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Le diaconat, un engagement conjugal à la rencontre du “Dieu-amour”

Monique et Dario Bondolfi.

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Cyprien Viet - publié le 22/02/25
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Le Jubilé des diacres, qui se tient en l’absence du pape François toujours hospitalisé, a lieu ce week-end à Rome, en présence de 4.000 diacres provenant d’une centaine de pays, dont beaucoup sont venus avec leurs épouses. L’occasion de se pencher sur la place des femmes et la dimension conjugale du diaconat.

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“La famille et le couple, c’est notre premier diaconat.” De nombreux couples participant au Jubilé des diacres insistent sur ce point : le diaconat permanent n’est pas un engagement individuel du mari mais un choix familial et conjugal, dont l’épouse, qui participe à l’ensemble des sessions de discernement et de formation, est partie prenante. Au-delà des débats sur le diaconat féminin en tant que tel, c’est surtout sur la dimension conjugale du diaconat qu’insistent celles qui se définissent comme les “épouses d’un homme devenu diacre”, et non comme des “femmes de diacres”.

André Jourde et son épouse Joëlle, originaires du Cantal, ont vécu un long cheminement de préparation au diaconat durant près de dix années dans le diocèse de Saint-Denis. C’est en région parisienne que ces parents de deux enfants, parmi lesquels un fils handicapé moteur, avaient déménagé en raison de leur profession. C’est en 2003 que cet ancien fonctionnaire des ministères de la Justice et de Santé et de France Télécom a été ordonné au diaconat permanent. “Ce fut un déroulement naturel, sans révolution familiale, sans bouleversement. On a vraiment pris le temps, les choses ne se sont pas faites dans la précipitation”, insiste-t-il.

André et Joëlle Jourde

“Le prêtre qui a ouvert la question l’a fait avec beaucoup d’habileté et de finesse, il a éveillé quelque chose, et nous avons pris le temps de cheminer”, explique André. “Ce prêtre m’a fait grandir”, confie Joëlle, ravie d’avoir ainsi eu l’opportunité de mieux comprendre la foi chrétienne. “Avec mon mari, nous n’avions pas la même éducation religieuse, et c’était parfois un sujet de conflits. Moi qui avais été élevée avec l’image d’un Dieu qui punit, je ne connaissais pas le Dieu-amour. Mais des portes se sont ouvertes. Lors de l’appel décisif, j’ai expliqué qu’à travers cette formation au diaconat, j’avais découvert un nouveau ‘jardin à cultiver’”, se souvient-elle. Désormais installés dans le diocèse de Montauban, André et Joëlle s’investissent notamment dans l’équipe diocésaine du diaconat et dans la préparation au mariage.

Jean-Luc et Marie-Josèphe Robin ont pour leur part vécu un parcours plus précoce. Ordonné diacre à Metz en 1988, une semaine après la visite de Jean-Paul II dans ce diocèse, Jean-Luc avait alors bénéficié d’une dérogation d'âge : cet imprimeur est devenu diacre permanent à seulement 34 ans, un an de moins que les 35 ans théoriquement requis. Son épouse, auxiliaire puéricultrice, était encore enceinte au moment de l’appel et du début de la formation. “Appeler un jeune couple est moins courant aujourd’hui”, reconnaissent-ils, tout en se réjouissant d’avoir vu le diaconat “fleurir” dans ce diocèse, avec aujourd’hui une cinquantaine de couples impliqués dans une vie de fraternité très ressourçante pour tous. Autre joie pour le couple : l’énorme progression du nombre de catéchumènes, qu’ils voient se multiplier après 25 ans d’accompagnement. “Nous aurons 150 baptisés cette année dans notre diocèse, contre 80 l’année dernière”, se réjouissent-ils.

Le couple pour concilier la passion et la raison

Dario et Monique Bondolfi, à respectivement 84 et 85 ans, ont aussi tenu à vivre ce pèlerinage jubilaire en faisant le voyage depuis Lausanne, en Suisse, où ils résident. Ces pionniers du diaconat se sont rencontrés en 1968, dans les années d’effervescence qui avaient suivi le Concile Vatican II. Dario, qui s’interrogeait sur une éventuelle vocation sacerdotale durant sa jeunesse mais ne se sentait pas apte au célibat, avait suivi dans les années 1960 une retraite au séminaire durant laquelle un prêtre avait eu cette parole libératrice pour lui : “On a besoin de bons papas, de bonnes familles, qui soient dans la pâte humaine”. 

La rencontre de Monique, d’ascendance arménienne et libanaise, lui a permis de développer une réflexion sur le diaconat permanent, en lien avec leur engagement œcuménique. Cependant, ce n’est que près de 30 ans plus tard, en 1996, que Dario a reçu l’ordination diaconale, après des années difficiles dans leur parcours ecclésial, durant lesquelles, face à la méfiance de certains prêtres et évêques, ils ont parfois eu le sentiment de traverser “un hiver de l’Eglise”.

“Nous avons vécu une forme de purgatoire”, reconnaît Monique, qui tout en jonglant avec l’éducation de leurs quatre enfants et son travail d’enseignante, a pu entreprendre des études de théologie en lien avec la formation au diaconat de son mari. “J’étais passionnée de théologie, et j’ai été très contente de pouvoir réaliser une maîtrise de théologie par correspondance à Strasbourg, sur la femme dans la perspective trinitaire. Je trouvais cela interpellant de penser Dieu dans une dynamique de mouvement, de relations. Dieu n’est pas statique”, explique-t-elle avec enthousiasme. 

“J’ai conclu mon mémoire une semaine avant l’ordination de Dario, et je lui suis très reconnaissante de m’avoir aidée, aussi en s’occupant de nos enfants quand j’avais besoin de me concentrer sur mes études”, explique Monique, qui a ainsi pu enseigner à l’Atelier œcuménique de Genève. Depuis près de 25 ans, Dario et Monique Bondolfi se sont surtout mobilisés pour l’Arménie à travers l’association KASA, qui vient en aide à la jeunesse arménienne à travers des programmes culturels. 

Les deux octogénaires, remplis d’une grande vivacité intellectuelle, reconnaissent avoir besoin l’un de l’autre. “J’ai une mentalité un peu rebelle, marquée par la passion. Monique apporte un peu de raison”, confie Dario, issu de la Suisse italienne. “Nos débats sont parfois animés”, s’amusent-ils. “Mais Monique me donne la clé, elle a le sens de la vérité et de l’analyse. Je suis un feu d’artifice, il me fallait une femme qui puisse un peu me cadrer”, confie le diacre. “Dario a une vision magnifique, d’avant-garde”, nuance Monique, qui accompagne son mari dans la préparation des funérailles. Très ému, le diacre de 84 ans confie avoir été appelé pour la première fois la semaine dernière à faire partie de l’équipe pastorale élargie au sein de leur paroisse, un signe de confiance qu’il attendait depuis plusieurs décennies. 

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