separateurCreated with Sketch.

Contempler son visage pour réparer les outrages, la dévotion à la Sainte Face

Médaille de la Sainte Face de Jésus

whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Mathilde de Robien - publié le 03/03/25
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
"Je veux que mon Visage, qui reflète les blessures de mon âme et l’amour de mon cœur, soit davantage honoré. Qui me contemple me console", entend, en 1936, la bienheureuse Maria Pierina De Micheli, une religieuse italienne qui fait dès lors frapper une médaille représentant le visage du Christ conforme à celui du linceul de Turin.

Campagne de soutien 2025

Ce contenu est gratuit, comme le sont tous nos articles.
Soutenez-nous par un don déductible de l'impôt sur le revenu et permettez-nous de continuer à toucher des millions de lecteurs.

Je donne

Une dévotion vieille de 2.000 ans mais peu répandue. Seuls certains diocèses ou congrégations vouant un culte particulier à la Sainte Face de Jésus célèbrent la fête de la Sainte Face, la veille du Mercredi des Cendres. Une dévotion qui remonte aux premiers siècles du christianisme, après que sainte Véronique ait essuyé le visage du Christ avec un linge et qu’une image très nette s’y soit imprimée. Un culte méconnu, demandé par Jésus lui-même lors d’apparitions relativement récentes, d’abord à une carmélite de Tours, sœur Marie de Saint-Pierre et de la Sainte Famille à la fin des années 1830, puis à une religieuse italienne, Maria Pierina di Micheli en 1936. La première a transmis des litanies ; la seconde une médaille, et toutes deux ont contribué à faire rayonner cette dévotion dont la vocation consiste à consoler le Christ, tourmenté et offensé par le péché des hommes, en contemplant son visage douloureux.

Gravure représentant la Sainte Face de Tours, ou voile de Véronique.

Parmi les dévotions qui honorent la Passion du Seigneur, telles que le Chemin de croix, la méditation des sept dernières paroles ou encore la dévotion aux cinq plaies, la dévotion à la Sainte Face de Jésus demeure méconnue. Pourtant, deux Tourangeaux, la carmélite Marie de Saint Pierre et le vénérable Léon Papin-Dupont, appelé aussi "l'apôtre de la Sainte Face de Jésus", ont œuvré au XIXe siècle pour la faire connaître. Une dévotion qui a eu notamment une grande place dans la vie de sainte Thérèse de Lisieux, et qu’elle a fait apparaître dans son nom lorsqu’elle prononça ses vœux le 8 septembre 1890, devenant sœur Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face. Cinquante ans plus tard, après les apparitions du Christ à la religieuse italienne Maria Pierina De Micheli, cette dernière a l’idée de faire frapper une médaille de la Sainte Face, substituant à la Véronique l’image du Linceul de Turin.

Une dévotion de réparation

La dévotion à la Sainte Face est essentiellement une dévotion de réparation. En honorant le Saint Visage du Christ, torturé et défiguré au cours de sa Passion, les fidèles sont invités à le consoler et à réparer les outrages qu’il a endurés le Vendredi saint. Mais plus largement, la dévotion à la Sainte Face a pour but de réparer les blasphèmes contre le Saint Nom de Jésus et l’abandon du repos dominical, autant de marques d’irrespect qui blessent profondément le cœur du Christ. Une dévotion demandée par Jésus lui-même lors de ses apparitions à sœur Marie de Saint-Pierre et de la Sainte Famille, une carmélite qui vivait à Tours au XIXe siècle. En 1843, Jésus fait part à la religieuse de son chagrin et de son indignation face aux péchés commis contre Son Saint Nom : "Mon Nom est partout blasphémé ! Il y a même des enfants qui blasphèment !" Il lui transmet alors une prière qu’il décrit comme une "flèche d’or", arme toute puissante contre le blasphème :

"Qu’à jamais soit loué, béni, aimé, adoré, glorifié le très saint, très sacré, très adorable, très inconnu, très inexprimable Nom de Dieu au Ciel, sur la terre et dans les enfers par toutes les créatures sorties des mains de Dieu et par le Sacré-Cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ au très saint sacrement de l’autel. Ainsi soit-il."

La religieuse assure que cette prière contribuera à "essuyer la boue" que tous les blasphémateurs jettent au visage du Christ, et œuvre sans relâche au rayonnement de la dévotion à la Sainte Face, promesse de salut pour les hommes. "Ceux qui contempleront mon Visage blessé sur la terre, un jour contempleront la gloire et la majesté avec laquelle il est entouré dans le Ciel", reçoit la jeune carmélite. Dans cette perspective, elle compose des litanies en l’honneur de la Sainte Face, qui se terminent avec cette prière :

"Je vous salue, je vous adore et je vous aime, ô Jésus mon Sauveur couvert de nouveaux outrages par les blasphémateurs, et je vous offre, dans le cœur de la divine Marie, comme un encens et un parfum d’agréable odeur, les hommages des anges et de tous les saints, en vous priant humblement, par la vertu de votre Sainte Face, de réparer et de rétablir en moi et dans tous les hommes, votre image défigurée par le péché. Ainsi soit-il."

Une dévotion de consolation

Moins d’un siècle plus tard, Jésus apparaît à une religieuse italienne de l'Institut des Filles de l'Immaculée Conception de Buenos Aires, Maria Pierina De Micheli, béatifiée en 2010 par le pape Benoît XVI. Le Christ réitère, à la fin des années 1930, sa demande de réparation doublée d’une demande de consolation. "Je veux que mon Visage, qui reflète les blessures de mon âme et l’amour de mon cœur, soit davantage honoré. Qui me contemple me console", entend, en 1936, la religieuse qui voue depuis toute petite une grande affection pour le visage du Christ. Elle rapporte encore : "Contemplez mon visage, me dit-il, et vous pénétrerez les profondeurs de la douleur dans mon cœur. Consolez-moi et cherchez des âmes qui se sacrifieront avec moi pour le salut du monde." Le Christ cherche à partager ses souffrances avec les hommes. C’est le Christ qui aurait ainsi suggéré une date spécifique pour la fête de la Sainte Face : "J'ai donné mon Cœur comme l'objet le plus sensible de mon grand amour pour les hommes, et je donne mon Visage comme l'objet sensible de ma douleur pour les péchés des hommes : je veux qu'il soit honoré d'une fête spéciale le mardi de la Quinquagésime".

Un remède contre l’affaiblissement de la foi

Sœur Maria Pierina De Micheli a l’idée de faire frapper une médaille pour répandre la dévotion. Une idée qui fait suite à une vision de la Vierge Marie qui tenait dans sa main un scapulaire composé de deux morceaux de tissu blancs joints par un cordon. "L'une des flanelles portait l'image du Saint Visage, l'autre une Hostie, entourée de rayons", décrit la religieuse dans son Journal, datant l'événement au 31 mai 1938. "Ce scapulaire est une arme de défense, un bouclier de force, un gage d'amour et de miséricorde que Jésus veut donner au monde en ces temps de haine contre Dieu et l'Église", entend la religieuse de la bouche de la Vierge. "Des filets diaboliques sont tendus pour arracher la foi des cœurs. Le mal se répand. Les vrais apôtres sont peu nombreux, il faut un remède divin, et ce remède est le Saint Visage de Jésus."

Après en avoir parlé à son confesseur, le Père Rosi, et avoir obtenu la bénédiction du Cardinal de Milan, Ildefonso Schuster, Maria Pierina De Micheli fait frapper la médaille. L’endroit représente la Sainte Face telle qu’elle apparaît sur le linceul de Turin, avec l'inscription "Illumina, Domine, vultum tuum super nos" ("Seigneur, fais resplendir ta Face sur nous", cf. Ps 66) et l’envers une hostie, signe de l'Eucharistie, avec l'inscription : "Mane nobiscum Domine" ("Reste avec nous, Seigneur", cf. Lc 24,29). Dès 1940, en pleine Seconde Guerre mondiale, la médaille, déjà renommée pour ses miracles, se répand dans toute l’Italie.

À Tours, dans l’ancienne maison de Léon Papin-Dupont, ce laïc engagé qui continua l’œuvre de sœur Marie de Saint-Pierre en accueillant dans son salon des proches venus se recueillir devant l’image de la Sainte Face et fut témoin de nombreux miracles, se trouve aujourd’hui l’Oratoire de la Sainte Face, confié au couvent dominicain de Tours. Dans l’Oratoire trône l’icône de la Sainte Face devant laquelle brûle en continu une lampe. Une invitation à contempler le Christ, partager ses blessures et confier ses intentions à ce visage, symbole d'amour et de miséricorde. Sur leur site, les dominicains de Tours précisent qu'ils peuvent expédier l’huile de la Sainte Face par voie postale.

Prière à la Sainte Face de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte Face :

"Ô Jésus, qui dans votre cruelle passion êtes devenu "l'opprobre des hommes et l'homme de douleurs", je vénère votre divin visage, sur lequel brillaient la beauté et la douceur de la divinité, maintenant devenu pour moi comme le visage d'un "lépreux" ! Mais sous ces traits défigurés je reconnais votre amour infini, et je me consume du désir de vous aimer et de vous faire aimer de tous les hommes. Les larmes qui coulèrent si abondamment de vos yeux m'apparaissent comme des perles précieuses que j'aime à recueillir afin d'acheter avec leur valeur infinie les âmes des pauvres pécheurs.

Ô Jésus, dont le visage est la seule beauté qui ravit mon cœur, j'accepte de ne pas voir ici-bas la douceur de votre regard ; de ne pas sentir l'inexprimable baiser de votre bouche ; mais je vous supplie d'imprimer en moi votre divine ressemblance ; de m'embraser de votre amour, afin qu'il me consume rapidement et que j'arrive bientôt à voir votre glorieux visage dans le Ciel. Ô Face ensanglantée, ô Face divine, que toute adoration vous soit rendue.

Ainsi soit-il."

[EN IMAGES] Un corps de Jésus réalisé à partir du Saint-Suaire d’un réalisme extrême :

Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)