CONCLAVE - MORT DU PAPE FRANÇOIS
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C’était un lieu abandonné dont la mémoire est aujourd’hui retrouvée. Depuis quelques années, les membres de l’association des Amis de Saint-Germain se mobilisent pour faire revivre la chapelle éponyme. Il y a encore peu, elle semblait condamnée, masquée par les friches, assiégée par le silence et l’indifférence. Mais contre toute attente, son frêle clocher s’élève encore, défiant le temps et ceux qui prédisaient sa ruine et les murs ont tenu bon. Les années d’abandon laissaient des marques visibles : infiltrations, pierres fragilisées, végétation invasive…
Certes, la chapelle actuelle a été édifiée au début du XXe siècle. Mais le site est occupé par un sanctuaire depuis plusieurs siècles, intimement lié à l’histoire de la Bretagne. Ce n’est donc pas un hasard si cette chapelle touche autant ceux qui la redécouvrent. Elle se dresse sur un endroit lié à un épisode majeur de la guerre de Succession de Bretagne. En 1345, alors que son mari Jean de Montfort est prisonnier à Paris, Jéhanne de Flandre défend farouchement la ville d’Hennebont, toute proche, contre les troupes de Charles de Blois. Sur son cheval, torche au poing, elle incendie le camp ennemi, sauvant la ville et gagnant le surnom de Jéhanne la Flamme. Les soldats anglais tombés durant ces combats furent inhumés sur les terres de Saint-Germain, appartenant alors à l’hospice d’Hennebont.
Des Anglais, des protestants… et des soldats allemands
Au XVIe siècle, une chapelle de style gothique flamboyant y fut construite, destinée aux Anglais, avec des bancs en pierre intégrés aux murs – un élément rare. Il s’agissait d’un édifice protestant. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le lieu redevient stratégique. Une image peinte par un soldat allemand montre la chapelle en ruine, sans toiture. Les pierres servent alors à renforcer des abris militaires construits à proximité. Une unité de transmission allemande occupe les lieux entre 1941 et 1944, reliée au château de Kerlivio par un câble souterrain. Plusieurs blockhaus sont encore visibles aujourd’hui.

Jusqu’au milieu du XXe siècle, le site était aussi un centre économique rural. Trois grandes foires agricoles s’y tenaient chaque année : le lundi de carême (ou mi-carême), le 28 mai pour la fête de saint Germain, et le 31 juillet, pour la moisson. Les animaux étaient soigneusement répartis : cochons à l’entrée, chevaux à gauche de la chapelle, bovins à droite, et moutons près de l’ancienne chapelle. Les paiements des ventes se faisaient dans les cafés locaux tels que Tronvaria er Lagout ou Tavarn er Oèh. Une tonne de cidre trônait au centre du champ de foire.
Un avenir encore incertain
Dans les années 1950, l’abbé Le Bruchec, recteur de la paroisse de Saint-Gilles, relança la vie autour de la chapelle en y organisant une kermesse annuelle au profit de l’école. Cette tradition joyeuse dura 25 ans. Puis, de nouveau, l’abandon, jusqu’à ce jour. Aujourd’hui, la chapelle est enclavée sur un terrain privé, mais l’idée est de poursuivre les travaux de rénovation, déjà bien avancés. Yolen, l’une des bénévoles, confiait que “cette chapelle de Saint Germain sait encore rassembler les gens des environs”. Au-delà des pierres de granit, c’est là une ambition qui mérite d’être soulignée et encouragée.
Dernier signe d’espoir : le passage récent de la Troménie de Sainte-Anne, tout près de la chapelle. Comme une reconnaissance silencieuse, elle a été dans un véritable moment de communion fraternelle, un rappel que ce lieu oublié mérite à nouveau sa place dans le cœur des vivants.