Le Vatican a annoncé le lancement, ce 2 avril 2025, d'une version de son portail Vatican News en langue azérie. Il s'agit de la 56e langue employée par le média du Vatican.Carême 2025
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Le Vatican a annoncé le lancement, ce 2 avril 2025, d'une version de son portail Vatican News en langue azérie. Il s'agit de la 56e langue employée par le média du Vatican, qui sert à la fois de média, de canal d'information officiel et d'outil d'évangélisation. L'azéri ou azerbaïdjanais appartient à la famille des langues turques, comme le turc, l'ouzbek, le ouïghour ou le kazakh. Il est parlé par environ 30 millions de personnes dans le monde, qui se trouvent principalement en Iran et en Azerbaïdjan, deux pays où l'Église catholique est très minoritaire.
L'azéri s'intègre donc au large catalogue de langues dont dispose déjà le site d'information du Saint-Siège Vatican News. Le portail est actuellement disponible en 56 langues, dont l'hindi, le chinois, l'espéranto, l'hébreu, le vietnamien, le suédois, ou encore le latin et la langue des signes (pour les diffusions filmées).
En 2024, deux nouvelles langues ont été ajoutées : le mongol et le kannada, une langue régionale indienne parlée par près de 58 millions de locuteurs. Comme pour ces langues, la production de contenus éditoriaux en langue azérie se limite la plupart du temps à la traduction d'articles qui ont été rédigés par les équipes de Vatican News à Rome. Le seul journaliste en charge de ces traductions réside en Azerbaïdjan, et travaille sous la supervision du vicariat apostolique.
Il n'existe pas d'émission de radio en azérie diffusée par Radio Vatican pour le moment. Fondée en 1931 par le pape Pie XI, cette station de radio retransmet la parole du pape dans 30 langues dans plus de 70 pays à travers le monde.
Un instrument de dialogue
"Ajouter la langue azerbaïdjanaise aux nombreuses autres langues de Vatican News témoigne pour nous que, dans l'Église, il n'y a ni grand ni petit", a déclaré le préfet du dicastère pour la Communication, Paolo Ruffini. Mgr Vladimir Fekete, préfet apostolique de Bakou et seul évêque du pays, a soutenu le lancement de l'initiative, soulignant que la plupart des membres de la communauté catholique d'environ 600 personnes en Azerbaïdjan "ne parlent pas d'autre langue" que l'azéri. Le bénédictin s'est dit convaincu que le lancement du site "sera également utile à de nombreux non-croyants ou membres d'autres religions".
Andrea Tornielli, directeur éditorial des médias du Vatican, a estimé que Vatican News en azéri servait "non seulement à la diffusion de la parole du Pape, mais aussi au dialogue interreligieux". Parmi les premiers articles publiés en azéri sur Vatican News, on trouve un article intitulé "Chrétiens et musulmans : qui voulons-nous être ensemble ?" à l'occasion du Ramadan.
Le conflit avec l'Arménie en toile de fond
La date du lancement, le jour du 20e anniversaire de la mort de Jean Paul II, n'a pas été choisie au hasard par le Saint-Siège. Le pape polonais avait en effet été le premier pontife à se rendre en Azerbaïdjan en 2002. Le pape François s'y était rendu à son tour en 2016, après une étape en Géorgie.
Pays à majorité musulmane chiite, dont le président s'est rendu à plusieurs reprises au Vatican, l'Azerbaïdjan est apparu comme un partenaire privilégié pour le Saint-Siège dans sa volonté de promouvoir le dialogue avec l'islam. Toutefois, le pontife a récemment alerté sur la disparition des populations chrétiennes dans le Caucase.
Lors de son voyage à Bakou en 2016, le pape François a également insisté sur l'importance d'un "dialogue sincère" avec l'Arménie, avec laquelle l'Azerbaïdjan est en conflit depuis la chute de l'URSS. En 2024, il a de nouveau encouragé les belligérants à trouver un "accord de paix définitif" après la prise de la région du Haut-Karabagh par l'armée azerbaïdjanaise. Cette opération a entraîné l'exil des populations arméniennes locales et la destruction d'une partie de leur patrimoine religieux.
Soutien ou soft power ?
Le Saint-Siège et l'Azerbaïdjan entretiennent des liens importants ces dernières années, notamment dans le domaine culturel. Par exemple, la Fondation Heydar Aliyev, une entité dépendant de l'État azéri, finance actuellement la restauration des catacombes de Commodilla à Rome.
Ce mécénat azéri pourrait s'inscrire dans une stratégie de soft power de grande ampleur. La république caucasienne, riche de ses revenus générés par les hydrocarbures de la mer Caspienne, a particulièrement investi ces dernières années : elle a restauré un bas-relief représentant la rencontre du pape Léon Ier et d'Attila dans la basilique Saint-Pierre, ainsi qu'une église située à Qabala, en Azerbaïdjan.
Ces engagements financiers conséquents suscitent toutefois des interrogations, alors que de nombreuses voix ont critiqué la prudence du Saint-Siège concernant le conflit arménien. Le petit État s'est notamment systématiquement abstenu de condamner l'Azerbaïdjan comme agresseur, malgré les appels de la communauté chrétienne arménienne et du patriarche suprême de tous les Arméniens, Karekin II.