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Qui fait tourner la machine vaticane quand le pape François n’est pas là ?

Saint-Pierre de Rome.

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Camille Dalmas - publié le 19/02/25
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Qui gouverne le Saint-Siège lorsque le pape François ne peut plus exercer son pouvoir ? Cette question se pose à nouveau alors que le pape de 88 ans, souffrant d'une pneumonie, voit son hospitalisation se prolonger jour après jour.

"Un repos absolu", c’est ce qu’ont prescrit les médecins du pape François à leur patient, qui souffre d’une infection pulmonaire. Un ordre délicat pour le Pape, qui a la réputation de travailler en permanence, aux dépens parfois de ses vacances.

"Le Pape est infatigable, seuls les médecins peuvent le mettre au repos", a confirmé le cardinal Marcello Semeraro, préfet du dicastère pour les Causes des saints et proche conseiller de François, dans les colonnes du quotidien italien La Repubblica. Dans sa chambre au dixième étage du bâtiment principal de la polyclinique Gemelli, François alterne depuis six jours prière, repos, lecture des journaux, et, selon une source vaticane, l’étude de quelques documents de travail que ses collaborateurs lui font parvenir.

Car même quand son chef est à l’hôpital, le Saint-Siège continue de fonctionner. Plusieurs responsables ont maintenu leurs déplacements : le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin est resté quatre jours au Burkina Faso pour célébrer les 125 ans de l’évangélisation du pays ; le cardinal Michael Czerny, préfet du dicastère pour le Service du développement humain intégral, est actuellement au Liban pour apporter le soutien du pontife aux habitants du pays ; et Mgr Paul Richard Gallagher, cheville ouvrière de la diplomatie vaticane, était à la conférence sur la sécurité à Munich pendant tout le week-end. "La vie continue", assure un responsable du Vatican, "chacun continue son travail comme d'habitude".

Cependant, un certain nombre de décisions ne peuvent être prises sans l'accord du Pape : c'est le cas, par exemple, de la nomination d’un évêque ou de la publication de documents importants produits par les dicastères de la Curie. "Certaines nominations, notamment, ont été anticipées", a avancé un responsable du Saint-Siège. De même, sans l’intervention du Pape, des dossiers importants pour la vie de l’Église risquent de prendre du retard. Et une certaine centralisation du mode de gouvernance mise en place par François, notamment depuis sa réforme constitutionnelle de la Curie romaine en 2022, rend ce risque plus fort encore.

Une zone grise canonique

Du point de vue canonique, les choses sont très claires dans le cas où le Pape viendrait à mourir : le pouvoir serait alors confié, pendant la période de vacance, au camerlingue, actuellement le cardinal Kevin Farrell. Ce dernier prendrait alors en charge les affaires courantes jusqu’à l’élection du nouveau Pape. Mais le droit canon ne prévoit pas tout, notamment à partir du moment où le Pape tombe malade et doit être hospitalisé. "Le Pape reste le Pape même à l’hôpital, peu importe sa santé", assure un canoniste qui a travaillé sur la question de l’empêchement du Pape au plus haut niveau.

"Dans le cas actuel, le Pape reste en mesure de déléguer. Et si un préfet ou un autre responsable de la Curie doit lui adresser un message, il peut passer par la secrétairerie d’État comme d’habitude, et sa requête sera transmise au pontife", assure le canoniste. Le Saint-Siège insiste actuellement sur le fait que le Pape est conscient, et ce malgré le traitement lourd qui lui a été administré (notamment de la cortisone). Selon une source vaticane, il aurait notamment participé à la rédaction du texte publié par le Vatican dimanche pour l’Angélus.

La lettre de démission du Pape

La situation serait toute autre s’il se retrouvait dans le coma ou souffrait d’une incapacité mentale chronique. Le Saint-Siège serait alors dans une impasse juridique, car seul le Pape peut décider de renoncer, et nul n’a le pouvoir de l’« empêcher".

C’est dans cette perspective que le pape François – à l’instar de Pie XII ou Paul VI avant lui – a rédigé une lettre de démission. Remis à l’un de ses plus proches collaborateurs au début de son pontificat, ce document, après authentification par le collège cardinalice, devrait théoriquement permettre de mettre fin au pontificat dans le cas où François ne serait plus en mesure de le faire. Et ce, même si la validité d’une telle procédure fait toujours débat chez les canonistes, certains juristes remettant en question la validité d’un tel acte.

Mais le problème demeure dans le cas où la capacité de gouverner du Pape est incertaine. "Il y a une nuance entre une situation d’empêchement total, qui est clairement définie par le droit canonique - il s’agit du cas où le Pape ne peut tout simplement pas s’exprimer - et une situation de simple empêchement, dans laquelle cela reste au Pape de décider de sa capacité ou non de gouverner", analyse le canoniste. "Cette zone grise est la conséquence de la totale liberté du Pape et du pouvoir plénier attaché à sa mission", explique-t-il.

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