PAPE LÉON XIV
Inscrivez-vous gratuitement à notre newsletter quotidienne.
Aujourd’hui, dans l’Église de France, le parcours catéchuménal est long, en moyenne deux ans, particulièrement bien construit, développé par étapes successives pour conduire ceux qui demandent à recevoir le sacrement de baptême vers une décision ferme et voulue dans la nuit de Pâques. Ces deux années font entrer dans l’initiation chrétienne et la découverte de la foi grâce à la rencontre personnelle avec Jésus. Le catéchumène est amené à prendre part à la vie de l’Église — ce qui change ses rapports avec sa famille et son entourage — et à prendre des engagements nouveaux dans la vie de tous les jours, qu’ils soient caritatifs, sociaux, religieux.
Dans la France des périphéries
Ces étapes sont bien conçues et s’adressent aux adolescents ou aux adultes qui découvrent l’Église et la foi, mais pour les jeunes qui vivent déjà dans un monde où Dieu existe, ce parcours est trop compliqué, et surtout trop long. Car il faut prendre en compte une vraie rupture entre deux France, celle, traditionnelle, qui a oublié ses racines chrétiennes, et celle des quartiers populaires et des cités où Dieu est présent partout, où il fait partie de la vie de tous les jours, où beaucoup prient, où tous respectent la religion et la foi des autres. Pour la France qui ne connaît pas Dieu, si ce n’est par l’histoire, la tradition ou l’art, le parcours catéchuménal est adapté et efficace, il a fait ses preuves et s’il le fallait, les nombreux baptêmes de ce dimanche de Pâques en sont un signe. Pour la France des périphéries où Dieu est présent, la question de son adaptation doit se poser. Il faut un peu plus de pragmatisme.
En effet, les jeunes qui frappent à la porte de l’église pour demander une conversion vers le catholicisme vivent dans un univers où l’on prie, la foi est répandue et s’exprime dans diverses religions. Ils ont le feu en eux, l’Esprit souffle, et aller pour eux vers les évangélistes serait plus simple et plus rapide : en deux semaines, on reçoit l’eau du baptême. S’ils vont vers les catholiques, c’est parce que le message d’amour et de foi est plus fort, plus exigeant aussi ; parce que la paroisse est vivante, accueillante, mais surtout parce qu’ils sont demandeurs de plus de formation, de plus de réflexion et de prière dans une démarche spirituelle profonde. D’où la question : peut-on baptiser plus rapidement ?
Un parcours du néophyte
Une réponse vient de l’apôtre Pierre dans son échange avec le centurion Corneille : "En vérité, je le comprends, Dieu est impartial : il accueille, quelle que soit la nation, celui qui le craint et dont les œuvres sont justes" (Ac 10-34). Et il continue : "Quelqu’un peut-il refuser l’eau du baptême à ces gens qui ont reçu l’Esprit Saint tout comme nous ? Et il donna l’ordre de les baptiser au nom de Jésus Christ. Alors ils lui demandèrent de rester quelques jours avec eux" (Ac 10-47.48). L’apôtre Philippe fait de même avec l’éthiopien eunuque de Candace qui dit : "Voici de l’eau : qu’est-ce qui empêche que je sois baptisé ? Il fit arrêter le char, ils descendirent dans l’eau tous les deux, et Philippe baptisa l’eunuque" (Ac 8-36). L’Église a continué dans le même sens comme l’a montré saint Cyrille de Jérusalem avec une catéchèse systématique et réaliste, consacrée à la renaissance du chrétien par le baptême.
La question essentielle de l’accompagnement
Avec un parcours plus rapide, se pose alors la question essentielle de l’accompagnement. Le jeune catholique qui n’a pas suivi avant son baptême la longue formation de catéchumène doit pouvoir la suivre dans une sorte de parcours du néophyte, dans lequel il s’ouvrira plus encore à la foi chrétienne : il fera l’expérience d’une rencontre personnelle avec Jésus en recevant les grâces du sacrement, il prendra part à la vie de l’Église comme membre à part entière, sans se sentir comme un participant de seconde zone. Plus encore, avec ce "néophytat", il aura un engagement missionnaire, avec d’autres frères, pour aller au-devant de ceux qui ont soif de Dieu.
Ce nouveau chrétien, choisissant l’Église catholique, accueilli, instruit, membre à part entière de la communauté, sera une richesse pour tous au souffle de l’Esprit. Ses différences seront balayées, il sera levain dans la pâte comme nous devons tous l’être. Benoît XVI disait : "Demandons au Seigneur de nous aider à acquérir un christianisme complet qui englobe toute notre vie et fasse de nous des témoins crédibles du Christ, vrai Dieu et vrai homme."
