Un jour ils quitteront la maison et on se dira "déjà ?". Mais en attendant, entre travail et enfants, pour beaucoup de parents, la vie de famille ressemble à un marathon épuisant. Comment sortir de cette équation infernale ?
Consentir au réel
Instagram n’est pas la vraie vie, mais à force de voir les vies rêvées des autres, on finit par croire que tous y arrivent… sauf nous. Or, la réalité est tout autre. Des enfants vivants parlent, pleurent, crient, ont faim. Les êtres vivants ont des cartables, des chaussures, des jouets, prennent des goûters et ne naissent pas avec le mode d’emploi pour le rangement. "Une famille qui vit, c’est du bazar", reconnaît Caroline, fan de déco. J’ai renoncé à vivre dans une maison de magazine et surtout, j’ai prévu des modes de rangement faciles et rapides !" Tenir compte de l’autre, accepter sa différence, c’est-à-dire apprendre l’altérité, prend du temps. Les disputes aussi, c’est la vie !
Discerner le nécessaire du superflu
Pris dans un tourbillon, nous finissons par agir par une sorte de mimétisme hypnotique. Faire une pause peut permettre de se poser des questions : sur les activités des enfants (combien ? où ? avec quel intérêt ?) ; sur le programme des week-ends (quel temps pour le repos, le spontané, le désir qui survient ?) ; sur le soin aux enfants (hygiène, vêtements, mais aussi relation, qualité des repas…). En entretien de conseil conjugal et familial, des parents épuisés confient leur exigence à lire deux histoires à chacun de leurs enfants ou à prendre un temps privilégié avec chacun chaque semaine, en plus des repas frais et des anniversaires avec toute la classe. Cette réflexion peut aussi concerner l’entretien de la maison ou le rapport au travail, qui s’immisce dans la vie de famille "grâce" aux smartphones. Quand on peut faire toujours plus et toujours mieux, à quel moment s’arrêter ?
Faire des vrais choix
"Un jour, j’ai réalisé que ma vie était à 90% le résultat de mes choix… et que je n’arrêtais pas de m’en plaindre !", confie Jeanne. Reconnaissons-le, aujourd’hui, en France, on a généralement choisi son conjoint, choisi d’avoir des enfants, choisi son travail ou son lieu d’habitation. Rien n’est parfait bien sûr mais notre époque bénéficie d’une grande liberté, avec la réalité d’une culture, d’une éducation, d’études, de capacité de travail… Et pourtant que de râleries : attendons-nous de la compassion ? Du mérite ? "J’ai pris conscience de ma responsabilité dans ces choix et j’essaie maintenant d’être dans la gratitude tout en étant attentive, dans mon quotidien, à dire des vrais oui et des vrais non. Quitte à déplaire". Être adulte consiste à faire des choix, à sortir d’un idéal et à accepter le réel : la perfection n’existe pas. Toute situation a des éléments positifs et des éléments négatifs.
Etablir un diagnostic
Ce qui n’empêche pas de chercher ce qui peut peser dans sa vie et qui rend ce nécessaire de la vie de famille si excessif. Dire non à quelque chose, c’est dire oui à autre chose. À quoi aimerais-je dire non ? Sollicitations extérieures ? Vision idéalisée de mon rôle de père ou de mère ? Fatigue ? Et si les écrans et le bruit étaient les éléments amplificateurs de ce trop ? À quoi aimerais-je dire oui ?
Oser ralentir le rythme

Certaines fausses idées contribuent aux excès de nos modes de vie et à cette fameuse charge mentale qui malmène hommes et femmes : les femmes seraient multitâches (et par égalité, les hommes devraient le devenir !) et on peut toujours faire mieux ! Or notre corps n’est pas conçu pour être sur-stimulé 18 heures par jour mais pour vivre à un rythme régulier, avec des phases actives et des phases passives, et de temps en temps du stress pour affronter l’imprévu. Mettre en place un rythme régulier pour les repas, les dodos, les courses, peut alléger la charge mentale en évitant au cerveau de tout réinventer chaque jour. Ces routines donnent aussi des repères aux enfants à qui il n’est ainsi plus nécessaire de tout expliquer et négocier.
Le monde extérieur sature nos sens, les fatigue, crée de la dispersion et de l’énervement. Habiter le présent en pleine conscience permet de se reconnecter à soi et à ceux qu’on aime : donner le bain des enfants, sans rien faire d’autre. Cuisiner, accompagner les devoirs, sans être dérangé ; portable, musique et télévision éteintes, ouvrent d’autres perspectives de temps et de relation. Si c’est difficile de se centrer ainsi, la sophrologie ou la méthode Vittoz peuvent être des outils d’apprentissage. Le bénéfice n’est pas seulement dans l’ambiance à la maison mais aussi dans la qualité de sommeil, le ressenti du corps et l’état de santé.
Oser s’inspirer des amis pour faciliter la vie de famille
"Comment faites-vous ?", demande souvent Laure à d’autres mamans de sa génération, mais aussi de générations précédentes, ou de modes de vie différents. Parfois, on est la tête dans le guidon, selon une manière de vivre propre à “son milieu social”, avec une certaine vision du monde… qui n’est pas forcément universelle. Ainsi revient souvent le conseil de mettre en place des routines et s’y tenir 80% du temps : retour école 17H – goûter puis devoirs – Bain et douche à 18H – jeux jusqu’à 19H – dîner 19H – dents, préparer les affaires du lendemain, lecture… 19H45-20H dodo ! Ce rythme devient une habitude… et de temps en temps, on fait de l’exceptionnel qui sera apprécié comme une fête. Autre conseil apprécié : pour beaucoup de couples, la naissance des enfants signe la fin du couple ! Devenir parent prend tout l’espace laissé par la vie professionnelle. Réserver de vraies soirées pour les parents, sans enfants, sans portable et sans travail, peut aider à entretenir la flamme et le lien amoureux. On peut même en faire une règle de vie : 4 soirées/semaine sans écran permettent de jouer à deux, se câliner, lire un vrai livre. Des temps de diminution de l’attention qui préparent le sommeil. Enfin, prendre le temps d’une pause pour se prendre dans les bras : parents-enfants mais aussi en couple. Pas en préliminaire systématique d’une union sexuelle mais pour se reconnecter !
En faire moins mais mieux permet de profiter de cette vie de famille, voulue, rêvée. Ainsi quand les enfants partiront, regrettera-t-on moins ce dont on aura bien profité !