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De nouvelles révélations désolantes sur l’abbé Pierre

ABBE-PIERRE-AFP

Abbé Pierre.

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Agnès Pinard Legry - publié le 18/04/25
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Un livre intitulé "Abbé Pierre, la fabrique d’un saint" (Allary Editions) brosse en profondeur "la face sombre" du célèbre capucin français. Les auteurs, deux journalistes de Radio France, racontent avoir consulté des archives du Vatican montrant que le Saint-Siège était au courant "dès l'automne 1955" de ses agissements. L’Église en France "va se rapprocher" du Vatican pour "faire la lumière" sur ce qui était précisément connu.

PAPE LÉON XIV

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Qui était vraiment l’abbé Pierre ? Manipulation, soutien au maréchal Pétain, propos antisémites et gestion opaque des fonds d'Emmaüs… Un livre enquête, Abbé Pierre, la fabrique d’un saint (Allary Éditions) publié le 17 avril vient écorner un peu plus une image déjà assombrie du fondateur d’Emmaüs. Dans ce livre, les journalistes Laetitia Cherel et Marie-France Etchegoin racontent avoir consulté des archives du Vatican, et notamment celles du pontificat de Pie XII ouvertes en 2020, montrant que le Saint-Siège était au courant "dès l'automne 1955" des agissements de l'abbé Pierre, décédé en 2007, visé depuis 2024 par une série d'accusations d'agressions sexuelles.

Les deux journalistes rapportent que les premières alertes sont venues du continent américain, plus précisément de l’archevêque de Montréal, où, en voyage en mai 1955, l’abbé Pierre a "embrassé, étreint, caressé et touché des femmes qui s’en sont plaintes". La même année plusieurs témoignages remontent directement au Saint-Office (qui deviendra par la suite le dicastère pour la doctrine de la foi, chargée des questions doctrinales et disciplinaires, ndlr). L’un de ses commissaires, le père Paul Philippe, connu pour avoir contribué à faire condamner les dominicains Thomas et Marie-Dominique Philippe, demande de recueillir l’avis d’un psychiatre sur l’abbé Pierre. La même année un autre prêtre, le père Joseph Géraud, écrit lui aussi au Vatican rapportant des "choses immorales" commises par l'abbé Pierre lors de sa "tournée" outre-Atlantique faisant notamment allusion à des attouchement commis sur des femmes.

Avertit également du comportement de l'abbé Pierre l'archevêque de Paris d'alors, Mgr Maurice Feltin botte aussi en touche d'après un compte-rendu du Saint-Office consulté par les journalistes en indiquant qu'il ne dépend pas de son diocèse mais de celui de Versailles. Plus loin, les journalistes évoquent l'existence d'une lettre du Vatican datée du 11 novembre 1955 envoyée à Mgr Alexandre Renard, alors évêque de Versailles, pour le sommer d'ouvrir "une procédure judiciaire". "Il semble que les relations ‘inhonestae’[déshonorantes] de l’abbé ont été moins graves qu’il n’a été dit", répond toutefois l’évêque, qui insiste parallèlement sur le fait qu'en France le prêtre est devenu "un symbole aux yeux des masses qu’il galvanise à la manière d’un prophète". Deux ans plus tard, une monition canonique du Vatican, c'est-à-dire un avertissement adressé par l'autorité ecclésiastique avant que ne soit infligée une censure ou prononcée l'excommunication, est néanmoins infligé à l'abbé Pierre.

Les documents consultés par les journalistes mettent également en lumière une personnalité colérique et confondant volontiers son compte bancaire personnel avec celui d'Emmaüs. "C’est un malade", a ainsi écrit le théologien Jacques Maritain évoquant l’abbé, qu’il décrit comme "schizophrène". Le livre révèle également comment l'abbé Pierre, recevant les donations pour Emmaüs sur son compte bancaire personnel, a parfois utilisé l’argent à son propre bénéfice, en allouant même de "gros budgets de Minitel Rose".

Une demande formulée dès septembre 1955

La nonciature en France a dit à l'AFP n’avoir "aucun commentaire à faire" sur le sujet. De son côté, l’ambassade de France près le Saint-Siège a répondu ne "disposer d’aucun élément supplémentaire à apporter sur cette affaire". S'appuyant sur les archives du dicastère pour la Doctrine de la foi, qu'elles ont pu consulter en mars 2025 à Rome, les deux journalistes rapportent aussi une demande formulée en septembre 1955 par le Saint-Office au nonce apostolique alors en poste en France, Paolo Marella, "de suivre de près le cas de l’abbé Pierre". Pour mémoire, le pape François avait assuré en septembre que le Vatican était au courant, au moins depuis la mort de l'abbé Pierre en 2007, des accusations de violences sexuelles.

La Conférence des évêques de France (CEF) a annoncé le 17 avril, dans la foulée de la publication du livre, qu’elle allait "se rapprocher de la Nonciature (ambassade du Saint-Siège, ndlr) et du Vatican pour faire la lumière sur ces éléments dont elle n’avait pas connaissance, n’en ayant nulle trace dans ses archives". "Les éléments mis au jour sont graves, et méritent d’être creusés, pour comprendre ce qui s’est passé, et quel a été le comportement des évêques français" en responsabilité à l'époque, a-t-elle indiqué dans un message transmis à l'AFP. C'est "une bonne chose que la vérité puisse être faite, et c’est d’ailleurs pour cela que la CEF a ouvert" les archives du Centre national des archives de l'Église en France (CNAEF) dès septembre 2024, et demandé au Saint-Siège d’enquêter dans ses archives", souligne la CEF. Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président sortant de la CEF, avait annoncé en janvier 2025 avoir demandé à la justice française l’ouverture d’une enquête sur l'abbé Pierre "au regard de la gravité et de l’ampleur des nouveaux faits révélés".

Longtemps figure iconique de la défense des démunis, l’abbé Pierre – Henri Grouès de son vrai nom – était visé fin janvier par 33 accusations de violences sexuelles, certaines émanant de personnes qui étaient des enfants au moment des faits présumés. Ces agressions sexuelles et viols, commis entre les années 1950 et 2000, ont été révélés dans trois rapports depuis juillet 2024.

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