separateurCreated with Sketch.

Le salon de l’agriculture, et après ?

Salon de l'agriculture 2025

whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Jean-Étienne Rime - publié le 24/02/25
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Le succès répété chaque année du salon de l’agriculture témoigne de l’attirance toujours aussi forte des urbains pour le monde agricole, mais aussi de l’impuissance à vouloir une agriculture écologique et souveraine. Notre chroniqueur Jean-Étienne Rime, lui-même forestier et éleveur, propose trois idées pour unir les Français autour de leur agriculture.

Campagne de soutien 2025

Ce contenu est gratuit, comme le sont tous nos articles.
Soutenez-nous par un don déductible de l'impôt sur le revenu et permettez-nous de continuer à toucher des millions de lecteurs.

Je donne

Les visiteurs du salon de l’agriculture, qui s'est ouvert le 22 février, reviennent ravis, ils ont vu des vaches et leurs veaux, des moutons, des cochons dans ce qu’il est convenu d’appeler la plus grande ferme de France. Les agriculteurs présents sont heureux aussi, l’on admire leur production, ils expliquent, racontent, ils font goûter les produits pour le plus grand bonheur des citadins. On a l’impression d’une unité nouvelle, les Français, qui ont tous un ancêtre paysan, retrouvent leurs racines. C’est le temps d’une visite, le temps d’une journée et tout ensuite reprend son cours, avec ses difficultés et ses incompréhensions.

Cet agriculteur inconnu

Dans le métro qui le reconduit chez lui, le Parisien oublie vite. Dès le lendemain il ne fera pas le lien entre l’animal et ce qu’il a mis dans son assiette, la mort, le process artisanal ou industriel lui échappe, on n’en parle pas. Il demandera plus de protections, de normes pour ne pas risquer absorber des produits potentiellement dangereux. Il ne saura pas que notre agriculteur français croule sous ces contraintes alors que le produit importé aura bénéficié de réglementations plus laxistes. 

Qui est en réalité cet agriculteur ? Dessinons-le, il a le dos plié, ployé sous le poids de sa dette. Son tracteur, ses équipements et les matériels sophistiqués et importants qu’il possède appartiennent à la banque et il rembourse chaque mois. Il doit aussi payer la MSA (la "sécu" agricole), les adhésions obligatoires aux différentes officines de contrôle. Il est seul, ne trouvant pas de personnel, et s’il en a, il doit payer des charges dépassant souvent ses moyens pour un travail de 35 heures. Il subit des rafales de contrôles chaque année, qualité de ceci, non-usage de cela. Il retrouve ses produits moins chers dans un supermarché car importés avec des contraintes plus faibles. Il sait que ses confrères européens ont moins d’obligations. Les visites des écolos, qui bien évidemment connaissent mieux la nature que lui, créent des tensions supplémentaires. Il aura du mal à transmettre son exploitation, ses enfants préférant une situation moins contraignante. 

Quelle agriculture voulons-nous ?

Tout cela, on le sait et il ne s’agit pas de faire pleurer. D’autant plus que les dernières manifestations agricoles ont enfin fait réagir et l’opinion voit de manière plus positive nos agriculteurs, nos acteurs indispensables de la ruralité. Mais veut-on vraiment une agriculture en France ? Deux questions fondamentales se posent : le développement de la recherche et les solutions des industriels qui visent à créer de la nourriture artificielle (le steak sortant des cultures de cellules) et d’autre part le déficit commercial. Notre agriculture était largement positive voici peu de temps ; aujourd’hui, on importe et cela devient nécessaire pour nourrir notre population. Le paysan perd sa place de créateur et fournisseur d’une alimentation juste et bonne. Un mouvement se dessine avec des circuits courts, de la transformation à la ferme ou par un artisan local, une distribution par Internet. On va finir par les aimer, ces paysans de France pourvu qu’il ne soit pas trop tard.

Préférer la France

Revenons à notre visiteur du salon de l’agriculture qui, comme tous, oublie très vite. Comment pourrait-il se sentir plus proche, plus solidaire ? Voici trois idées un peu idéalistes… quoique ! La première consiste à créer des stages de découverte pour les jeunes des collèges ou lycées : passer deux jours dans une ferme, une vraie, pas ces fermes pédagogiques qui ne sont qu’un mauvais reflet de la réalité, et toucher la terre. Partager la réalité des agriculteurs, ce ne serait pas une contrainte mais une expérience passionnante et marquante. 

La deuxième idée consiste à préférer la France, non par souverainisme mais par écologie et par économie, ce qui nécessite une information sur les produits mais surtout une vraie formation des distributeurs, des restaurateurs, des collectivités pour tracer, informer, acheter local et valoriser ces achats auprès des consommateurs. La troisième idée concerne les chrétiens qui ont pris conscience de cette nécessité de respecter les ressources de notre planète et l’écologie intégrale, portée par Laudato si’. Il faut agir, oui, et cela donne une énergie, un élan juste, à la condition de connaître et comprendre les exigences naturelles et associer les acteurs de la terre, les paysans, les forestiers, les ruraux acteurs. Les premiers écologistes sont ceux qui vivent de la terre. Sans eux, rien n’est possible. Les équilibres naturels se restaureront à la condition de le faire ensemble. La rencontre des urbains et des agriculteurs au Salon montre une voie à explorer : s’écouter, échanger, agir ensemble pour retrouver une production et des échanges sains.

Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)