Carême 2025
Ce contenu est gratuit, comme le sont tous nos articles.
Soutenez-nous par un don déductible de l'impôt sur le revenu et permettez-nous de continuer à toucher des millions de lecteurs.
Avant de célébrer la fête de Pâques, les chrétiens sont invités à se confesser. La confession est une rencontre avec la miséricorde divine qui, par le pardon reçu, permet de dissoudre le poids de la culpabilité. Cependant, pour de nombreuses personnes, le pardon qu’elles reçoivent ne parvient pas à calmer leurs scrupules et leur tempête intérieure. Une voix persistante leur répète : "Ce n’est pas suffisant. Je ne mérite pas de me sentir en paix, j’ai commis une trop grande erreur". Pourquoi ces pensées, à la frontière du spirituel et du psychologique, persistent-elles ? Et surtout, comment guérir cette fracture entre les scrupules de l’âme et la grâce déjà reçue ?
La racine de ce conflit se trouve souvent dans une vision morale déformée. Pour ceux qui souffrent de scrupules excessifs, la foi cesse d’être vécue comme un chemin d’amour et devient un système de règles rigides, où la peur de l’erreur domine tout. Dans ce contexte, la culpabilité n’est plus un appel à se repentir et à s'améliorer, mais un juge intérieur implacable.
En psychologie, ce schéma est reconnu comme une forme d'obsession : l'esprit s'accroche au souvenir du péché, rejoue sans cesse l'offense commise et remet en question la validité du pardon déjà reçu, comme si la miséricorde de Dieu dépendait de la perfection de l’homme, du type de péché ou du degré de la faute. L’homme se concentre donc davantage sur la faute commise que sur la grâce reçue.
Que disent les saints à ce sujet ?
Saint François de Sales, docteur de l'Église, reconnaissait ce danger lorsqu'il avertissait : "Le scrupule est un aiguillon qui tourmente l'âme ; il naît d'un excès d'amour-propre, qui fait craindre le déshonneur plus que le péché lui-même." Autrement dit, l’obsession de la perfection morale peut cacher un ego fragile, confondant l’amour de Dieu avec son orgueil, blessé d’avoir commis une faute qui l’entache.
De son côté, saint Alphonse de Liguori, patron des confesseurs et des moralistes, a insisté sur le fait que "Dieu ne nous demande pas des certitudes, mais de la confiance". Pour lui, le scrupule était un piège : en exigeant la certitude absolue d’être en état de grâce, la personne non seulement se méfie d’elle-même, mais doute même de l’efficacité du sacrement. Alphonse de Liguori a rappelé que la véritable repentance ne nécessite pas des émotions intérieures intenses, mais un acte d’humilité et de confiance. Mais attention : lorsque l’esprit est dominé par la peur, la recherche de l’humilité peut se transformer en autoflagellation.
Dieu, juge ou père ?

Cela est exacerbé par une culture religieuse qui a souvent mis l’accent sur la punition et la peur de l’enfer, plutôt que sur la miséricorde et la tendresse de Dieu. De nombreuses personnes grandissent avec l’image d’un Dieu juge sévère, plutôt qu’un Père aimant : une vision qui, paradoxalement, est en contradiction avec le cœur de l’Évangile.
C’est là que la théologie joue un rôle clé : si le pardon sacramentel est objectif, c’est-à-dire réel et indépendant des émotions que l’on peut ressentir, pourquoi l’homme remettrait-il en question sa validité ? La confiance dans l’Église et dans les sacrements, indépendamment de son ressenti, est indispensable pour chasser ses scrupules.
Comment sortir de ce cercle de culpabilité ?
Plus qu’une obligation, la confession doit être vécue comme une rencontre avec la compassion et la miséricorde de Dieu. Saint François de Sales conseillait aux personnes scrupuleuses : "Avancez avec simplicité, comme un enfant qui marche la main dans la main avec son père." Cela implique d’abandonner la sur-analyse de ses péchés, d’apprendre à faire confiance à la pleine miséricorde de Dieu et de croire qu’Il comprend les limites de chacun.
L’incapacité à se pardonner est souvent le reflet d’une blessure plus profonde : une incapacité à reconnaître sa propre dignité. La foi ne doit pas nourrir cette blessure, mais plutôt guérir cette relation blessée avec soi-même. Il peut donc être bénéfique de demander l’aide d’un accompagnateur spirituel pour apprendre à accueillir l’amour et la grâce de Dieu, plutôt que de se focaliser sur l’erreur et la punition.
Enfin, il est essentiel de se rappeler que la paix n’est pas une récompense pour la perfection personnelle, mais le fruit de la grâce acceptée. Comme l’écrivait sainte Thérèse de Lisieux : "La sainteté ne consiste pas à dire beaucoup de prières, mais à se laisser aimer par Dieu.". Accueillir cette paix comme un don gratuit de Dieu demande une vraie humilité, et conduit à la joie de se savoir aimé infiniment et inconditionnellement par Dieu.
Douze pensées lumineuses des grands saints sur la confession :

