Carême 2025
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Un écrin de couleurs au cœur de la Beauce ! Imaginez une église de campagne toute simple, en plein cœur de la Beauce, là où sainte Jeanne d’Arc a mené ses plus grandes batailles, à trente kilomètres d’Orléans, tout près de Patay. Jeanne d’Arc aurait pu la voir, car les premières traces de ce sanctuaire édifié à Huêtre remontent au Moyen-Âge. Mais elle ne l’aurait certainement pas vu dans sa configuration actuelle, les constructions et reconstructions se sont succédé, de siècle en siècle.
Aujourd’hui l’église Saint-Germain offre de l’extérieur les apparences d’un ensemble modeste. La nef est unique, le clocher ne se signale pas par une originalité particulière. Mais en réalité, c’est au XIXe siècle qu’elle a connu sa métamorphose la plus marquante. Car, en pénétrant à l’intérieur, le visiteur découvre un étonnant décor peint à cette époque.
L’œuvre d’un curé-artiste
Lorsque l’abbé Joseph Carante prend ses fonctions à Huêtre en 1865, il est frappé par le piteux état de son église. Passionné d’art sacré, il veut user de son talent pour dissimuler sous des peintures ce qu’il appelle "la pauvreté de la maison de Dieu". Il entreprend donc lui-même un chantier colossal : repeindre entièrement l’intérieur de l’église. La mise en peinture des intérieurs d’église n’est pas rare à cette époque. Une grande partie des décors peints à la collégiale Notre-Dame-la-Grande de Poitiers ont été réalisés quelques années auparavant. Ce qui est plus inhabituel, c’est de les voir exécutés par le curé en personne.
Armé de pochoirs, l’abbé Carante réalise des fresques spectaculaires, couvrant murs et voûtes de motifs géométriques, de rinceaux, de fleurs et d’étoiles. Les médaillons, monogrammes et trompe-l’œil confèrent à l’ensemble une profondeur saisissante. Ce foisonnement de couleurs et de formes transforme l’église en un véritable écrin de lumière. À titre d’exemple, ce sont huit cents feuilles de chêne qui sont dessinées au pochoir et peintes à la main, pour constituer des tentures en trompe-l’œil déployées de chaque côté de la nef. S’il ne reste affecté que cinq ans à Huêtre, le prêtre-peintre aura eu le temps de mener à bien le chantier engagé pour son église. Bien qu’il faille prendre le surnom de "Chapelle sixtine de la Beauce" avec du recul, il témoigne de l’attachement des âmes dont il avait la charge au travail de leur curé.
Une restauration pour préserver un chef-d’œuvre
Au fil du temps, l’humidité et l’usure altèrent ce décor exceptionnel. En 2014, une restauration est menée pour lui redonner son éclat d’origine. Grâce au savoir-faire du restaurateur, les couleurs et les détails peints par l’abbé Carante retrouvent toute leur fraîcheur et leur délicatesse. Aujourd’hui, l’église Saint-Germain de Huêtre continue d’émerveiller ses visiteurs par cette profusion artistique unique en son genre.
