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C'est une référence pour le moins inattendue qui s'est invitée au beau milieu des débats parlementaires ce mercredi 12 mars. Au Sénat, l'élue LR des Bouches-du-Rhône Valérie Boyer a pris la parole dans le cadre de questions au gouvernement sur la situation des Alaouites et des chrétiens en Syrie, quelques jours après les massacres qui ont eu lieu au nord du pays, tuant plus de 1.400 civils. En s'adressant à Thani Mohamed-Soilihi, ministre délégué chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux, Valérie Boyer a exhorté à la protection des minorités religieuses de Syrie, spécialement les chrétiens, et glissé un extrait de l'Évangile selon saint Luc pour appuyer sa plaidoirie : "Permettez-moi de citer un verset de l'Évangile de saint Luc qui dit : 'S'ils se taisent, les pierres crieront' (Lc 19, 40). Il sera trop tard demain pour que la langue du Christ soit encore parlée", avertit la sénatrice en référence à l'araméen, parlé encore dans certaines parties de la Syrie. Ce renvoi à la Bible n'a pas semblé être du goût de ses collègues, dont on peut entendre de part et d'autre de l'hémicycle les protestations agacées.
https://platform.twitter.com/widgets.jsEn #Syrie les minorités sont encore en danger de mort, ne soyons pas de nouveau les témoins silencieux de ces génocides. Selon l’Evangile de St-Luc, "s’ils se taisent, les pierres crieront" et il sera trop tard, et demain qui parlera l'Araméen ? Qui parlera la langue du Christ ? pic.twitter.com/N0pmx2uzAx
— Valérie Boyer🎗️ (@valerieboyer13) March 12, 2025
Début mars, à Lattaquié, des membres du groupe Hayat Tahrir al-Cham ou HTC ("Organisation de libération du Levant"), désormais au pouvoir à Damas, auraient été tués par des miliciens pro-Assad. Les représailles, menées par des factions islamistes rattachées au ministère de la Défense et des djihadistes étrangers, ont coûté la vie à plus de 1.400 civils, en grande majorité alaouite, minorité dont est issu Bachar al-Assad et concentrée en grande partie sur le littoral au nord-ouest du pays. Une dizaine de chrétiens ont été tués dans cette effusion de sang, et la crainte d'un scénario de persécution s'installe de nouveau. "Comment éviter la solution finale, l'extermination pour ces minorités ?" questionne la sénatrice. Très investie dans la cause de la défense des chrétiens d'Orient, Valérie Boyer a pris position à de nombreuses reprises sur leur sort, elle a notamment fait partie du groupe d'étude sur les chrétiens d'Orient du temps de son mandat à l'Assemblée nationale (14e législature). En 2016, elle s'était rendue à Damas afin de rencontrer les chrétiens du pays, et avait été épinglée pour son entrevue avec le dictateur déchu Bachar-al-Assad.
Une minorité chrétienne épuisée
Ces attaques d'une violence insoutenable mettent à mal les rêves d'une société syrienne unie, malgré de nombreuses initiatives pour reconstruire le pays. Le père Jihad Youssef, du monastère de Mar Moussa (situé au nord de Damas), veut croire dans la promesse d'un avenir meilleur : "Nous essayons d'être optimistes pour aller dans le sens de la paix. Il y a des choses négatives, mais aussi des initiatives de la société civile qui poussent vers le dialogue", confie-t-il à Aleteia en soulignant que les violences demeurent pour le moment localisées sur la côte. "Dans le reste du pays c'est calme, assure-t-il, mais malgré tout ces événements dramatiques sèment la peur chez beaucoup de gens qui ne veulent pas rester et fuient. Après 60 ans de division et de peur, ça ne peut pas être autrement. Les chrétiens ne trouvent plus de sens à rester ici et partent pour un avenir meilleur. Je les comprends et je ne les blâme pas", poursuit le moine. Depuis 2011, date du printemps arabe, 85% des chrétiens ont quitté le pays, faisant chuter leur nombre de 2 millions à environ 500.000, soit environ 2% de la population syrienne.