Campagne de Carême 2025
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Blangy-le-Château, dans le Calvados, compte parmi les plus beaux villages de France. L’église est classée monument historique. Elle abrite un retable et un grand vitrail de l’Arbre de Jessé, restaurés par les Beaux-Arts en 1974. L’accès est libre et gratuit, comme dans toute église, et le cas récent de Notre-Dame de Paris a renforcé s’il en était besoin l’intérêt de l’ouverture de nos églises à tous : celles-ci témoignent de l’art de notre pays et de sa foi bimillénaire. L’église appartient à la mairie comme le presbytère attenant, et vendre celui-ci n’est pas a priori une atteinte au libre accès de l’église sauf que dans le cas présent, l’acheteur voulait s’approprier la façade de l’Église et l’un de ses côtés, sans laisser d’accès extérieur à la sacristie et au grenier.
La mobilisation des habitants
Après avoir retiré une première offre, il est revenu à la charge avec une nouvelle exigence, osant demander la destruction d’une partie d’un mur surmonté d’un vitrail et l’ouverture d’une autre porte, toujours dans le but de privatiser à son profit deux côtés de l’église. La transaction aurait été encore illégale et la commune aurait perdu l’intégrité de l’église et son pourtour. Les paroissiens et les habitants se sont mobilisés activement pour demander un retour à la réalité et la sagesse. Ils ont exigé qu’un refus définitif soit signifié à cet acheteur, ce qui a été fait. Aujourd’hui, le presbytère est retiré de la vente, le temps de réfléchir sereinement à son devenir.
Cette histoire est banale, tant de biens liés au culte sont aujourd’hui remis en cause. On demande leur désacralisation, leur destruction ou le détournement de leur fonction d’origine. Ils sont visés par des promoteurs ou des agents immobiliers à la recherche d’un bon coup. L’affaire de Blangy est cependant caractéristique et riche d’enseignements, grâce à la mobilisation des habitants et le recours au respect de la loi qui est protectrice.

Ce que dit la loi
Rappelons le cadre de la loi. Le Concordat signé par Napoléon a rétabli la paix religieuse entre l’État et le catholicisme, alors religion de la majorité des Français. Ce Concordat a survécu jusqu’en 1905, puis la République a acté la séparation de l’Église et de l’État en vertu du principe de laïcité et de la nationalisation des biens de l’Église. Cette loi de 1905 est toujours en vigueur, ainsi que toutes les jurisprudences du Conseil d’État y afférant, qui définissent les droits respectifs du propriétaire, souvent les communes, et de l’affectataire : clergé et fidèles. L’affectation s’entend de toutes les parties composantes de l’église : murs, issues, portes, vitraux, sacristie, grenier, clocher, mobilier.
À Blangy, les habitants, croyants ou non, et les visiteurs nombreux admirent l’extérieur et l’intérieur des lieux. Ceux-ci ont besoin d’être préservés, pour être transmis aux générations futures. Ils ont simplement fait appliquer la loi. Avec audace et vigilance, ils ont défendu leur église et ce qu’elle représente pour la foi locale.
Un acte de liberté politique
Combien de Blangy en France, combien d’atteintes régulières à ce qui est tout simplement un droit ? Les habitants de nombreux villes et villages se mobilisent pour le maintien des lieux de culte et tous les chrétiens sont appelés à se mobiliser, se battre s’il le faut pour donner un avenir à ces lieux construits avec foi par nos parents, nos ancêtres, des milliers de donateurs, de compagnons, de tâcherons qui ont œuvré au fil des siècles.
L’exemple de la mobilisation mondiale autour de Notre-Dame de Paris et de la mobilisation locale de Blangy obéit à la même conviction : défendre des murs est un acte politique tant il concerne le droit, l’art, la liberté de penser. C’est aussi un acte religieux, n’ayons pas peur de le dire et de l’affirmer. Le catholicisme est la religion de la culture française, elle est celle de nombreux croyants, fiers et missionnaires, qui annoncent la Bonne Nouvelle. Les lieux du culte en sont un symbole, un témoignage vivant, un élan pour l’avenir.
