À l'occasion de l'Année jubilaire de l'Espérance, la Sainte Tunique du Christ conservée à la basilique Saint-Denis d'Argenteuil sera présentée à la vénération des fidèles du 18 avril au 11 mai 2025. Cette relique du Christ s'inscrit dans une liste assez longue d'objets liés à la vie de Jésus et présentant ainsi une dimension sacrée. Il est difficile d'en dresser une recension exhaustive mais plusieurs, en rapport avec la Passion, méritent une attention particulière en ce temps pascal même si leur véracité n'est pas complètement établie.
Un tissu "inconsutile"
La tunique conservée à Argenteuil est, selon la tradition, la tenue portée par le Christ lors de sa Passion. Elle est reconnaissable par son caractère inconsutile, c'est-à-dire le fait qu'elle soit sans couture. Tirée au sort entre les soldats qui ont assisté à la crucifixion de Jésus, la tunique, après de multiples tribulations, a finalement été offerte par Charlemagne à l'abbaye d'Argenteuil. En 1613, est reconnue par le pape Paul V la Confrérie de la Sainte Robe pour organiser le culte de la relique.
Pourtant, dès cette époque, la tunique connaît des démembrements, un premier morceau étant transféré à l'abbaye Saint Corneille de Compiègne. D'autres fragments seront donnés plus tard à d'autres lieux de culte en France et à l'étranger. En outre, une autre tunique est revendiquée par la cathédrale Saint Pierre de Trèves mais qui ne constitue plus qu'une petite pièce de tissus à l'origine incertaine. La tunique d'Argenteuil ne présente pas non plus de certitude quant à son origine mais aucune étude scientifique ne peut réellement en attester. Il faut noter que le groupe sanguin AB, assez rare, relevé sur le vêtement est le même que celui trouvé sur deux autres reliques, le suaire de Turin et celui d'Oviedo.
Suaires et linge mortuaires
Le Saint Suaire de Turin est considéré comme le linceul ayant enveloppé le Christ lors de sa mise au tombeau. Après diverses pérégrinations, il échoit au duc de Savoie Louis Ier et il est installé en 1578 dans la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Turin. Le suaire a été légué en 1983 par le dernier roi d'Italie Humbert II au pape Jean Paul II ; il est depuis la propriété du Saint-Siège. L'étoffe a fait l'objet de nombreuses études scientifiques en vue de fixer sa datation dont un examen au carbone 14. Là non plus, aucune certitude ne se dégage et l’Église ne souhaite pas de nouvelles expertises, considérant désormais le suaire plutôt comme une icône.
Le suaire d'Oviedo serait le linge appliqué sur le visage du Christ lors de sa crucifixion. Il est ainsi appelé parce que gardé dans la Camara Santa de la cathédrale d'Oviedo en Espagne. Comme dans les cas précédents, les études laissent penser à une datation plus tardive mais les partisans de l'authenticité peuvent facilement arguer de l'altération des analyses par les diverses épreuves du temps. Un autre linge mortuaire utilisé pour l'ensevelissement de Jésus-Christ est également proposé à l'adoration des fidèles. Il s'agit d'une coiffe qui servait de mentonnière connue sous le nom de la Sainte Coiffe de Cahors, parce qu'arrivée dans la capitale du Quercy entre le IXe et le XIIIe siècle selon les hypothèses. Un peu oubliée, la Sainte Coiffe a été remise à l'honneur lors du 900e anniversaire de la cathédrale de Cahors en 2019.
Les Saints Clous
À côté des linges, d'autres reliques de la Passion sont l'objet d'un culte. En premier lieu, il faut citer la Sainte Couronne, la couronne d'épines posée sur la tête du Christ à l'issue de son jugement. Découverte par l'impératrice sainte Hélène au IVe siècle et acquise en 1239 par le roi de France Louis IX, elle a été placée dans la Sainte-Chapelle, spécialement construite à cet effet, avant de rejoindre sa place actuelle, dans la cathédrale Notre-Dame de Paris où, suite à l'incendie de 2019, elle a été installée dans un nouveau reliquaire.
C'est aussi à sainte Hélène que l'on doit les reliques de la Sainte Croix dont les multiples fragments sont aujourd'hui dispersés dans toute l'Europe, le plus souvent dans de petits reliquaires appelés staurothèques. On pourrait évoquer bien d'autres reliques, du Saint Calice de la cathédrale de Valence en Espagne aux Saints Clous comme le Saint Mors conservé dans la cathédrale Saint-Siffrein de Carpentras.
Le Sacré-Berceau
Pour clore ce florilège, bien que ne dépendant pas de la mort du Christ mais de sa naissance, on ne peut omettre de mentionner, en cette Année jubilaire où les chrétiens sont invités à franchir les portes saintes des quatre basiliques majeures de Rome, le Sacré-Berceau dans lequel l'Enfant-Jésus aurait été couché après sa présentation au Temple et visible dans la basilique Sainte-Marie-Majeure.
Plutôt que de s’appesantir sur la réalité historique de ces reliques, mieux vaut, au moment où la piété populaire est remise à l'honneur par le pape François, discerner ce que ces témoignages peuvent apporter au cheminement des pèlerins de l'Espérance.