Carême 2025
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Tout le monde a été "totalement surpris". C’est par ces mots que Mgr Gerald Mamman Musa, évêque de l’État de Katsina, au nord du Nigeria, a réagi le 13 mars auprès de l’Aide à l’Église en détresse (AED), après la décision du gouvernement de son État d’imposer le 28 février la fermeture des écoles privées et publiques, et ce pendant tout le mois du ramadan. Quelque 2.500 élèves sont concernés dans les huit écoles catholiques de l’État de Katsina, qui n’est pas le seul à avoir pris une telle mesure radicale. D’autres États du pays, à prédominance musulmane, Kano, Bauchi, et Kebbi, ont choisi d’imposer également cette décision. "Les enseignants et les parents sont sous le choc face à cette mesure qui touche tous les établissements scolaires", a encore déclaré l’évêque à l’AED.
"Nous devons comprendre que l’instruction et les obligations religieuses ne s’opposent pas et peuvent aller de pair", précise Mgr Gerald Mamman Musa, rappelant que dans son enfance l’école demeurait ouverte pendant le mois du ramadan, insistant par là sur le comportement "totalement inattendu" des gouvernements. "La question devrait être guidée par la logique, le dialogue et la sagesse."
La réaction de l’évêque de Katsina s’inscrit dans le prolongement de la lettre de la Conférence des évêques catholiques du Nigeria, qui a tenu à exprimer début mars sa "profonde préoccupation" face à la fermeture des établissements scolaires. Cette lettre a notamment été signée par Mgr Lucius Iwefuru, archevêque d’Owerri (capitale de l’État d’Imo au sud-est du Nigeria) et président de la Conférence épiscopale catholique du Nigeria (CBCN) et Mgr Donatud Ogun, archevêque d’Uromi (dans l’État d’Edo, au sud-ouest du Nigeria) et vice-président de la Conférence des évêques nigérians
Un accès à l’éducation déjà difficile
La lettre des évêques évoque un accès à l’éducation déjà bien difficile dans le pays, qui ne fera que s'amplifier avec les dernières décisions gouvernementales. "Nous sommes particulièrement préoccupés par l’impact de cette décision sur le taux déjà alarmant d’enfants non scolarisés", déclarent-ils. Avec 10 millions d’enfants qui n’ont pas accès à l’école, le Nigeria est le pays qui en compte le plus grand nombre.
Une décision d’autant plus étonnante que la politique du Nigeria est en principe "laïque", rappellent Mgr Lucius Ugorji et Mgr Donatus Ogun. "La fermeture des écoles soulève de sérieuses questions sur la nature laïque de notre pays et les droits de tous les citoyens", ont-ils affirmé. "Nous exhortons les gouverneurs des États concernés à reconsidérer cette décision et à explorer des mesures alternatives qui respectent les droits et libertés de tous les citoyens", ont-ils conclu. Avec l’influence de l’État islamique, particulièrement présent au nord du pays, et une instabilité gagnante de la violence au sud, les chrétiens du Nigeria vivent douloureusement leur foi. Depuis le début de l’année 2025, sept prêtres et deux religieuses ont été enlevés, avec le meurtre d’un prêtre et d’un jeune séminariste début mars, marquant une forte hausse des attaques du clergé.
