Campagne de Carême 2025
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Malgré les vicissitudes de l'histoire, Paris dispose de véritables trésors en matière de vitraux. Jugez plutôt. Les touristes du monde entier visitent la Sainte-Chapelle (Ier) sur l’île de la Cité. La surface exceptionnelle de vitraux du XIIIe siècle vaut le voyage : quinze verrières de quinze mètres de hauteur, plus de mille scènes figuratives ! Saint Louis commande cette chapelle pour abriter la couronne d’épines du Christ. Elle est construite en un temps record entre 1243 et 1248, d’où l’unité du décor. Le roi de France n’a pas lésiné sur la dépense, admirez ces médaillons aux couleurs éclatantes réalisés avec des pigments rares.
L’architecture gothique permet de faire entrer la lumière par d’immenses baies. La technique du vitrail s’affine au fur et à mesure des chantiers de la cathédrale de Chartres, de la Sainte-Chapelle et de Notre-Dame de Paris. À Notre-Dame (IVe), les seuls vitraux médiévaux toujours en place sont les trois roses ouest, nord et sud, datées du XIIIe siècle. Là aussi, les maîtres verriers emploient ce fameux lapis-lazuli venu d’Afghanistan.
Les vitraux de la Renaissance
Les verrières parisiennes du XVIe siècle sont signées. Avec la maîtrise de la perspective, le dessin est soigné, les scènes théâtrales. Dans les années 1530, Jean Chastellain exécute des verrières pour Saint-Germain l’Auxerrois (Ier) ou l’admirable Sagesse de Salomon à Saint-Gervais-Saint-Protais (IVe), réalisée sur des cartons de Noël Bellemare, un peintre originaire d’Anvers.
Des verrières du XVIIe siècle ont servi à vitrer le cloître de l’ancien charnier (cimetière) de Saint-Etienne-du-Mont (Ve). Ces vitraux peints à l’émail sont les plus beaux vitraux parisiens du Grand siècle. La douceur des couleurs fait penser à l’aquarelle.
La lumière crue du XVIIIe siècle
Le XVIIIe siècle est celui de la clarté. On détruit des vitraux du Moyen Âge jugés trop obscurs. C’est ce qui arrive à Notre-Dame de Paris sous Louis XV. À partir de 1750, les églises parisiennes se dotent en chœur d’une vitrerie incolore bordée d’un filet bleu. Au XIXe siècle, les fidèles finissent par reprocher au clergé cette lumière crue, on en vient à fixer des rideaux !
Au XIXe, les vitraux anciens (antérieurs à la Révolution) sont alors considérés comme des œuvres d’art à protéger… et à restaurer. À l’époque de Viollet-le-Duc, Prosper Lafaye restaure les vitraux de nombreuses églises parisiennes. Cela n’empêche pas la Ville de Paris de commander de nouveaux vitraux, pour l’église Saint-Laurent (Xe) par exemple. Le renouveau de la pratique religieuse et les progrès techniques relancent enfin la production artistique.
L’Art déco
Dans les années 1930, les ateliers Mauméjean produisent des mosaïques et des vitraux pour Sainte-Anne-de-la-Butte-aux-Cailles (XIIIe) ou Saint-Pierre-de-Chaillot (XVIe). La pâte de verre s’incruste dans les verrières de l’église Saint-Odile (XVIIe). Les vitraux des églises de Paris n’ont pas tous été déposés pendant la Seconde Guerre mondiale, car Paris déclarée "ville ouverte" ne devait pas être bombardée. Enfin des vitraux du peintre Jean Bazaine posés en 1970 à Saint-Séverin (Ve) annoncent l’ère du vitrail parisien contemporain.