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Sébastien, l’ancien SDF devenu sacristain de la Madeleine

Après avoir passé 19 mois dans la rue, Sébastien a décroché il y a deux ans un poste de sacristain à la paroisse de la Madeleine, dans le VIIIe arrondissement de Paris.

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Anna Ashkova - publié le 22/03/25
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Ancien sans-abri, Sébastien est devenu sacristain de la paroisse Sainte-Marie-Madeleine, à Paris. Une "deuxième vie", selon ses termes, qui lui permet de redécouvrir la foi, après des années passées loin de l’Eglise. Rencontre.

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"Le Seigneur m’a donné une deuxième vie." Cette phrase, Sébastien ne cesse de la répéter, comme pour se rappeler tous les jours et rendre grâce d’avoir désormais un toit au-dessus de sa tête et un travail. Après avoir passé 19 mois dans la rue, il a décroché il y a deux ans un poste de sacristain à la Sainte-Marie-Madeleine, paroisse du VIIIe arrondissement de Paris. Un accomplissement dans lequel cet ancien plaquiste de 53 ans voit l'œuvre de la Providence : "Quand je suis venu des Ardennes à Paris en novembre 2022, je ne connaissais pas la capitale. Je me suis établi pas loin de la Madeleine, sans même savoir que ce grand bâtiment était en réalité une église", raconte Sébastien.

Un sans-abri lui a parlé du Foyer de la Madeleine et du Refettorio, un restaurant qui accueille dans la crypte de l’église de la Madeleine des personnes en situation de précarité ou d’isolement et à qui sont servis tous les soirs de semaine des repas gastronomiques et antigaspillages. C’est ainsi qu’il a fait connaissance de Renaud Kaeppelin, régisseur à la Madeleine. "Sébastien proposait souvent de l’aide. Un été, j’en ai profité pour lui demander de désherber autour de l'église. Il s’est investi et a fait du bon boulot. Il se trouve qu’à l’époque, je cherchais un sacristain, j’ai donc tout naturellement pensé à lui", se souvient Renaud Kaeppelin. Après une période d'essai de six mois, Sébastien a signé un CDI et loge désormais dans un appartement à la paroisse.

Pour Mgr Patrick Chauvet, curé de la Madeleine, il s’agit d’une belle réussite d’intégration sociale. "Souvent les gens de la rue retournent à la rue, affirme-t-il. En 45 ans de sacerdoce, c’est la première fois que j’ai pris une personne de la rue et réussi à la stabiliser dans sa vie. Peut-être que sainte Marie-Madeleine y est aussi pour quelque chose, elle est la pécheresse pardonnée et lui, un pécheur pardonné. C'est la grâce de ce lieu : la présence de Marie-Madeleine qui accueille les gens blessés et qui leur dit "Dieu t’aime comme tu es et avec ton histoire"."

Une foi retrouvée !

Sébastien n’oublie pas d’où il vient, mais préfère rester pudique quant à son passé. "Il ne nous parle pas beaucoup de sa vie. Et on préfère ne pas le questionner dessus. Il nous racontera tout, en temps voulu", estime Renaud Kaeppelin. Si Mgr Patrick Chauvet assure que la paroisse se renseigne sur le passé judiciaire des personnes qu’elle emploie, il respecte lui aussi la volonté de son sacristain de préserver une certaine partie de sa vie. "Dieu seul connaît ses secrets. Une chose est sûre, il n’est pas uniquement quelqu'un qui vient travailler pour travailler. On sent qu’il y a une démarche spirituelle derrière. Il vient à la messe, il communie, il prie sainte Marie-Madeleine."

"Quand je viens au travail, je suis content. Je sais que je le fais pour le Seigneur", confirme de son côté Sébastien, qui voit dans son sort l’œuvre de Dieu. "J’ai reçu beaucoup de grâces. Je me souviens à l’époque où j’étais encore à la rue, j’ai demandé à une religieuse qui passait à côté de moi de prier pour moi, le soir même une femme m’a donné une somme considérable", raconte-t-il. Mais sa plus grande joie était la réponse de sainte Marie-Madeleine à ses prières. "Une fois, je suis rentré à l’église et j’ai prié sainte Marie-Madeleine, je lui ai demandé de trouver du travail. Trois mois plus tard, Renaud m’a proposé de venir aider à l’église. Après ça, la foi revient très vite !"

Marie-Madeleine accueille les gens blessés et leur dit "Dieu t’aime comme tu es et avec ton histoire".

En effet, sa foi, il l’a perdue il y a plus de 30 ans. Éduqué par une mère catholique avec laquelle il se rendait parfois à Lourdes, il a vécu le décès d’une personne qui lui était très proche. Un événement qui a provoqué une cassure entre lui et le Seigneur. "Je Lui en ai beaucoup voulu. Je me disais : "Pourquoi elle et pas moi ?"". Mais depuis son arrivée à Paris, l’homme affirme que sa foi est revenue. "En neuf, dix mois j’ai retrouvé non seulement la foi, un toit et du travail, mais aussi l’amour. J’ai rencontré ma compagne par une amie commune. Elle a vu en moi l’homme que je suis. Je n’avais rien quand je l’ai rencontrée et elle m’a aimé pour ma personne. Je pense que Dieu y est pour quelque chose aussi", confie-t-il en souriant.

Le charité en actes 

Si Sébastien est le premier ancien sans-abri à travailler pour l’église de la Madeleine, il n’est pas le seul. Jean-Luc, accompagné par l'association Aux Captifs, la libération, qui a pour mission de venir en aide aux personnes de la rue, travaille aussi à la paroisse depuis l’été dernier. "Je le connaissais de la rue. Je sais que la paroisse cherchait quelqu'un pendant les Jeux Olympiques, alors je l’ai présenté à Renaud. Il a un grand cœur et il l’a embauché avec un contrat solidaire", explique Sébastien. Et d’ajouter : "On m’a donné un coup de main, j’essaye aussi d’en faire de même pour les autres." Très reconnaissant, il affirme avoir beaucoup de respect envers Mgr Chauvet, qui lui a fait confiance. "Il m’a redonné ma dignité et m’a rendu goût à la vie", déclare Sébastien. Quant à Mgr Chauvet, il estime que l’Église a un rôle important à jouer dans l'insertion sociale. "Le pape François appelle à vivre la charité en actes. C’est ce que nous faisons. Sébastien et Jean-Luc ne sont que des gouttes d’eau, mais ce sont les petites gouttes qui font des rivières", conclut-il.

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