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Le risque, si l’on peut dire, dans une basilique baroque, est d’avoir le regard saturé par la profusion de détails. Ainsi de l’immense basilique Saint-Pierre, longue de presque 140 mètres, vaste édifice qu’occupent de nombreuses merveilles artistiques, de la Pietà de Michel-Ange aux sculptures innombrables en passant par les monuments funéraires pontificaux et autres tableaux. Sans compter, évidemment, ses trésors spirituels et le premier d’entre eux : la "confession" ou tombeau de l’apôtre Pierre, en-dessous du maître-autel. Dont le baldaquin, réalisé par le Bernin au milieu du XVIIe, a le défaut de cacher son autre chef-d’œuvre : la chaire de Saint-Pierre. Signe visible de l’autorité du pape, confiée par le Christ à Pierre et transmise à ses successeurs, et fêtée liturgiquement le 22 février.
Après avoir remonté la nef et contourné le baldaquin, le pèlerin se trouve donc en face de l’abside centrale, occupée par une sculpture singulière. Portée par quatre évêques en mitre, une chaise disproportionnée sur le dossier de laquelle deux petits anges portent les clefs et la tiare. Le tout est en bronze, le même que celui du baldaquin, venu du Panthéon antique. Rien, dans cette œuvre du Bernin, n’a été laissé au hasard. Les quatre évêques sont docteurs, deux latins (Ambroise et Augustin) et deux grecs (Jean-Chrysostome et Athanase) pour manifester le ministère d’unité du Pontife romain et son rôle dans l’enseignement et la garde de la doctrine catholique.
Des détails sur le sens du ministère pétrinien
Les clefs rappellent la parole du Christ : "Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux" (Mt 16, 18-19). La tiare, qui a depuis disparu des armes papales, évoque quant à elle le pouvoir temporel. Sur la chaire elle-même, sont représentés des scènes évangéliques qui rappellent le cœur du service que rend le pape aux fidèles : le Bon Pasteur au milieu de ses brebis sur le dossier, le lavement des pieds et la remise des clefs sur les côtés.
Échappant au regard du visiteur contemporain, une autre œuvre est en fait enchâssée dans celle de bronze : un siège du IXe siècle, en bois plaqué d’ivoire, 1,34 mètres de haut pour 0,78 de largeur. Exposé au public à l’automne 2024 pour la conclusion du Synode sur la synodalité, il est réputé être le trône de l’empereur Charles le Chauve, petit-fils de Charlemagne, couronné à Noël 875 dans la basilique Saint-Pierre. Cette sorte de relique montre la continuité de la succession apostolique, autrement dit de la Tradition. D’autres estiment que cette assise du Ier siècle fut même celle de Pierre lui-même.
Avec l'aide du Saint-Esprit
La chaire de Saint-Pierre est aussi surmontée d’une colombe du Saint-Esprit dans un vitrail (qui est en fait une peinture…) avec un cadre d’anges et de rayons de lumières d’un doré éblouissant. Le pape et son service de l’Église universelle sont ainsi symboliquement remis entre les mains de la troisième personne de la Trinité. Le tout est ce que l’on appelle une "gloire, manifestation du poids de Dieu, de sa puissance. Et, pour représenter une telle vérité, l’art baroque est sûrement le plus approprié.