Chancelier de l'Académie pontificale des sciences sociales, le cardinal Peter Turkson a appelé ce 20 mars les États à réguler l'intelligence artificielle (IA) afin de protéger les enfants.Carême 2025
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"L'intelligence artificielle est aujourd'hui avec nous, mais la chose que nous ne voulons pas voir sortir de l'équation est son impact, en particulier sur les enfants", a déclaré le cardinal Peter Turkson, chancelier de l'Académie pontificale des sciences sociales, à l'occasion de la présentation, le 20 mars 2025, d'une conférence sur les risques et opportunités de l'IA pour les enfants organisée au Vatican. Il a insisté sur la responsabilité des États en matière d'intelligence artificielle, appelant à ne pas laisser cette technologie "entièrement dans les mains des industries".
L'événement se tient du 20 au 22 mars dans la Casina Pio IV, siège de l'Académie pontificale des sciences, avec la participation de l'Institut d'anthropologie de l'Université pontificale grégorienne et de la World Childhood Foundation, une association fondée par la reine Silvia de Suède. De nombreux experts de prestigieuses universités (Oxford, Harvard, l'Institut Max Planck) ainsi que des représentants d'organismes internationaux, tels que le Parlement européen, la Chambre des Lords britannique ou l'Ordre de Malte, y participent. Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État du Saint-Siège, prononcera le discours inaugural.
Nous sommes sérieusement inquiets par les risques que comporte l'intelligence artificielle pour les enfants,
Le cardinal Turkson, en tant que chancelier de l'Académie pontificale, a souligné l'importance de réfléchir à "l'outil excitant, mais effrayant" qu'est l'intelligence artificielle afin de "protéger les enfants de ces effets". "Nous sommes sérieusement inquiets par les risques que comporte l'intelligence artificielle pour les enfants, des risques qui sont de plus en plus mis à jour par la communauté scientifique", a confirmé le président de l'Académie pontificale des sciences, Joachim Von Braun.
L'économiste allemand a souligné combien l'IA, "corrélée à l'addiction aux réseaux sociaux, modifie la situation mentale et le développement du cerveau des enfants". Il a déploré l'emploi de l'IA dans la "violation croissante de la vie privée des enfants", mais aussi dans la "manipulation et le ciblage comportemental" ou encore "dans l'exploitation sexuelle et le grooming [pédopiégeage, NDLR]" d'enfants.
À rebours, le président de l'Académie pontificale des sciences a aussi tenu à souligner les "opportunités" que représente l'intelligence artificielle pour les enfants, notamment sur le plan éducationnel. "La technologie fait partie du problème mais elle doit aussi faire partie de la solution", a assuré Britta Holmberg, sous-secrétaire de la World Childhood Foundation.
Joachim Von Braun a enfin insisté sur le besoin de "régulation internationale" en matière de protection de l'enfance dans le domaine de l'intelligence artificielle et a déploré qu'un projet de loi porté au Parlement européen depuis deux ans n'ait, pour l'heure, pas encore été voté.
Le Vatican, très actif sur l'IA
Ces dernières années, le Vatican a multiplié les initiatives pour appeler à une régulation internationale et à un contrôle humain renforcé sur l’IA. En 2020, l’Académie pontificale pour la Vie a lancé "l’Appel de Rome pour une IA éthique", signé depuis par un grand nombre d’entités publiques et privées.
Le 14 juin 2024, le pape a participé à la session du G7 consacrée à l'IA à Bari, dans les Pouilles italiennes. Le pontife a aussi dédié à cette question son message pour la Journée mondiale de la paix 2024, ainsi que son message pour la Journée mondiale des communications sociales 2024.
Le 28 janvier dernier, le dicastère pour la Doctrine de la foi et le dicastère pour la Culture et l’Éducation ont publié une note commune intitulée "Intelligence Artificielle et Intelligence Humaine", quelques jours après que le Gouvernorat de la Cité du Vatican a mis en place des directives sur l'intelligence artificielle dans le petit État. En février dernier, le pontife a par ailleurs envoyé un message au président français Emmanuel Macron à l'occasion du sommet sur l'IA organisé à Paris.