l'Église et moderne dans l'annonce de la foi. Il participe en 2012 au lancement des mobilisations contre la légalisation du mariage homosexuel. Sa position est fragilisée à partir de 2016, avec la révélation de l’affaire Preynat, qui le conduira à être condamné par la justice civile en première instance avant d’être relaxé par la Cour d’appel de Lyon en février 2020. Le pape François accepte sa démission peu après et est resté proche de lui. En août 2022, il a participé à Rome aux réunions des cardinaux autour du pontife argentin. Grand défenseur des chrétiens d'Orient, il vit à présent dans le diocèse de Rennes où il est aumônier dans une maison religieuse.
Bien qu’il soit âgé de 79 ans, le cardinal Christophe Pierre est toujours en mission au poste, aussi prestigieux que stratégique, de nonce aux États-Unis. Ce natif de Rennes, qui ne manque pas d'exprimer son attachement à la Bretagne, a pris en 2016 le relais aux États-Unis de Mgr Carlo Maria Viganò, dans une situation tendue puisque son prédécesseur s’est montré l’un des détracteurs du pontificat de François.
En le nommant cardinal par surprise, le pape François lui a demandé de garder ce poste jusqu'à ses 80 ans. Doté d'un sens diplomatique éprouvé, Christophe Pierre est l'aîné d’une famille de six enfants. Il est né le 30 janvier 1946 à Rennes et a intégré le séminaire à l’âge de 17 ans. Ordonné prêtre en 1970, il fait d’abord une maîtrise de théologie à l’Institut catholique de Paris, servant trois ans comme vicaire dans une paroisse du diocèse de Nanterre, puis intègre l’Académie pontificale ecclésiastique à Rome. Il rentre au service diplomatique du Saint-Siège en 1977 et sera affecté dans de nombreuses nonciatures avant d’être nommé nonce apostolique en Haïti par Jean Paul II en 1995. Il est consacré évêque le 24 septembre 1995 à Saint-Malo. Quatre ans plus tard, en 1999, l’archevêque est nommé nonce en Ouganda.
En mars 2007, Benoît XVI le désigne nonce au Mexique, pays qui recevra la visite de Benoît XVI (2012) puis de François (2016). Le 12 avril 2016, le pape François le nomme nonce apostolique aux États-Unis d’Amérique. Un poste délicat car Mgr Pierre est confronté aux États-Unis à une Église en pleine tourmente, choquée par les révélations d’abus de l’ancien cardinal McCarrick et déchirée entre ‘progressistes’ et ‘conservateurs’. Le nonce français, reconnu pour sa fibre pastorale, s’efforce d’œuvrer pour l’unité et défend la synodalité promue par le pape François.