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Attentat de Nice : Vincent Loquès, “c’était lui, le visage de la basilique”

Hommage national aux victimes de l'attentat de Nice, le 7 novembre 2020. Au centre Vincent Loquès.

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Cécile Thévenin - publié le 12/02/25
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Depuis ce 10 février et pour trois semaines, Brahim Aouissaoui comparaît devant la cour d’assises spéciale de Paris. Le Tunisien est accusé d’avoir tué au couteau trois personnes dont Vincent Loquès, le sacristain de basilique Notre-Dame-de-l'Assomption de Nice, le 29 octobre 2020. Un homme décrit par beaucoup comme pieu et entièrement dévoué aux autres et à son église.

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Le procès de Brahim Aouissaoui, Tunisien de 25 ans et auteur présumé de l’attentat de la basilique Notre-Dame-de-l'Assomption de Nice qui avait fait 3 morts fin octobre 2020, s’est ouvert ce lundi 10 février pour trois semaines. Un procès qui ravive inévitablement le souvenir des trois victimes dont Vincent Loquès, le sacristain de la basilique.

Que s’est-il passé en ce tragique 29 octobre 2024 ? Selon une chronologie des événements, juste après avoir dit des prières à la mosquée, Rahim Aouissaoui se poste devant la basilique, où il a précédemment fait de nombreux repérages - six en deux jours - et y entre à 8h29 par la porte de droite, munis de couteaux et d’un Coran. À 8h49, une femme rentre puis ressort presque aussitôt l’air affolé : elle vient de voir le cadavre de Nadine Vincent, la tête presque détachée du corps. Le parquet le décrira comme présentant un "égorgement très profond, de l’ordre d’une décapitation". D’après Le Monde "elle dissuade un couple d’entrer, mais une autre femme, Simone Barreto Silva, décide d’aller voir si elle peut aider. Alerté, le sacristain, Vincent Loquès, qui se trouvait à une terrasse à côté, se précipite à son tour à l’intérieur."

Alertée en pleine rue par des témoins, une patrouille de la police municipale arrive ; entre-temps, "Brahim Aouissaoui tue le sacristain, qui a trébuché, et s’attaque à la femme, qui, blessée, se réfugie dans un snack devant la basilique, mais succombe aux graves blessures laissées par la lame de 17 centimètres". Le parquet antiterroriste a précisé pudiquement que Vincent Loquès, lors de la découverte de son corps, "présentait une importante plaie à la gorge".

Sacristain depuis 25 ans

Sacristain depuis 25 ans, et depuis 7 ans dans la basilique Notre-Dame-de-l'Assomption, Vincent Loquès allait fêter ses 55 ans le lendemain. La veille, anticipant la Toussaint, il s’était lancé sur les routes sinueuses de son village d’enfance Saint-Etienne-de-Tinée (Alpes-Maritimes) pour fleurir la tombe de ses grands-parents maternels. Sa marraine Micheline a confié avant l’ouverture du procès que "Vincent n’est pas devenu sacristain comme ça, par hasard ; il était proche de l'Église depuis très longtemps", que deux de ses grands-oncles furent chanoines, et que chaque année, quand arrivait le mois de mai, consacré à Marie, sa mère Raymonde égrenait son chapelet pendant de longues heures à l’église paroissial. Sa présence continuelle et priante faisait que pour les paroissiens, "c’était lui, le visage de la basilique".

Un fidèle se souvient par exemple qu’il veillait à ce que les bougies soient toujours bien éclairées, attentif au recueillement des fidèles. Ou à leur protection, un attentat islamiste ayant déjà traumatisé la ville : "Il était un pilier rassurant de la basilique parce qu'après les attentats de 2016, nous avions besoin d'être un peu sécurisés à l'intérieur de la basilique. Vincent déambulait tout autour de la nef, d'une façon très bienveillante. C'était quelqu'un de rassurant, de sympathique, de sécurisant", décrit un membre de la chorale. Il n’est pas étonnant que par son rôle de gardien quotidien de l’église, spécialement en ce moment où il est accouru pour aider, il ait été vu par le Tunisien comme un prêtre. Mais son funeste sort est-il comparable à celui du père Jacques Hamel, égorgé le 26 juillet 2016 dans son église Saint-Étienne de Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), dont le procès en béatification comme martyr est en cours ?

Tué "en haine de la foi" ?

Concernant Vincent Loquès, il n’y a pas de témoins de ses derniers instants, excepté… le terroriste. Malgré le déni, la survie de l’assassin offre potentiellement la chance d’en savoir plus. Dans la continuité du comportement en détention, le jugement du 10 au 28 février 2025 constitue une opportunité d’établir une vérité à ce propos. En 2006, devant la Congrégation pour les causes des saints, le Pape avertissait : "Si le motif qui pousse au martyre demeure le même, ayant dans le Christ sa source et son modèle, les contextes culturels du martyre ont en revanche changé, ainsi que les stratégies ex parte persecutoris, qui cherche toujours moins à souligner de manière explicite son aversion pour la foi chrétienne ou pour un comportement lié aux vertus chrétiennes, mais qui simule différentes raisons, par exemple de nature politique ou sociale". Psychiatrique pourrait-on ajouter, par stratégie judiciaire.

En plus de la disponibilité au martyre, pour que le titre soit donné, "il est [toujours] aussi nécessaire qu'apparaisse directement ou indirectement, toujours d'une manière moralement certaine, l'odium Fidei du persécuteur", souligne Benoît XVI. En fait, dans le cas des djihadistes, l’horreur portée à la foi chrétienne et la violence contre les chrétiens est souvent idéologiquement revendiquée. Quatre jours avant l’attaque de Brahim Aouissaoui, un média proche d’Al-Qaida appelait à "égorger" des Français dans "leurs églises".

Aujourd’hui, tous les 29 du mois, dans la basilique Notre-Dame-de-l'Assomption de Nice où a coulé leur sang, la messe est célébrée en mémoire de Nadine, Simone et Vincent, tandis qu’assez souvent, des paroissiens font dire des messes pour eux.

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