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Attentat de la basilique de Nice : perpétuité réelle pour Brahim Aouissaoui

Ce croquis judiciaire réalisé le 10 février 2025 montre Brahim Aouissaoui lors de son procès. Il est accusé d'avoir poignardé à mort trois personnes dans une église de Nice en 2020.

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Cécile Séveirac - publié le 26/02/25
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Brahim Aouissaoui, auteur de l’attentat terroriste de Notre-Dame de Nice, a été condamné ce mercredi 26 février à la peine maximale. Il avait tué un sacristain et deux fidèles à l’intérieur de la basilique le 29 octobre 2020.

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Le verdict est tombé. Brahim Aouissaoui, auteur de l’attentat terroriste de Notre-Dame de Nice, a été condamné ce mercredi 26 février à une peine de réclusion à perpétuité assortie d’une période de sûreté incompressible, soit la perpétuité réelle, reconnu coupable d’ "assassinats et tentatives d’assassinats en lien avec une entreprise terroriste".

Dans le box des accusés, Brahim Aouissaoui est apparu relativement impassible. Ce corps maigrelet aux épaules voûtées qui s’est pourtant acharné avec une force incomparable sur trois innocents n'a guère bougé d’un yota de toute l’audience. Seuls signes de nervosité, un mouchoir plié, déplié et replié machinalement entre les doigts, et des genoux qui s’entrechoquent. Le visage lui, est demeuré presque tout le temps dépourvu d’expression, indifférent. Durant les trois premières heures d’audience pendant lesquelles les deux avocates générales ont prononcé leur réquisitoire, Brahim Aouissaoui n'a pas sourcillé, excepté à un instant : "Ce n’est pas du terrorisme !", s'est-il exclamé, aussitôt remis à sa place par le président de la Cour. "N’interrompez pas !" Reprenant le fil, la première avocate générale a insisté sur l’horreur du crime perpétré "dans un lieu sacré" ; les stigmates qu’il a laissés sur les proches des victimes et les victimes collatérales : "Malgré le temps qui passe, les plaies des survivants demeurent. Nous avons pris le temps d’entendre les pleurs d’un fils à qui on a enlevé sa mère ; d’un meilleur ami qui culpabilise d’avoir gardé la vie ; la dignité d’un époux ; la fatigue d’un prêtre dont la foi en l’homme demeure (…) Nous avons pris le temps, aussi, d’entendre le silence de ceux qui n’ont pas voulu témoigner".

La question omniprésente de la préméditation

Le parquet s'est ensuite attardé méthodiquement le parcours de Brahim Aouissaoui. Un parcours "cohérent", qui n’a "rien à voir avec un coup de folie" mais qui est bien celui d’un homme déjà violent (après avoir commis une agression au couteau à 16 ans dans son pays natal, N.D.L.R) venu répandre délibérément la terreur sur le sol français, ont affirmé les avocats. Radicalisation progressive depuis la Tunisie, contenus de propagande djihadiste retrouvés sur ses supports numériques, haine affichée de la France "antimusulmans, blasphématrice et mécréante" : tout portait Brahim Aouissaoui à passer à l’acte. Un acte prémédité, a insisté le parquet. Car si la basilique de Nice n’était pas l’objectif initial du terroriste qui visait plutôt Paris, le changement de cible une fois opéré donne bien lieu à une préparation minutieuse. Cinq repérages successifs devant la basilique tout d’abord, pendant lesquels Brahim Aouissaoui scrute l’édifice et ses alentours. Auparavant, une carte SIM jetée. Puis des messages envoyés à l’un de ses amis lui demandant d’effacer son compte Facebook "dès que tu auras reçu ce message".

En face, la défense "ne conteste pas l’existence d’un ressentiment envers l’Occident, bien présent". Mais, a-t-elle soutenu, l’existence d’une telle hostilité ne peut pour autant établir que Brahim Aouissaoui a quitté son pays dans l’unique dessein de commettre un acte terroriste. "Son projet criminel s’est dessiné une fois en France, avec ce déracinement migratoire. Les éléments du dossier suggèrent un passage à l’acte précipité plutôt que mûrement préparé", a ainsi fait valoir Maître Marie-Alexandrine Bardinet.

Revenant sur le passé de Brahim Aouissaoui, "enfant tunisien élevé dans l’amour des siens et dans le respect d’un islam dit modéré", Maître Méchin a détaillé les conditions dans lesquelles l’accusé a quitté l’école à 13 ans afin de commencer à gagner sa vie, avant d’enchaîner les premiers problèmes avec la justice. Puis comment, à 19 ans, il "s’ouvre à la religion ; puis se referme sur cette même religion dans un engrenage qu’il ne parvient plus à quitter". "Brahim Aouissaoui n’est que le reflet d’une société qui se construit sur l’opposition entre les peuples, les religions, les idéologies", a encore plaidé la défense. Appelé à s'exprimer une dernière fois avant le verdict, Brahim Aouissaoui a prononcé quelques phrases sur un ton saccadé en arabe. De nouveau, aucun regret n'est manifesté par le terroriste. "Il y a la justice et le droit. Si vous êtes là pour établir la justice, jugez au nom de ces femmes et enfants qui ont été tués [par l’Occident, N.D.L.R]. Prenez votre décision en pensant à ces femmes et ces enfants qui sont morts". La Justice a tranché, et ce en faisant le choix d'une peine rarissime : avant Brahim Aouissaoui, seuls cinq criminels avaient été condamnés à la perpétuité incompressible.

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