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En mars, prenez le bâton de la persévérance

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"Le mariage de la Vierge", Le Pérugin, Musée des Beaux-Arts de Caen.

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Jean-François Thomas, sj - publié le 01/03/25
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Saint Joseph, qui habite chaque mois de mars annonçant le printemps, donne l’exemple de la vertu de persévérance. La constance dans les détails de la vie quotidienne rend facile la fidélité en Dieu dans les grandes difficultés.

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Bien des échecs dans l’existence sont dus au manque de persévérance. Le moindre obstacle est souvent la cause de l’abandon et du découragement. La persévérance s’apprend dès le plus jeune âge. Les parents en font preuve eux-mêmes lorsqu’ils s’accrochent aux branches dans les moments où leurs enfants sont les plus rétifs et les plus récalcitrants. Tout père ou mère de famille digne de ce nom est capable d’affronter des situations catastrophiques sans perdre espoir, tout en éduquant à perdurer dans l’effort. 

Autrefois, les instituteurs étaient souvent des modèles de persévérance dans leur énergie à instruire les plus défavorisés intellectuellement. Ils étaient capables de hisser ceux qui, sans eux, n’auraient jamais pu passer le certificat d’études, sésame et signe d’une victoire sur la fatalité de l’ignorance. Il existe encore de tels éducateurs mais uniquement lorsque ces derniers ont bénéficié d’une persévérance identique dans leur propre formation, sinon, l’époque est plutôt à papillonner, à ne pas terminer ce qui a été entrepris dès que l’esprit est confronté à la moindre contrariété et à la plus légère adversité.

Le bâton de saint Joseph

En ce qui regarde notre vie intérieure, notre démission est encore plus rapide, tout engagement de longue haleine nous rebutant et nous effrayant. Nous avons oublié que la persévérance est une vertu, certes ni théologale, ni cardinale, mais qui nous relie directement à la vertu de force, nous aidant à accomplir plus que ce que nous pourrions naturellement et nous ancrant dans la fidélité à nos engagements, à nos promesses, à nos projets. 

L’exemple de saint Joseph, Époux de la Très Sainte Vierge, qui habite chaque mois de mars annonçant le printemps, et une vie nouvelle dans la nature, devrait nous inspirer. Cet homme juste est la persévérance personnifiée. La science infuse des choses divines ne lui pas accordée d’un coup. Il grandit dans sa compréhension du mystère dans lequel il était appelé. Le Proto-évangile de Jean, récit apocryphe, nous rapporte l’épisode miraculeux qui permit à Joseph d’être choisi parmi les prétendants de la jeune Marie. Chacun des hommes, tous descendants de David, se présenta avec un bâton sec au temple de Jérusalem, et seul celui de Joseph se mit à verdir. Ceux qui furent éconduits à cause de la sécheresse de leurs bâtons brisèrent alors ces derniers tandis que l’Époux élu gardait le sien, verdoyant et bientôt orné des lys de la pureté, tout en s’avançant vers la Mère de Dieu. Il passa ensuite par bien des tribulations, devant affronter la curiosité malsaine des hommes, la fureur d’Hérode et la responsabilité d’être le père adoptif du Fils de Dieu. Nul doute qu’il conserva toujours ce bâton vivant et vivace, signe de sa persévérance dans le devoir accepté y compris au cœur des moments les plus sombres.

Dans la confiance et la paix de l’âme

La persévérance porte du fruit. L’anecdote suivante, rapportée dans les Apophtegmes des Pères du désert, est célèbre :

"On racontait de l’abbé Jean Colobos que, s’étant retiré chez un vieillard thébain, à Scété, il résidait dans le désert. Son abbé, ayant pris un bois sec, le planta et lui dit : “Chaque jour arrose-le d’une bouteille d’eau jusqu’à ce qu’il produise du fruit.” Or, l’eau était si loin d’eux qu’en partant la chercher le soir on revenait à l’aube. Au bout de trois ans, le bois reprit vie et produisit du fruit. Alors le vieillard prenant son fruit le porta à l’église et dit aux frères : “Prenez, mangez du fruit de l’obéissance.”"

Cette obéissance ne put fleurir que grâce à la persévérance. Bien des fois, nous devons accomplir des tâches répétitives, rébarbatives, dont nous ne saisissons guère le sens immédiat. Il faut parfois très longtemps pour découvrir enfin la lumière jaillie de nos ténèbres, de notre ennui, de notre manque de goût. Lorsque nous sommes saisis par cette déréliction, plus que jamais il est nécessaire de poursuivre avec ténacité ce qui est sur le métier à tisser. La persévérance n’est pas de l’entêtement. Ce dernier comporte de la dureté, de l’aveuglement et du volontarisme tandis que la première réside dans la confiance, la paix de l’âme. En présence de la persévérance, Dieu obéit, selon la conviction des moines de Scété. Il reconnaît et aime l’exercice de cette vertu qui ne se développe jamais autant que dans la difficulté. Là où tout serait facile, coulant de source, il n’y aurait nul besoin de persévérance. Cette dernière est le métal dont les saints sont forgés.

De la vertu de force

Saint Thomas d’Aquin souligne combien est précieuse cette persévérance vertueuse :

"Par conséquent, comme la tempérance et la force sont des vertus spéciales, parce que l’une règle les jouissances sensibles (ce qui offre en soi une difficulté) ; l’autre règle la crainte et l’audace à l’égard des dangers de mort (ce qui est une autre difficulté) ; de même la persévérance est une vertu spéciale qui a pour objet de persister longtemps dans tels ou tels actes de vertu, selon qu’il est nécessaire" (Somme théologique, IIa-IIæ, qu. 137, art. 1, concl.) 

Elle prépare à la vertu de force, supérieure car celle-ci peut affronter des dangers de mort. Un être qui n’aurait jamais exercé sa persévérance, par paresse, par lâcheté, par faiblesse, ne pourrait affronter la moindre contrariété. Il est frappant de voir par exemple à quel point bien des couples actuels se séparent brutalement dès la première déception, la première anicroche, faute de mettre en pratique la persévérance dans les périodes les plus stériles et les plus éprouvantes. 

La constance dans les choses quotidiennes

Dans une éducation vraiment chrétienne, la personne est mieux armée car elle a goûté au prix de la persévérance qui finit par couronner celui qui l’aime. La constance dans les détails et dans chaque action de la vie ordinaire est une qualité qui devient rare car tout est fait, dans notre monde, pour détourner les esprits de ce qui coûte un effort sur le long terme : tout, tout de suite, sinon rien, on tourne la page et on se lance à l’aveugle sur une route nouvelle qui ne gagnera pas plus notre persévérance. Et ceci à l’infini. La persévérance dans les choses quotidiennes sculpte en notre âme la capacité à persévérer dans une fidélité sans cesse verdoyante envers Dieu. Saint Augustin, dans son ouvrage sur la persévérance, écrit ainsi : "Nous affirmons que la persévérance par laquelle on persévère dans le Christ jusqu’à la fin est un don de Dieu" (Chap. 1). Le Docteur angélique reprend cette idée : 

"La persévérance s’entend de deux manières : Premièrement, on entend par là l’habitude de la persévérance selon qu’elle est une vertu. En ce sens elle a besoin du don de la grâce habituelle, comme toutes les autres vertus infuses. Deuxièmement, on peut entendre l’acte de la persévérance qui dure jusqu’à la mort. De cette manière elle a besoin non seulement de la grâce habituelle, mais encore du secours gratuit de Dieu qui conserve l’homme dans le bien jusqu’à la fin de la vie" (Somme théologique, IIa-IIæ, qu. 137, art. 4, concl.)

Prédisant la ruine de Jérusalem et la persécution de ses disciples, Notre Seigneur parla de son dernier avènement en ces termes : "Parce que l’iniquité aura abondé, la charité d’un grand nombre se refroidira. Mais celui qui persévérera jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé" (Mt, 14, 12-13). La peine en vaut la chandelle : garder à la main son bâton de persévérance, aussi vert et fleuri que celui de saint Joseph.

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