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Jour de joie pour les chrétiens de Mossoul : onze ans après la prise de la ville par les djihadistes de Daesh, la cloche de l'église syriaque-orthodoxe Mar Touma a sonné pour la première fois. Cette église vieille de douze siècles avait été libérée après des mois de combats en 2017 et sa rénovation avait débuté en 2022 avec l'aide de l'Œuvre d'Orient. L'évêque syriaque orthodoxe de Mossoul Mor Nicodemus Sharaf a sonné la cloche de l'église le 13 février, signant l'achèvement de trois années de travaux. Son inauguration est prévue en octobre 2025.
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Datée originellement du VII siècle, l'église syriaque-orthodoxe de Mar Touma a été construite sur les fondations d'une maison où aurait séjourné l’apôtre Thomas. Elle a longtemps été l'un des plus importants sièges de l’archevêché syriaque-orthodoxe de Mossoul et du Nord de l’Irak. Lors de la prise de Mossoul par l'État islamique, en juin 2014, les reliques de saint Thomas avaient été sauvées in extremis des mains des terroristes et transportées au monastère Saint-Matthieu (Mar Matta). Pendant la durée d'occupation de Mossoul, l'édifice fut transformé en base militaire et gravement endommagé par des bombardements. Son intérieur fut profané, vandalisé. Mais ses murs ont tenu, comme un symbole, pour ne pas dire un signe visible de la présence de Dieu au milieu de l'enfer. Sa destruction était pourtant bien prévue par les djihadistes, qui avaient tracé des cercles noirs sur les colonnes de l'église, servant à indiquer les emplacements pour les explosifs.
Une présence chrétienne menacée
Ce son à la fois triomphant et doux fera-t-il revenir les chrétiens chez eux ? Depuis le départ de Daesh en 2017, cette communauté chrétienne millénaire se relève péniblement et demeure fragile. Pas moins de 1.200 familles chrétiennes vivaient dans la ville de Mossoul avant l’arrivée de Daesh. Aujourd'hui, il est difficile de savoir combien d'entre elles sont revenues vivre sur place. "C’est très compliqué d’établir des chiffres, estimait auprès d'Aleteia Églantine Gabaix-Hialé, chargée de mission pour l’Œuvre d’Orient. "On parle souvent de 60 à 70 familles, mais c’est probablement autour de 25, et certaines ne comptent qu’une seule personne."
En août 2024, l’archevêque d’Erbil, Mgr Warda, affirmait à l'AED qu'environ 9.000 familles avaient regagné la plaine de Ninive après avoir fui il y a dix ans, alors que 13.200 familles chrétiennes avaient fui vers son archidiocèse dans la région autonome du Kurdistan irakien. L'Irak s'est presque entièrement vidé de sa population chrétienne, passant de 1.4 million en 2003 à 150.000 en 2021 selon les estimations les plus pessimistes.
Depuis 2017, Mossoul renaît progressivement de ses cendres. De nombreuses églises sont reconstruites, à l'image de Notre-Dame de l'Heure, Notre-Dame du Perpétuel Secours, ou encore l'église syriaque-catholique elle aussi nommée Mar Touma. Mais la garantie de pouvoir vivre librement leur religion ne suffit pas : la pauvreté et le chômage contraignent encore les chrétiens à chercher leur gagne-pain ailleurs. "Les obstacles sont nombreux, mais il s’agit surtout d’une question financière. Les gens ont presque tout perdu. Ils ont été dénudés quand on les a obligés à quitter Mossoul et la plaine de Ninive les mains quasiment vides, avec un minimum de vêtements. Tout ce qu'ils avaient sur eux a été pillé. Ces personnes doivent recommencer à zéro", témoignait ainsi auprès de Vatican News Mgr Michaeel Najeeb, archevêque chaldéen de Mossoul.