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Huit ans après la disparition de Jean d'Ormesson, les écrits du célèbre académicien forment un héritage littéraire incontournable. Monstre de culture, icône d'élégance un brin insolente, il incarnait ce quelque chose immortel du "charme à la française". Jean d'Ormesson a écrit beaucoup de livres, et il en a certainement lu plus encore. Et pourtant, celui qui l'a le plus marqué n'est autre que… la Bible. En 2014, invité sur le plateau de France 5 pour l'émission de François Busnel "La grande librairie", Jean d'Ormesson avouait ainsi avoir aimé "à la folie" un certain nombre d'ouvrages. Mais, assurait-il face à un journaliste contenant difficilement sa surprise, "le livre qui a changé ma vie est probablement la Bible"; plus précisément deux livres : l'Ecclésiaste et l'Évangile selon saint Jean, surtout "la fin qui est si belle, si extraordinaire". "L'Ecclésiaste est un texte formidable, c'est très court mais il y a tout dedans", évoquait ainsi l'écrivain en mentionnant notamment la proximité de ce passage avec "les moralistes français".
Se définissant lui-même comme agnostique bien qu'élevé dans la foi catholique, Jean d'Ormesson parlait pudiquement de sa foi, mêlant comme à son habitude légèreté et gravité, bienveillance et humour piquant. "Disons-le sans fard. Ne tournons pas autour du pot. Je crois à une transcendance que nous avons le droit et l’habitude d’appeler Dieu et qui donne enfin un sens à l’univers et à notre vie", écrivait-il ainsi dans son Guide des égarés (2016). Un peu plus tôt, dans Comme un chant d'espérance, le brillant académicien s'ouvrait sur sa quête de Dieu, être aussi certain qu'insaisissable. "Songez que lorsque j'assiste à une messe, je suis volontiers un peu ironique. Mais je ne supporte pas qu'on critique la foi catholique devant moi", confiait-il ainsi dans un entretien lumineux avec le Figaro. "Ce qui ne laisse pas de m'étonner et de m'émerveiller, c'est l'Incarnation : Dieu s'est fait homme. Je sais bien, avec Renan, que dans de nombreuses religions anciennes, les dieux prennent forme humaine : Zeus prit les traits d'Amphitryon pour séduire Alcmène. Mais le Dieu des chrétiens est le seul qui s'incarne par amour. L'amour est la grande nouveauté du christianisme qu'on retrouve dans d'innombrables propos du Christ", disait-il encore.
Fervent défenseur de la cause des chrétiens d'Orient, l'écrivain avait pris à plusieurs reprises la défense de cette minorité persécutée. "S’il y a une cause qui mérite d’être défendue, c’est celle-là. Nous avons un devoir de solidarité avec ces chrétiens d’Orient qui doivent avoir le sentiment d’être un peu abandonnés", avait-il ainsi martelé sur l’antenne d’Europe 1, appelant de ses vœux "un soulèvement de l’Europe en faveur des chrétiens d’Orient."