Campagne de soutien 2025
Ce contenu est gratuit, comme le sont tous nos articles.
Soutenez-nous par un don déductible de l'impôt sur le revenu et permettez-nous de continuer à toucher des millions de lecteurs.
En cette année jubilaire, il convient de rappeler le passage manquant de cet évangile du mercredi des Cendres, la prière du Notre Père avec la demande sur le pardon que saint Matthieu formule en termes de dettes : "Remets-nous nos dettes comme nous-mêmes nous remettons leurs dettes à nos débiteurs" (Mt 6, 12). Notre première dette envers Dieu est envers la Création. Notre premier débiteur c’est Dieu, et notre première dette envers Lui est envers l’ensemble de la Création, chacune des créatures qu’il nous a confiées, à commencer par nos semblables. Comment pourrions-nous vivre en paix les uns avec les autres si nous continuons à nous comporter de façon aussi injuste à l’égard de Dieu et de la Création ?
La miséricorde envers notre maison commune
Depuis dix ans, la Journée mondiale de prière pour la paix le 1er janvier (dont le titre cette année est : "Remets-nous nos dettes, donne-nous ta paix"), a un équivalent au 1er septembre, Journée mondiale de prière de sauvegarde de la Création (depuis que l’Église catholique s’est associée à l’initiative de l’Église orthodoxe). Les deux vont ensemble : la prière pour la paix et la prière pour la sauvegarde de la Création. Les deux sont œuvres de justice et de miséricorde. Un des messages les plus forts du pape François fut l’année 2016, année jubilaire de la Miséricorde, où il exhorta à prendre conscience de notre responsabilité dans nos attitudes, comportements, façons de vivre, et à "user de miséricorde envers notre maison commune".
Aux deux listes habituelles des sept œuvres corporelles et des sept œuvres spirituelles de miséricorde (cf. Catéchisme de l’Église catholique, n. 2447), il ajouta deux nouvelles œuvres : une œuvre de miséricorde spirituelle, "la contemplation reconnaissante du monde" (Laudato si, n. 214) et une œuvre de miséricorde corporelle, par le soin que nous prenons pour réduire notre consommation "comme par exemple de faire un usage raisonnable du plastique et du papier, de ne pas gaspiller l’eau, la nourriture et l’énergie électrique, de trier les déchets, de traiter avec soin les autres êtres vivants, d’utiliser les transports publics et de partager un même véhicule entre plusieurs personnes, et ainsi de suite" (Laudato si, n. 211).
Contempler et prendre soin
Quatre ans plus tard, en 2020, dans la série de catéchèses que le pape François donna au sortir de la pandémie sur le thème "Guérir le monde", il indiqua lors de son audience du 16 septembre que "le meilleur antidote contre l’usage abusif de notre maison commune est la contemplation" : "Nous avons besoin de faire silence, d’écouter et de contempler pour découvrir la valeur et le rayon de la lumière divine qui émanent de la Création. […] Contempler et prendre soin sont deux attitudes pour corriger et rééquilibrer notre rapport d’êtres humains avec la Création." Notre carême peut être ce temps privilégié de contemplation et d’attention au vivant.
Les cendres dont nos fronts sont marqués ne sont pas le signe de quelque processus biologique d’usure du temps : ils sont le signe de la violence que nous faisons subir au vivant et à notre maison commune. Par nos consommations excessives, nous "brûlons" notre terre ! Ne les recevons donc pas comme une fatalité mais comme un appel à la conversion.
Nous réconcilier
Dans le Sermon sur la Montagne, un peu avant l’évangile de ce mercredi des Cendres, traitant de ces offenses que nous infligeons, Jésus nous commande de nous réconcilier avec ceux qui nous entourent : "Lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier, et ensuite viens présenter ton offrande" (Mt 5, 24). Dans la même logique du double commandement de l’amour de Dieu et l’amour du prochain, saint Paul dit aux Corinthiens : "Laissez-vous réconcilier avec Dieu" (2 Co, 5, 20). Tu veux te réconcilier avec Dieu ? avec tes frères ? Va d’abord te réconcilier avec la Création.
Dépêche-toi pendant que tu es en chemin, si tu veux éviter que l’Adversaire "ne te livre au juge, le juge au garde, et qu’on ne te jette en prison" (Mt 5, 25). Contempler et prendre soin : voilà un beau et bon chemin de rédemption.
Lectures du Mercredi des Cendres :
