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Procès de l’attentat de Nice : “Tout homme est capable d’être plus grand que le mal qu’il a fait”

Ce croquis judiciaire réalisé le 10 février 2025 montre Brahim Aouissaoui lors de son procès. Il est accusé d'avoir poignardé à mort trois personnes dans une église de Nice en 2020.

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Cécile Séveirac - publié le 19/02/25
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Alors que se poursuit le procès de Brahim Aouissaoui, accusé d'avoir égorgé trois catholiques dans la basilique de Nice en 2020, le prêtre de la paroisse a été appelé à la barre ce 19 février pour témoigner. Malgré le traumatisme vécu et l'incompréhension face à la violence inouïe de l'acte perpétré, le père Parmentier veut croire à la force du pardon véritable, comme le rapporte le journal "La Croix".

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"Comment Dieu a-t-il pu laisser faire cela ?" Le père Franklin Parmentier, curé de la basilique Notre-Dame-de-l’Assomption de Nice, ne cache pas les doutes qui le hantent encore aujourd'hui, cinq ans après l'attentat islamiste qui a touché sa paroisse le 29 octobre 2020. Dans cette église, trois personnes ont été sauvagement tuées au couteau : Vincent Loquès, Nadine Devillers et Simone Barreto Silva.

Au procès de Brahim Aouissaoui, leur meurtrier, le père Parmentier s'est à son tour tenu à la barre pour témoigner, lors de l'audience de ce jeudi 19 février. Ses propos, empreints d'émotion, ont été rapportés par le journal La Croix. "Après l’assassinat du père Hamel, je n’imaginais pas qu’on puisse encore, en France, venir tuer des gens dans une église. C’est insupportable", a ainsi réagi le prêtre. Proche de Vincent Loquès qui était le sacristain de la paroisse, le père Parmentier décrit celui qui l'assistait dans ses missions quotidiennes comme quelqu'un de "jovial, assez méridional", à la fois "simple et attachant". "Vincent, c’était souvent la première personne que les fidèles rencontraient en entrant dans la basilique. Il était certainement plus connu que le curé. Le matin, il ouvrait les portes, il s’occupait des cierges, des activités cultuelles", se souvient le père Parmentier.

Le pardon, ce n’est pas excuser. C’est penser que tout homme est capable d’être plus grand que le mal qu’il a fait. Et je crois que cet homme est capable d’être plus grand que le mal qu’il a fait.

Malgré l'horreur, le père Parmentier avait décidé de ne pas fermer la basilique. "Nous avons estimé que la vie est un combat et que ce combat, nous devions le mener". Le climat de peur, en revanche, s'est définitivement installé autour de la basilique. Moins de visiteurs, moins de fidèles aussi. Et toujours ces "incivilités" quotidiennes. Incivilités qui vont parfois jusqu'aux menaces de mort, en plus du trafic de drogue et de tabac derrière l'église. "Parfois, le soir, je fais un détour pour rentrer chez moi", relate le père Parmentier qui reconnaît aujourd'hui avoir besoin d'être "accompagné" pour se sortir du cercle vicieux du traumatisme. "On tient la barre mais parfois la barre est difficile à tenir", assume le prêtre qui refuse pour autant de se laisser aller au désespoir. "On se dit que l’homme n’est pas condamné à faire le mal, qu’il peut aussi faire de belles choses", assure-t-il ainsi. "Le pardon, ce n’est pas excuser. C’est penser que tout homme est capable d’être plus grand que le mal qu’il a fait. Et je crois que cet homme est capable d’être plus grand que le mal qu’il a fait".

"Cet homme", en l'occurrence Brahim Aouissaoui, s'est longtemps emmuré dans le silence, invoquant une "amnésie". Mais un psychiatre et un neurologue ont quant à eux identifié, à la barre, un "système de défense", utilisé par le terroriste "pour se disculper des faits qui lui sont reprochés". Ce ressortissant tunisien de 21 ans au moment des faits était venu de Tunisie dans l'objectif clairement défini de commettre un attentat sur le sol français, "le pays des mécréants et des chiens" (message audio retrouvé sur le téléphone de l'accusé, N.D.L.R). Malgré tout, la qualification aggravante d’attentat terroriste en raison de la religion n'a pas été retenue par les juges. Raison pour laquelle l’Église de France s'est constituée, pour la première fois, partie civile au procès. "Ce sont bien les catholiques de France, qu’il qualifie de mécréants, qui ont été visés. Il n’a pas été à la Fnac juste en face", souligne Me Vincent Asselineau, l’avocat de l’union des associations diocésaines de France (UADF) auprès du Figaro. Un avis que partage une policière de la DGSI : "Cet acte visait clairement des chrétiens. Il aurait pu attaquer n’importe quelle personne dans la rue. Là, il a frappé dans une église qu’il avait longuement repérée la veille" (La Croix). "Je porte la voix de tous les catholiques de France qui ont été atteints par ce triple assassinat dans cette basilique", a ainsi témoigné à la barre le président de la Conférence des évêques de France (CEF), Mgr de Moulins Beaufort.

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