CONCLAVE - MORT DU PAPE FRANÇOIS
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On aimerait partager avec une amie cette difficulté conjugale, mais on n’a même pas le temps de l’appeler pour lui souhaiter son anniversaire ! On rêverait de confier, à la sortie de l’école, ses inquiétudes au sujet du petit dernier, mais on est entouré d’enfants affamés et pressés ! On aurait envie d’évoquer la souffrance d’être la seule célibataire à table, mais voilà, un dîner mondain, ce n’est pas vraiment le lieu pour s’épancher. Rares finalement sont les moments où on peut ouvrir son cœur et se livrer en profondeur. C’est justement ce lieu tranquille, attentif et bienveillant qu’offrent les journées ou les week-ends dédiés aux femmes. Ils sont un peu comme ce buisson sous lequel se couche le prophète Élie, épuisé : "Maintenant, Seigneur, c’en est trop !" (1R 19,4). Puis l’ange lui apporte une galette et de l’eau. "Fortifié par cette nourriture", Élie reprend vaillamment sa route.
Nul besoin néanmoins d’être "au bout du roul’", comme on l’entend si souvent, pour souffler et reprendre des forces. La "Journée des femmes" à Paris, les "pauses mamans" à Montligeon, Ars ou Pellevoisin, les nombreux "pélés des mères"… Autant de propositions spirituelles 100% féminines qui permettent de reposer le corps et de nourrir l’âme. Mais au risque de vexer les hommes, pourquoi est-ce si riche et si fécond de se retrouver entre femmes ? Que favorise la non-mixité ? Que les hommes ne soient ni dépités ni jaloux, c’est la même magie qui opère lorsqu’ils se retrouvent entre hommes !
1le repos
Entre femmes, c’est-à-dire, sans mari ni enfants, nul besoin de penser aux autres : on peut se permettre de ne penser qu’à soi. Et de temps en temps, cette petite parenthèse égoïste fait le plus grand bien car elle oblige au repos. Le repos. C’est le maître-mot des "pauses mamans" organisées depuis de nombreuses années au sanctuaire Notre-Dame de Montligeon. "Être mère, c’est un vrai travail, pas forcément reconnu, mais un travail à temps plein et de longue haleine", reconnaît don Paul Denizot, recteur du sanctuaire. "Il faut permettre aux mamans de se reposer, de s'extraire, le temps d’un week-end, de la vie quotidienne, de laisser de côté leur charge mentale. Et ce n’est pas un luxe ! Car quand une femme va bien, c’est toute la famille qui va bien". Les "pauses mamans" (la prochaine est le 5-6 avril) offrent d’abord une pause physique, qui passe, par exemple, par le fait de se mettre les pieds sous la table ou de dormir une nuit complète, et une pause spirituelle nourrie par les enseignements et la prière.

C’est également pour permettre aux femmes de souffler que la paroisse Saint-Léon, à Paris, organise ce samedi 29 mars et pour la sixième année une "Journée des femmes". Une initiative ouverte à toutes les femmes, portée par cinq bénévoles dont Anne Talbourdel qui en a eu l’intuition : "Les hommes avaient la Marche de Saint Joseph mais il n’y avait rien pour les femmes ! J’ai eu envie d’instituer quelque chose pour prendre soin des femmes, souvent pressées, occupées, quelque chose de facile d’accès, pas très long, pas très loin, qui permettent à toutes de se ressourcer sous le regard de Dieu", confie-t-elle. Au programme, des enseignements, des témoignages, des temps de partage en chapitre. L’équipe apporte un soin tout particulier à l’accueil et à la décoration. Une recette qui marche puisque 130 femmes y participent chaque année.
2Des échanges en vérité
Dans un contexte 100 % féminin, porté qui plus est par une dimension spirituelle, il est rare que les faux-semblants persistent. Les masques tombent, les carapaces se fendent. Les femmes savent que ce temps leur est offert, qu’il est rare et précieux, alors les langues se délient, les cœurs s’ouvrent et les liens se créent. "La journée des femmes permet de parler de préoccupations communes, de confier des souffrances, de livrer certaines choses que l’on n’ose pas avouer parfois. Cela permet bien souvent de réaliser que l’on n’est pas seule dans cette situation", observe Anne Talbourdel. Et cela rend plus forte. Partager entre personnes du même sexe crée aussi une certaine solidarité, une complicité. "On se comprend plus facilement, parce qu’on vit les mêmes choses. Un homme ne dira pas certaines choses devant une femme et inversement. C’est ce qui rend les échanges si profonds", remarque don Paul Denizot.

C’est ce dont témoigne Noémi, mère de trois enfants, art-thérapeute, et heureuse de pouvoir partager ses joies, ses peines et ses difficultés avec d’autres femmes lors du pèlerinage des mères de Vézelay. "La première fois, j’étais assez réticente à l’idée de partager mon intimité avec autant de personnes ! Mais j’ai découvert une vraie authenticité, une grande simplicité dans les échanges", confie-t-elle. Des échanges en profondeur qui redonnent du courage pour affronter les difficultés du quotidien et qui crée un bel esprit de fraternité. C’est un des objectifs de la "Journée des femmes" de la paroisse Saint-Léon. "Le but, c’est aussi de mieux se connaître, de développer la vie fraternelle de la paroisse", souligne Agnès Durieux, une autre organisatrice de cette journée consacrée aux Parisiennes.
3La "prière des sœurs"
Les pauses spirituelles pour les femmes invitent à se confier, et c’est déjà beaucoup, mais elles vont bien plus loin en permettant de prier les unes pour les autres. "Il y a souvent des choses lourdes qui sont confiées, et le pèlerinage permet de les porter dans la prière", souligne Inès Bureau, organisatrice, depuis 11 ans, du pèlerinage des mères à Montligeon, qui aura lieu cette année le 24 mai. Véronique, jeune grand-mère marseillaise, est une fidèle du pèlerinage de Cotignac. L’année dernière, elle a confié aux autres femmes de son chapitre la difficulté de vivre au quotidien avec la pathologie de son mari, atteint d’une maladie neurodégénérative. "Voir toutes ces femmes se tourner en même temps vers le Seigneur, pour prier pour mon mari, c’est ce qui m’a le plus émue et en même temps apporté beaucoup de consolation", se souvient-elle. Une dimension qui a également marqué Noémi lors de son précédent pèlerinage des mères à Vézelay : "Le ressourcement spirituel est favorisé par les temps d’enseignement, l’accès aux sacrements, la prière personnelle mais beaucoup aussi par la "prière des sœurs", qui permet de s’écouter et de prier les unes pour les autres". Une manière de vivre la fraternité par la prière et de mettre en pratique cette exhortation de saint Paul : "Portez les fardeaux les uns des autres : ainsi vous accomplirez la loi du Christ" (Ga 6,2).
Pratique
Prochaines "Pauses mamans" (liste non exhaustive) :
jeudi 3 avril 2025 au sanctuaire d'Ars.
samedi 5 et dimanche 6 avril 2025 au sanctuaire de Montligeon.
mardi 29 avril 2025 au sanctuaire de Pellevoisin.
jeudi 15 mai 2025 au sanctuaire Notre-Dame du Chêne.
