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L’étonnant moteur de croissance de cette entreprise

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Les locaux d'Action Philippe Streit.

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Bérengère de Portzamparc - publié le 15/03/25
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S’il a réussi dans les affaires, en développant à l’international l'entreprise familiale, Bernard Streit a surtout réussi pour son frère Philippe, au nom duquel il a lancé une association qui emploie des personnes ayant connu des accidents de vie, tout en redynamisant tout un territoire, où l‘humain est au coeur de tout.

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Ce sont des histoires inspirantes comme on les aime, où les difficultés et peines de la vie n'empêchent pas la réussite et le rayonnement de l’amour humain, au sein d’une famille, d’une entreprise et même de la société tout entière. C’est l’histoire de la famille Streit, qui vit depuis toujours à Anteuil, petit village de 450 âmes dans le Doubs. Émile Streit, le père de Bernard, y crée l’entreprise Delfingen, spécialiste de la sous-traitance automobile, que Bernard va développer à l’international pendant toute sa carrière, laissant aujourd’hui les rênes à son fils Gérald.

Émile a une sœur bien aimée, atteinte de polio, qu’il emploiera toute sa vie dans l'entreprise. Bernard a un frère aîné Philippe, qui ne sait ni lire, ni écrire mais qui va à son tour travailler en famille, tout en habitant avec ses parents dans la maison du village. À la mort de ses parents en 2011, Bernard leur promet qu’il s'occuperait bien de son frère. Philippe reste vivre dans la maison, où chaque jour son frère et sa femme passent le voir, et Bernard décide de lui racheter la maison en viager afin qu’il bénéficie d’une rente. Mais Philippe tombe à son tour malade, et quelques mois avant sa mort, en 2017, Bernard lui demande : "Que veux-tu que je fasse de ton argent ?". "Il n’était pas envisageable pour moi de le récupérer", confie Bernard à Aleteia. "Philippe me dit alors : sers-t’en pour t’occuper des gens comme moi."

Des gens comme moi

Cette phrase sert de déclic à Bernard, alors âgé de 66 ans, et il va imaginer et créer, en mai 2019, l'association Action Philippe Streit, tout à fait unique en son genre. Avec l’argent de son frère, il achète un grand terrain avec un bâtiment de 4,500 m2, qu’il aménage pour accueillir deux entreprises adaptées : une entreprise de SAV de 90 salariés et une de sous-traitance de maroquinerie de luxe de 30 salariés. Ces deux entreprises embauchent essentiellement des personnes ayant connu des accidents de vie, et qui ont du mal à retrouver un emploi ailleurs.

Philippe et Bernard Streit.

Rapidement, il réalise que ces salariés ont besoin de poursuivre des traitements médicaux ou de la rééducation, alors il organise l’installation d’un centre médical sur place, où ils peuvent suivre leurs soins en journée. Trois médecins, quatre kinés, une sage-femme, un psychologue, tous à temps plein, en libéral, ce centre ultra moderne, à la pointe des dernières technologies, est ouvert au public et ne désemplit pas. Reconnu pour sa qualité de service, ce sont près de 50 à 70 personnes qui viennent s’y faire soigner chaque jour ! De quoi rendre le territoire dynamique.

"On n’a pas inventé la poudre"

Un travail, des soins, mais encore faut-il se loger, gérer les transports et la garde des enfants ? Qu’à cela ne tienne, l'association loue des logements dans le coin pour les proposer aux salariés, achète deux camionnettes pour organiser les trajets de la maison au bureau, et ouvre sur place une crèche ! "On n’a pas inventé la poudre, mais on a été pragmatique", explique avec douceur et modestie Bernard. "Un travail, un logement, un moyen de transport, une crèche et un accès aux soins, il fallait juste y penser !" Voilà à présent cinq ans que ce petit éco système fonctionne et l'association compte aujourd’hui près de 500 membres, bénévoles, donateurs, engagés, tous heureux de participer à cette innovation riche de sens et riche d’humanité.

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Atelier de formation.

Et Bernard n’envisage pas s'arrêter là ! Le retraité ultra-actif de 73 ans ne compte pas ses heures ni ses kilomètres pour trouver des fonds, et faire toujours mieux connaître son projet et pourquoi pas en inspirer d’autres. "Notre vision, c’est que des personnes qui ne pouvaient pas être embauchées deviennent créatrices de richesse", et ça marche ! "Nous visons 230 emplois pour 2025 et surtout, nous envisageons de continuer à créer du lien et des rencontres en apportant à présent de la culture sur place." Pour cela, l'association travaille à l’ouverture, au centre du bâtiment, d’un tiers lieu qui accueillera une salle de spectacle de 400 places assises, et un lieu de restauration tenu par des personnes avec un handicap mental.

Comment fait-il pour avoir toujours autant de projets à 73 ans ? Bernard le confie, son moteur c’est Philippe. "J’étais assez fusionnel avec mon frère. C’est lui, l’âme de tout cet écosystème. Philippe ne savait ni lire ni écrire, mais il était la bonté même, il n’avait pas une once de méchanceté en lui, on lisait son âme pure dans ses yeux", raconte-t-il, toujours ému. La Foi tient aussi Bernard, élevé par une mère très croyante, “c’est plus grand que moi”, conclut-il enfin, avant de reprendre la route vers d’autres rencontres.

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