PAPE LÉON XIV
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Nous n’avons pas fini de méditer sur le renouveau qui a saisi l’Église de France sous le pontificat de François, renouveau qui ne s’est pas manifesté comme il y a cinquante ans par l’éclosion de communautés nouvelles, ni comme il y a vingt-cinq ans par des promotions de jeunes clercs à col romain droits dans leurs bottes, sans doute forgés pour le martyre et pour cette raison, peu sensibles à la nuance. Nous avons contemplé autre chose. Nous avons vu surgir des chrétiens qui n’ont été conduits au Christ ni par l’émotion de l’instant, ni par le tracassin identitaire. C’était la génération du pape François.
Vers nos véritables racines
Dieu ne cesse de nous rappeler que les forces du mal sont incapables de l’emporter sur son Église, envers et contre toutes les apparences, à nous qui avions pris Jérôme Fourquet au pied de la lettre, et aussi au pied de la lettre les provocations du défunt pape, jésuite argentin épanoui dans le paradoxe, capable de nous malmener pour nous faire grandir. François nous a conduits à sa façon vers nos véritables racines.
Dans ma paroisse, ma femme et moi avons rencontré ces dernières semaines des catéchumènes qui n’avaient reçu aucun héritage conscient de culture catholique. Ils découvraient avec une joie indicible que le Christ ressuscité leur offrait le Salut, mais aussi qu’en prime, avec une subtile délicatesse, notre vieille maison leur proposait la richesse d’un bonheur culturel capable de combler toute leur vie intellectuelle : une histoire, une géographie, une galerie de saints, une littérature, une architecture, une musique, une peinture, une amitié. Bref, en devenant chrétiens, ils s’avisaient qu’ils devenaient ce qu’ils étaient, des Français fils de Clovis, de saint Louis et de Bernanos. Le paysage physique et mental qui les entourait prenait sens. Car le Christ, en s’incarnant, est allé jusqu’à nous réconcilier avec notre motte de terre. Ressuscité, il a mangé du poisson grillé au bord d’un lac. Il n’a pas méprisé la culture gastronomique de la Galilée. Il aime la nôtre. Dieu sait combien je me méfie de ce qu’on appelle la civilisation chrétienne. Il n’empêche, nous avons besoin de savoir d’où nous venons et quelle est la dette que nous avons vis-à-vis de nos pères.
Pas de salut dans l’ordre et la soumission
Quand nous sortons de nos églises qui recommencent à se remplir (cinquante assistants à la messe dominicale dans mon église rurale contre trente il y a dix ans et moins de vingt il y a trente ans), le spectacle que nous offre le monde est celui d’un affreux dénuement. Le pape François n’a pas cessé de nous le dire quand nous avions envie de regarder ailleurs. Dans ce monde souffrant d’une terrible misère, monde qui attend toujours son hôpital de campagne, les élites européennes se précipitent dans la soumission à l’ordre du monde. Elles auront ce qu’elles cherchent, l’ordre et la soumission.
Le charisme du pape François aura été de nous faire comprendre, à nous vieux Européens, qu’il n’y aura pas de salut dans l’ordre et de la soumission. La Grande Guerre a été gagnée par les capitaines, dit-on. Ce ne sont pas les généraux qui ont rallié la France libre, mais les lieutenants. La nouvelle France chrétienne sera celle des pères de familles de la génération François, ceux qui se donnent sans calcul et découvrent d’où ils viennent avec fraîcheur et sans nourrir de complexe.