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Faut-il vraiment faire des efforts pour se rapprocher de Dieu ?

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Valdemar de Vaux - publié le 13/03/25
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Qui dit carême dit souvent "efforts" de carême. Mais est-ce une bonne idée de faire usage de sa volonté plutôt que de laisser la place à l’action de Dieu ? Le risque de semi-pélagianisme, souvent condamné par le pape François, n’est jamais loin. Explications.

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"Mais toi, tu étais plus intime que l’intime de moi-même, et plus élevé que les cimes de moi-même." Que veut dire saint Augustin dans ses fameuses Confessions (III, 6, 11) ? À minima, sans réduire la pensée du docteur, que Dieu précède l’homme par son amour, en sa pensée, dans ses actions. Plus théologiquement, que la grâce précède la nature, même si elle ne peut faire sans cette dernière. Un rappel qui n’est pas vain au début du carême, alors que chacun s’est résolu à faire des "efforts" pour s’approcher du Père et accueillir d’un cœur renouvelé le salut à Pâques.

En effet, le risque, en faisant un effort ou en prenant une (bonne, il faut l’espérer) résolution, est de ne s’appuyer que sur sa volonté. Un risque qui a d’ailleurs un nom, régulièrement mis en avant par le pape François pour avertir les fidèles : le pélagianisme, ou le semi-pélagianisme dans sa version tout aussi redoutable mais apparemment plus acceptable.

Gare au semi-pélagianisme !

Dans son encyclique Gaudete et Exsultate sur la sainteté, le Saint-Père n’y va pas par quatre chemins : "Ceux qui épousent cette mentalité pélagienne ou semi-pélagienne, bien qu’ils parlent de la grâce de Dieu dans des discours édulcorés, en définitive font confiance uniquement à leurs propres forces et se sentent supérieurs aux autres parce qu’ils observent des normes déterminées ou parce qu’ils sont inébranlablement fidèles à un certain style catholique. Quand certains d’entre eux s’adressent aux faibles en leur disant que tout est possible avec la grâce de Dieu, au fond ils font d’habitude passer l’idée que tout est possible par la volonté humaine, comme si celle-ci était quelque chose de pur, de parfait, de tout-puissant, auquel s’ajoute la grâce" (§48).

Reconnaître ses limites, tel est le secret pour purifier le cœur, accepter son péché pour pouvoir le confesser et en être pardonné. Car le Père est bien celui de la parabole du Fils prodigue (cf. Lc 15, 11-32), attendant patiemment son benjamin. Non pour lui demander des comptes, mais pour lui ouvrir les bras car, s’il a dilapidé son héritage, il a surtout reconnu la source de tous ces dons. "Dieu n’attend pas nos efforts pour nous aimer", résume Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, dans un entretien à RCF pour le mercredi des Cendres.

Des efforts pour laisser de la place à Dieu

Dieu seul est simple, l’homme doit se défaire de ses complexités, progressivement, laisser la plus grande place à la grâce pour qu’elle "inspire [son] action, et la soutienne jusqu’au bout, pour que toutes [ses] activités prennent leur source en [Dieu] et reçoivent de [Lui] leur achèvement" comme le proclame l’oraison du jeudi après les Cendres. Bref, se dégraisser, s’alléger. Pourvu que les efforts aillent dans ce sens, et n’empêchent pas que la porte du cœur soit davantage ouverte. Paradoxalement, leur but est donc de s’en défaire pour laisser agir la force de la grâce.

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