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La chose arrive régulièrement lors des messes de semaine. Alors que le lecteur, arrivé à l’ambon, commence la première lecture, tous ceux qui avaient le nez sur leur Magnificat ou autre livret de prière pour suivre le texte relèvent la tête avec un air étonné. Parce que ce qui est lu n’est pas ce qu’ils ont devant eux. Serait-ce une erreur du sacristain ou du lecteur ? Cela peut arriver, mais généralement le prêtre s’en rend compte rapidement et se lève pour rattraper le coup. S’il ne se lève pas, c’est qu’a priori la raison de cette divergence est ailleurs, et peut toucher aussi les oraisons, la prière eucharistique voire le saint du jour !
Adaptation pastorale et locale de la liturgie
À vrai dire, la liturgie est une science compliquée. Ou, plutôt, très adaptable. D’abord parce que le missel de Jean Paul II (troisième édition de la messe rénovée) laisse une certaine liberté aux pasteurs dans les choix des prières et lectures. Si c’est jour de férie, le Magnificat devrait avoir les bonnes oraisons et lectures. Mais le célébrant peut aussi choisir dans le missel l’une des nombreuses messes votives (au Saint-Esprit, à la Vierge Marie – et il y a quarante-six manières de l’honorer liturgiquement, pour les fruits de la terre, pour la justice et la paix…) qui changera les oraisons. S’il y a une mémoire facultative de saint, il a encore le choix de l’honorer ou non, et de dire les lectures associées dans le lectionnaire dit "sanctoral". Un même choix est possible pour les mémoires obligatoires. Même le jour de Pâques, la deuxième lecture est au choix ! Sans compter les nombreuses préfaces, les prières eucharistiques…
Ensuite et surtout parce que la liturgie dépend d’une géographie. Même l’Épiphanie ou l’Ascension ne sont pas célébrées partout dans le monde au même moment… quant aux saints, ils peuvent n’être célébrés qu’à certains endroits (en France, dans tel diocèse, dans telle localité, dans telle communauté religieuse) et à des degrés de solennité différents. Il y a ce qu’on appelle un "propre" de France, de Belgique… un "propre" du diocèse de Nice, du diocèse de Vannes… un "propre" des Dominicains, des Religieuses de l’Assomption…
Choisir le plus commun, une gageure
Trois exemples. Premièrement : le Saint-Nom de Jésus est fêté dans l’Église universelle le 3 janvier. Mais, à Nanterre et Paris, ce jour-ci est solennité pour honorer sainte Geneviève et le Saint-Nom y est fêté le lendemain. Deuxièmement : le 19 juin 2025, les saints Gervais et Protais, qui ne sont pas au calendrier français, au contraire de saint Romuald qui jouit d’une mémoire facultative, mais qui sont les patrons du diocèse de Nevers, y seront honorés d’une fête ou d’une solennité, de même que dans toutes les églises portant leur nom… alors qu’en Suisse et à Monaco sera célébrée la solennité du Saint-Sacrement reportée au dimanche dans l’Hexagone par souci pastoral. Troisièmement : la dédicace d’une église est célébrée chaque année localement le jour anniversaire de la consécration ; ou le 25 octobre ou le dimanche qui suit, en France, si l’on ne connaît pas la date ; et, pour la cathédrale, cela devient une fête dans tout le diocèse.
Bref, difficile pour ceux qui confectionnent les livrets de prières de satisfaire tout le monde ! Ils préfèrent donc choisir les textes les plus communs dans la zone géographique qui est celle de leur édition. Quant aux textes de l’ordinaire, ils intègrent le plus souvent à leur ouvrage les quatre prières eucharistiques principales et les préfaces les plus courantes. Même s’il existe des prières eucharistiques pour des "circonstances particulières" (pour la réconciliation, pour les enfants…) et de nombreuses préfaces. Rien qu’en temps ordinaire, il en existe huit pour les dimanches et six pour la semaine.
Pratique