Plumergat, “le bourg aux trois clochers”

Surnommé "le bourg aux trois clochers", Plumergat incarne un véritable joyau de la chrétienté bretonne, avec ses onze églises et chapelles qui parsèment le paysage. Ce patrimoine architectural et spirituel, hérité des premiers temps de l’évangélisation en Armorique, raconte la Bretagne chrétienne d’hier et d’aujourd’hui. Plumergat est en effet l’un des foyers primitifs du christianisme en Bretagne. Déjà cette terre porte en elle l’âme de la terre vénète. La stèle épigraphe gravée en langue gauloise que l’on trouve devant l’église est la seule connue en Bretagne et peut-être la plus ancienne de toutes les inscriptions connues en cette langue. Selon certains spécialistes, elle aurait été gravée entre 200 et 399. Dès les premiers siècles, alors que les missionnaires sillonnaient les côtes bretonnes pour propager la foi, cette région devint un point d’ancrage essentiel. Les trois clochers qui dominent aujourd’hui le bourg symbolisent cette longue histoire religieuse portée vers le ciel. Chacun d’eux appartient à un édifice qui a son propre passé : l’église Saint-Thuriau, bâtie sur un ancien site druidique, la chapelle Saint-Servais et la chapelle de la Trinité, séparée chacune de quelques mètres. Bien que rénovées au fil des siècles, elles portent encore les traces des constructions médiévales, rappelant l’importance de la paroisse de Plumergat.

Mais c’est bien au-delà des trois clochers que s’étend le trésor patrimonial de Plumergat. On ne compte pas moins de onze lieux de culte sur son territoire. Parmi eux, certains sont dédiés à des saints universels ou plus locaux, tels que saint Thuriau et saint Maurice, renforçant ainsi l’enracinement dans cette culture propre à la Bretagne, que l’on retrouve particulièrement lors des pardons. Avant Plumergat, la première halte a d’ailleurs été à la chapelle de Notre-Dame de Gornévec. Sainte Anne est ainsi passée rendre visite à sa fille Marie, dans cet édifice dont la première construction date du XIe siècle et qui a été une ancienne propriété des moines de Saint-Gildas-de-Rhuys. Reconstruite au XVe siècle puis tombée en ruine au début du XXe siècle, elle a été entièrement restaurée dans les années 1990 grâce à l’association Breiz Santel.

Le caractère exceptionnel de Plumergat réside aussi dans la diversité architecturale de ses édifices. Des modestes chapelles romanes aux églises gothiques plus imposantes (comme la chapelle de la Trinité), chaque construction raconte une époque, un style, une fonction spécifique. Les sculptures, vitraux et retables qui ornent ces lieux de culte sont autant de chefs-d’œuvre qui attirent les amateurs d’art sacré. Ce patrimoine religieux n’est pas qu’un legs du passé ; il reste vivant dans la conscience collective des habitants de Plumergat. Les messes et pardons continuent d’animer ces lieux chargés d’histoire, perpétuant ainsi des traditions séculaires. Il est certain que la communauté locale joue un rôle clé dans la préservation de ce patrimoine, souvent menacé par l’érosion du temps ou le manque de moyens. Associations, Comités de chapelle, bénévoles et passionnés s’engagent pour restaurer les bâtiments et transmettre leur histoire aux nouvelles générations. Le passage de la Troménie de Sainte-Anne permet sans aucun doute de prendre conscience de cette richesse.

En définitive, Plumergat est, comme pourrait l’être un certain nombre de ses paroisses, un livre ouvert sur les racines chrétiennes du diocèse de Vannes. Les trois clochers, dressés vers le ciel, et les nombreuses chapelles disséminées à travers la campagne, incarnent un héritage précieux, à la fois spirituel et culturel. En parcourant ces lieux chargés d’histoire, on ne peut qu’être saisi par la force tranquille de cette terre choisie par sainte Anne, où le passé et le présent dialoguent harmonieusement, d’Armor en Argoat. Plumergat, gardienne de cette mémoire bretonne, peut certainement inspirer ceux qui prennent le temps de la découvrir. Si vous y passez, au gré d’un détour en Pays d’Auray…