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Pour Patrice Baroche, principal d’un collège de l’enseignement public, et son épouse Anne, aide-soignante, ce premier voyage à Rome de leur vie est une aventure plutôt inattendue. Le couple, initialement assez détaché de l'Église, s'est marié en 1989, alors qu’ils avaient déjà leur premier enfant. Quatre autres ont suivi par la suite, parmi lesquels une Éthiopienne adoptée. L’engagement chrétien de Patrice et Anne remonte à leur accompagnement vers le mariage. “Tout a commencé lorsque nous avons intégré les équipes Notre-Dame. Nous n’avions pas le profil ‘classique’ associé à ce mouvement, mais cette aventure a duré 15 ans. Nous nous sommes ensuite investis notamment dans une école de prière et les parcours Alpha”, racontent-ils.
La question du diaconat a été posée à Patrice dès les années 1990, mais son travail d’instituteur ne le lui permettait pas en raison des règles de laïcité dans l'enseignement primaire public. Devenu par la suite proviseur d’un lycée professionnel, et désormais principal d’un collège, Patrice Baroche s’est retrouvé plus disponible à cet appel. Sa formation a commencé en 2019, avec des sessions organisées certains week-ends. Un appel vécu dans la discrétion, mais en cohérence avec son engagement professionnel. S’il travaille sans faire de prosélytisme, il tient à vivre ses valeurs dans son métier d’éducateur.
Sensible aux injustices sociales
“Le collège que je dirige, et dans lequel je réside la semaine, compte 615 élèves, avec un internat comptant des élèves en difficulté sociale, familiale, affective. J’aime ce défi”, confie le futur diacre, inquiet de la détresse des jeunes actuellement. “Ils n’ont jamais été aussi mal qu’en ce moment, notamment en raison des réseaux sociaux… Ils ne savent plus faire la différence entre le vrai et le faux. Le téléphone portable est un fléau”, s’inquiète Patrice Baroche, qui se souvient des mouvements catholiques qui donnaient une ouverture sociale et “des lieux où l’on pouvait réfléchir et penser”. “Je suis content d’avoir été jeune avant… c’est très difficile d'être jeune maintenant”, regrette-t-il.
Très sensible aux injustices sociales, Patrice Baroche aimerait notamment s’investir dans le Secours catholique, et dans une maison des familles proche de la nouvelle prison construite près de Troyes. Mais tout cela dépendra de sa future lettre de mission, sachant que sa famille et son lieu de travail resteront les premiers lieux de son diaconat, tout en devant garder une certaine réserve compte tenu des règles de laïcité dans l’enseignement public. Pour autant, son diaconat n’est plus un secret. “La directrice académique m’a félicité quand je lui ai dit que j’allais à Rome pour cela. Je pense que les regards vont changer au collège”, reconnaît-il, en supposant que le corps enseignant prendra connaissance de son engagement en lisant la presse locale.
Le “clin-Dieu” de Noël
L'invitation à Rome s’est faite par l'évêque de Troyes, Mgr Alexandre Joly, qui avait participé à la récente assemblée synodale et va concélébrer la messe d’ordination. “Il m’a convoqué avant Noël pour me dire que je serai appelé au diaconat, ce qui était prévu, mais il m’a aussi expliqué que le pape voulait ordonner des diacres à Rome et m'a demandé si j’étais disponible”. Après un moment de stupeur, le futur diacre a reçu l’accord de son épouse pour cette démarche originale, au terme d’un parcours de formation vécu durant près de cinq ans avec d’autres couples de la Marne, de l’Aube et de la Haute-Marne, sans que leurs enfants ne soient au courant.
“Nous avons annoncé cela à nos enfants le soir de Noël. Nous parlions de différents sujets, et puis un moment ma fille m'a dit “mais Papa, tu parles comme un diacre”! Nous avons pris cela comme un clin-Dieu! Ils ont tous été très contents de cet engagement. Deux de nos enfants viennent à Rome, deux autres participeront à la messe d’action de grâces qui sera célébrée à Troyes le 1er mars”, précise Patrice. L’absence du pape François, qui sera remplacé pour cette messe par Mgr Rino Fisichella, pro-préfet du dicastère pour l'Évangélisation et organisateur du Jubilé, ne retire rien à sa joie d'être à Rome et à son affection pour le pape François. “Je me reconnais bien dans son refus du décorum. J’ai bien aimé le fait qu’il soit allé en Corse et pas à Paris, je l’ai trouvé génial sur ce coup-là ! Certes, c’est magnifique ce qui a été fait à Notre-Dame de Paris, mais on savait que les grands de ce monde qui sont venus pour l’inauguration n’allaient pas revenir les dimanches suivants…”, explique le futur diacre.
Patrice Baroche voit dans son ordination à Rome un heureux “concours de circonstances”. “Je ne suis qu’un diacre ordinaire. Mon ordination à Rome ne me donne pas un grade supplémentaire. C’est quelque chose d’hors normes, qui est magnifique tout en me faisant peur… Mais je vais vivre ce moment hors normes comme un cadeau”, assure-t-il.